Une si simple histoire VII

Chapitre 7

A nouveau, dans les rues de Paris, Cathy marchait seule.
Son pas rapide lui donnait la sensation de fuite mais où aurait elle bien pu aller? Sa nouvelle demeure était à la fois un retour à l'essentiel et un renouveau de l'esprit qu'elle n'aurait jamais espéré.
« D'ailleurs comment ai je pu avoir cette chance? A peine me retrouvais je abandonnée qu'un inconnu me tend la main? Trop beau pour être vrai non? Qui pourrais croire à cette veine là.. »

Les gens autour d'elle semblaient flous, irréels.
« Soyons honnête de toute façon même s'ils me voyaient feraient ils le moindre geste pour moi? ». Ces questions l'affligeaient, elle n'avait besoin de personne , avait toujours trouvé sa voix, son avenir en elle à force de courage.

Les mots lus avaient fait écho en une partie d'elle sur laquelle elle ne s'était jamais penchée. Un Dieu ou pas n'était pas une question pour elle mais une évidence. Pourtant , quand parfois elle rentrait dans une église, quelque chose d'indéfinissable la saisissait. Admirant les oeuvres d'architecture, de peinture et de grandeur souvent elle restait hésitante, bouleversée sur la religion.
« Est ce vraiment ça qui te perturbe? » Cathy savait bien au fond que juste ça ne pouvait la mettre dans cet état.
« Dis moi , ma grande, tu viens de vivre une désillusion amoureuse, une mise à l'abandon, une rencontre on ne peut plus étrange , tu es balancée dans un nouveau monde , un nouveau rythme, des nouveaux défis alors t'as bien le droit de te sentir un peu paumée non? »
Entre le rire et la crainte son âme entière vacillait. Quand celle ci fit son choix c'est le physique qui l'abandonna et elle chuta, en plein milieu du trottoir, au milieu du flot agressif de passants anonymes.

Flach back :
Elle glisse, son corps flotte et lui semble s'envoler. Une main la prend par les hanches, la fait tourner et sourire. Il est là , juste à ses côté et leurs deux corps s'accordent en vitesse et en force pour glisser ensemble sur la glace...
« Fais moi confiance », lui murmure t'il à l'oreille juste avant de la soulever dans ses bras en la faisant tourner jusqu'à ce qu'elle voit des étoiles.
Évidement ils chutent tous les deux mais il est là pour la rattraper contre lui. A ce moment précis oui elle lui faisait confiance parce qu'à ses yeux il était l'homme qui savait la faire rire autant que celui qui la protégeait.
Son corps sur le sien , la séparant de la froideur de la glace elle voyait dans ses yeux le monde tel qu'elle le voulait.


Sauf que maintenant , plus rien ne faisait rempart entre le sol et elle. Les gens autour ne la dévisageaient même pas. Ils avaient peur, leurs regards fuyaient ce qui représentait pour eux : la différence, la honte , la solitude ,l'abandon. Eux avançaient vite , et marchaient droit , le dos fier, la mâchoire haute... Elle était leur peur, leur fantôme d'inquiétude. Cette femme là , perdue n'était pas « conventionnelle ». S'écrouler en pleine rue ne se faisait pas et c'était tout.
Alors , autant par défi que par impossibilité de faire autrement Cathy resta là.
Une fois encore être différente de cette manière ne la rendait pas fière mais lui donnait un sentiment d'existence. Un recul sur la vie, sa vie. Celle de tous ces dos qui partaient sans se retourner vers l'horizon inconnu mais jamais inquiétant.
« Et moi, je suis protégée, je reste là . Je ne vais nulle part, je ne risque rien de cet avenir. »Dans un sourire elle se dit même qu'elle pourrait arrêter de vieillir si elle restait ainsi des années.
Cathy savait bien quelle image elle donnait: Seule en pleine rue, prostrée sur le sol avec un sourire qui de l' extérieur n'avait aucune raison d'être. « Ils te prennent pour une folle , t'imaginent avec la camisole dont tu t'es débarrassée avant de parcourir dangereusement les rues de Paris »
Elle se mit alors alors grimacer dans le dos des passants, elle se retrouvait abandonnée mais comme une enfant qui se sent en même temps libre et ivre de cette liberté...
Des minutes passèrent ainsi , Cathy , dans sa bulle de jeunesse et d'affront , le monde des adultes plus haut , inaccessibles dans leur fuite vers la suite de leur vie, préoccupés par beaucoup de choses mais pas par une simple jeune fille d'apparence délirante.
Quand , parmi les silhouettes,un homme passa. Elle n'osa pas se moquer, de cette apparence se dégageait une force,une assurance devant laquelle elle se trouvait hésitante dans son rôle de « peste infantile ».
Comme si cela ne suffisait pas l'homme alla droit vers Cathy, s'agenouilla et lui tendit la main.
L'existence à un moment précis de votre vie semble toujours avoir un visage. Pour elle si avait fallu qu'elle trouve une sensation pour être à nouveau, pour un retour dans la réalité , il n'aurait suffit que de cet homme là.
Il était plutôt agréable à regarder et souriait d'un air mi moqueur mi gêné...(description)
Elle se releva et failli mourir de honte à se voir ainsi, dans le vieux pull de son sauveur , son jean des dimanches et des vieilles baskets trouées qui ne lui servaient même plus pour faire un jogging.
L'homme avait surement suivi le fil de sa pensée : « Je ne peux m'empêcher de me demander ce que fait une jolie fille dans de tels vêtements ,assise en pleine rue... »
Il ne lui laissa pas le temps de répondre « Vous savez vous avez l'air seule et un peu perdue..Je peux facilement faire abstraction des vêtements et vous invitez chez moi.. » Son assurance prit une nouvelle forme, ses yeux avaient maintenant un éclat qu'elle connaissait que trop et qui la répugnait.
Cathy lui répondit cependant , entrant dans le jeu d'ombre qu'il avait entamé «  Vraiment? Ce qui serait un beau geste de votre part, mais il faudra que je vous en remercie.. »
Elle s'avança vers lui, légèrement, le buste en avant donnant l'impression qu'elle allait l'embrasser.
Il n'en demandait pas moins, sur de son charme et du pouvoir qu'il pensait exercer sur les femmes il fit le même geste vers elle, ses yeux mi clos.
Aussi rapide que surprenant elle lui envoya un coup de genou très bien senti au vue de ce qu'il avait en tête.
Cette fois ci se fut lui qui s'écroula au sol, le souffle court. Alors que les passants se dirigeaient vers Cathy « Tiens là ils sont prêts à réagir » , elle se pencha vers l'homme en costard et lui murmura « Une femme peut être au sol et rester fière, un homme au sol n'en ait plus un »
Elle s'enfuit mais différemment, elle courait enivrée de colère et de joie, de se savoir au fond du gouffre mais libre. « Je sais dire non , rester fière et entière , me défendre cela va sans dire » Cette phrase , comme une mélopée, devenait une bouée dans la tempête de sentiments qui l'agitaient.
Sauf qu'à courir en regardant les étoiles du ciel de Paris est fortement déconseillé si l'on tient à rester debout.
Aussi ne fut elle que peu étonnée lorsqu'elle percuta de plein fouet une personne dans le dos.
En revanche , au bruit incongru que poussa l'inconnu qu'elle avait heurté elle sut que lui ne s'y attendait pas..Cathy se retrouva ,sans compter le nombre , une nouvelle fois les fesses sur le bitume. « Sauf que cette fois j'ai perdu une basket dans ma chute » prit elle le temps de remarqué mi étonnée mi euphorique.
L'homme se releva prestement et se tourna vers elle afin de l'aider à se relever «  Rien de cassé j'espère? Quelle idée de courir en pleine rue avec tout ce monde! »
Alors qu'elle allait tendre la main pour se remettre debout sa respiration se bloqua net.
« Toi?! » Entendit elle, de cette voix plus que familière, tant adorée, connue dans ses moindres nuances et dans ses infimes flexions.
Sans rien répondre, elle ne bougea pas. A cet instant précis Cathy hésitait entre réalité, rêve et cauchemar..
Et puis... Rien.

Le temps n'avait plus cours dans sa réalité. Cette fois ci Cathy refusait de se relever mais uniquement parce qu'elle ne pouvait y croire. Croire qu'il avait été là , qu'il l'avait vue et s'en était allé.
« Il a été surpris, c'est juste ça, il va se rendre compte de ce qu'il s'est passé, se dire que ce ne peut pas être le hasard et revenir en riant, en me prenant dans ses bras... »
Cathy en était là de ses réflexions, continuait ses projets de retrouvailles quand Adam l'aperçut enfin. Il tenta bien de la remettre debout et de l'éloigner au chaud mais elle restait là à marmonner « Il revient c'est sûr..Le hasard n'existe pas... »
« Cathy arrête ! Merde mais tu es gelée et tu délires aides moi et lèves toi! » Pour qu'Adam s'énerve c'est tout simplement qu'il avait vraiment peur pour sa protégée. Cathy avait les lèvres violettes,tout son corps tremblait mais le pire c'étaient ses yeux,perdus dans un vide plus que dangereux, un endroit d'où elle ne le voyait et ne l'entendait plus. 
Lorsqu'il réussit à la relever et commença a retourner vers l'appartement Cathy le suivit sans rien dire mais en poussant un unique et profond soupir qui perça le cœur d'Adam. Un souffle qui semblait si faible qu'il n'aurait fait trembler une feuille mais qui était fort comme le mot Abandon.
«  Toi pour qui elle pousse ce soupir là j'espère qu'un jour tu réaliseras à côté de quoi tu es passé ! » Partagé entre peur et inquiétude il prit le bras de Cathy et emporta la belle fragile qui avait par cette expiration expulsé l'espoir d'un retour.

C'est très joli, ma belle, je viens de passer un charmant moment de lecture.

Mais prenez garde que quand on écrit avec son coeur, lui fait trop facilement fi de l'orthographe "Une femme à terre peut rester fière, un homme à terre n'en EST plus un." A part ce petit détail, vous avez parfaitement raison, les femmes sont bien plus fortes que nous dans bien des cas. Me permettrez vous de citer Jean Dutourd ?

« …Phallocrate, étymologiquement, veut dire puissance du phallus, de l'appareil sexuel masculin, et par suite orgueil, esprit dominateur de l'individu doté de cet engin, par rapport aux personnes qui n'en sont point pourvues.

Vision bien romanesque ! Pour rêver de la sorte, il faut ne rien connaître de la nature masculine. L'engin en question n'est nullement le javelot sans cesse brandi, le canon de 75 toujours chargé et pointé, le fabuleux Priape que se figurent les ingénues imaginatives et les querelleuses du féminisme.

C'est au contraire un instrument des plus capricieux, sur qui l'on ne peut guère compter, encombrant quand il ne sert à rien, absent quand on aurait besoin de lui, partageant rarement les idées de son propriétaire, bref une source de contrariétés, sinon de tracas.

La femme, pour qui tout est simple, facile, direct, qui fait ce qu'elle veut quand elle veut, ne soupçonne pas l'état d'infériorité des hommes, qui tremblent toujours, ayant mis en train leur ouvrage, de ne pouvoir le mener à bien, à cause de quelque idée saugrenue qui leur aura malencontreusement traversé la tête, d'une mouche qui se pose sur leur oreille ou d'un coup de sonnette intempestif… "

Certaines verront leurs illusions voler en éclats , d'autres auront le caquet (entre autre ) rabattu . Sans rancune, Messieurs ?

Merci de ton passage Gardian, et de si gentils commentaires..
Les fautes me sautent aux yeux au fur et à mesure quand j'en fais la relecture et il y en a d'autres qui m'apparaissent. En effet , il faut une dose de raison à la relecture lorsque c'est le coeur qui a parlé précédemment

Pour la citation, étant une femme je me contente de sourire tendrement et laisse le soin aux hommes d'etre rancunier de l'honnetete affichée