Rooo... Vous aviez bien compris que je m'étais trompée...
Bon, pour me faire pardonner de m'être trompée, je t'ai corrigé tes fautes de ponctuations Rêveuse.
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Chapitre 1 : Rencontre hasardeuse
Elle était seule, le long du fleuve. Jetant quelques regards vides sur les détritus flottants, comme autant de vies abandonnées aux froides profondeurs. Ses pas,d’abord vifs et nerveux sous l’effet de la colère, avaient mué en une allure lente, presque nonchalante, ne ressentant plus qu’un sentiment d’abandon, un vide immense, un manque d’envie.
Cathy se laissait aller parmi le flot de ces visages froids, muets, étrangers.
Peu lui importait que le monsieur qu’elle vienne de croiser ait un chapeau bien trop bas sur ses yeux ou bien qu’un coup malin du vent ait fait rougir la dame du trottoir d’en face.
« On a tous nos problèmes » pensa-t-elle, et aujourd’hui elle ne voulait penser qu’aux siens. En réalité, qu’au sien.
Un seul problème et la vie entière peut vous échapper. Cathy se sentait tellement trahie par la vie, par tous ces gens qui vous disent qu’il faut croire en quelque chose…
« Merci du conseil » pensa-t-elle amère. « Oui, je veux bien croire que la vie n’est qu’une petite fille qui n’a pas encore mûrie, qu’elle s’amuse avec chacun de nous comme avec des poupées ».
Il y a peu de temps je croyais pourtant…
Oh oui, elle y croyait si fort. Aussi fort que son cœur était vide, aussi vide que cette souffrance muette. Et elle avançait, encore et toujours. Sans réfléchir, elle ne pouvait, ne voulait plus penser.
La foule se faisait de plus en plus dense, elle l’étouffait, l’oppressait.
Non, en réalité il n’y avait plus personne autour de Cathy.
Ce qui l'oppressait ? Rien d’autre que les fantômes du passé. Des moments heureux, pleins de sourires et de soleil. Mais ils ne comblaient plus son cœur, non, ils la faisaient souffrir et le temps se couvrait ce qui n'arrangeait en rien son mal être.
Un banc.
« Je m’assois ».
Il est froid, rigide, comme ma vie.
« Bon sang, reprends-toi ! Pense à l’avenir ! »
Mauvaise idée, l’avenir semblait aussi froid et rigide que ce banc.
« Aller, debout ! »
Cathy se leva, avança vers le fleuve. Noir, froid, indéfiniment identique tous les soirs…
« Qu’est-ce qui fera un jour la différence ? Pourquoi certain ne doute jamais, aime leur vie comme si elle était tout pour eux ? »
Elle parlait seule, au fleuve, au silence, au noir si présent, si attirant…
« Non, c’est trop facile de se laisser abattre. Il faut que la vie reprenne, rose, bleue, violette même,mais qu’elle reprenne coûte que coûte ».
Cathy rit, d'un de ces rires espiègles qui ne sont compris que par leur auteur.
« Quelle bonne idée !
Mais la vie n’a pas de prix. Enfin la belle vie n’en n’a pas ! Demande à celui qui rêve d’une maison, d’un voyage. Lui pourra te donner le prix de sa vie. Mais moi, pour connaître la somme de la valeur de mon bonheur, il faudrait déjà donner un prix à l’amour !
Et voilà, je recommence, mais c’est pas vrai, tu peux vivre heureuse, même sans lui ! »
Elle eut un pauvre sourire,emplit de tristesse.
« Alors, ma vieille, qu’est-ce que tu fais là, à te lamenter sur ton sort, hein ? Je vais te le dire moi, puisque tu ne veux pas être honnête : tu l’aimes encore, par dessus tout. Et parce qu’il ne t’aime pas, plus rien de ta vie ne l'intéresse. Il était ta lumière mais n’a pas su comprendre combien tu l’aimes, il ne t’a accordé qu’une simple indifférence. Voilà pourquoi, parce que tu n’es pas sûre de pouvoir vivre sans lui, parce que tu te demandes si aimer a encore un sens. Si on peut aimer si fort sans pour autant recevoir un peu en retour, pourquoi le faire ? Pour finalement toujours souffrir ? »
Elle se retourna du flot sombre si attirant. Non pas que Cathy eût voulu se suicider. Non, l’idée de plonger dans ce liquide glacial, pour que l’eau entre dans ses poumons, l’étouffant sans douceur, le froid brûlant sa peau, ne l’avait pas effleurée.
Par contre, elle commençait à être fatiguée d’avoir tant marché, d’avoir tant espéré, d’avoir tant aimé…
Oui, elle sentait que ce sentiment l’avait épuisée mentalement et que son esprit, saturé de douleur, renvoyait le reste à son corps, qui lui aussi en avait eu sa dose.
Cathy retourna sur le banc gelé.
« Personne n’a donc jamais l’idée de s’y asseoir pour le réchauffer ? »
Elle tentait de plaisanter, seule échappatoire dans la souffrance. Tourner en dérision la moindre situation fait que la vie elle-même n’est plus qu’une partie de plaisir. Même si, en ce moment elle en doutait fortement, elle n’avait pas le tempérament de s’apitoyer sur son sort alors autant en plaisanter.
Pendant ce temps, pendant ce débat avec elle-même, elle sauvait la vie d’un homme…
Car, malgré son malheur qui faisait qu’elle ignorait les gens autour d’elle, elle n’était pourtant pas invisible aux yeux des autres. Pour cet homme, c’était plutôt le contraire.
Lui, l’idée de perdre sa vie dans ce liquide glacial ne lui avait pas seulement traversé l’esprit. Elle s’était immiscée, peu à peu, dans sa tête et était devenue une évidence.
Adam était parti en fin d’après-midi. Il s’était même acheté une glace à la fraise, pour profiter une dernière fois de son goût, des souvenirs qu’elle portait de son palais à sa vie. Il s'était transporté quelques années auparavant, lors de son voyage en Italie. Il avait juré de le refaire avant que la vie ne l'emporte dans son tourbillon des promesses non tenues par la faute de toutes sortes de raisons moins valables les unes que les autres...
Au fur et à mesure, il avait accepté la perspective de mettre fin à ses jours. Adam était prêt et le savait. Il avait profité de cette dernière journée, calme, serein mais aussi avec des sens humain développés et lucides. Il avait vu le bonheur, la misère, la tendresse, l’espoir parce qu’il avait le regard de celui qui se fiche pas mal de tout ça, puisque ça ne le concernait plus. Ces sentiments là n’existeront plus pour lui dans quelques heures Enfin, c’était ce qu’il pensait…
Adam avait eu sa dose aussi de la vie, de l'amour. Il avait vraiment eu tout ce qu'il voulait du bonheur à deux mais si peu de temps...
Ce goût de victoire fugace était encore plus amer que tous les désirs du monde. Connaître le bonheur et le voir s'échapper sans même pouvoir refermer son cœur pour le protéger, c'était trop pour lui, dans une seule vie. Adam était parvenu à la conclusion qu'il avait eu ce qu'il avait tant voulu, qu'il ne pourrait plus l'avoir.
Alors il laissait sa place, il avait eu l'espoir et il avait su trouver le bonheur. Il l' avait capturé entres ses mains tremblantes mais sûres. À un autre désormais d'avoir les mains qui tremblent !
Mais il avait croisé ce regard, ce vide... Il s'était reconnu dans cette résignation.
Elle avait l'air si jeune, il l'avait suivi sans même sans rendre compte.
" Tellement fragile " pensa Adam quand Cathy regardait le cours calme et monotone qui traversait silencieusement la ville enfin tranquille, et il avait eu peur... Peur qu'elle ait eu le même projet que le sien, que le calme et la fraîcheur du fleuve l'attirent comme ils le faisaient dans tous ses rêves. Adam s'était approché, doucement. Avant même de lui parler il savait qu'il avait renoncé à son funeste plongeon qu'il avait prévu avec tant de précautions.
" Ma Lucie ne l'aurait jamais laissée dans cet état. Elle aurait su comment lui parler, lui faire comprendre qu'à son âge on peut encore espérer ."
Cette pensée lui serra un peu plus le cœur.
" Comme je ne suis rien sans elle ! Elle seule savait vivre pour nous deux... "
Cependant sa décision était prise, Adam ne reculerait pas, pas maintenant qu'il croisait ces deux papillons verts qui se posaient sur lui sans même le voir, qui semblaient le traverser avec tant de facilité qu'il se demanda en fait s'il ne s'était pas réellement tué.
Cathy se perdait dans ses pensées, tentant en vain de trouver cet éclat de dérision qui lui servirait de fil vers le calme; pas le bonheur, mais le côté automate de la plupart des êtres humains.
"Au moins ça, vivre au moins comme la plupart des gens, ne pas se détacher, ne rien faire de différent que ce que la vie nous a prévu. "
Elle se forçait à devenir ce qu'elle avait toujours refuser d'être : un pantin du sentiment rassurant de la prédestination. Elle tombait sans fin, tentant en vain de se raccrocher à quelque chose.
" Bien, pour commencer ne donne pas raison aux autres et bouge toi de là, motive toi, fais quelque chose et tout va reprendre son cours, normalement. "
Elle allait enfin se décider à se lever mais une de ces ombres qui croisaient son chemin depuis l'aube vint se poser en douceur à côté d'elle. Comme une proie impressionnée par le corbeau noir qui vole au-dessus d'elle, l'immobilité s'imposa comme un instinct de survie.
" Impressionnée par une ombre ? "
Son sourire revint sur ses lèvres, doucement sans même qu'elle s'en aperçoive.
Adam en revanche l'avait vu.
" Me suis-je trompé ? Peut-être suis-je tellement perdu que je pense voir les autres dans le même état que le mien ? "
Il ne savait plus quoi faire ou dire.
"Arrête, tu ne l'as jamais su. Pourquoi tu l'as suivie d'abord ? Tu penses peut-être pouvoir changer sa vie ? Qui es-tu pour te mêler de la vie des autres ? "
Il attendait qu'elle parte. Elle attendait qu'il parle. Car, bien que Cathy ne sache pas pourquoi, elle ressentait le trouble de l'ombre et elle savait qu'elle ne s'était pas posée là par hasard...
Les minutes passaient comme autant de gouttes d'espoir qui s'enfuient dans l'abîme du temps. Ils ne bougeaient pas, ne parlaient pas et pourtant avaient conscience l'un de l'autre plus que jamais ils n'avaient senti la présence d'une autre ombre... Ou si, ils l'avaient déjà sentie, chacun de leur côté, qu'une seule fois, une seule fois qui bouleversa leur vie et leur mort...
" Bon, maintenant tu te lèves et tu t'en vas ! "
Cela faisait dix minutes qu'elle se tançait pour s'enfuir alors que son cœur lui disait de rester immobile.
" Mais un cœur ne parle pas ma belle, il bat et fait fonctionner ton corps mais il ne te parlera jamais ! "
Pourtant, Cathy avait passé sa courte existence à ne se fier qu'à lui...
" Et voilà dans l'état que ça t'a mise ! "
" Bon maintenant tu te lèves et tu t'en vas ! "
À dix centimètres d'elle il éprouvait le même trouble, la même incertitude. Pourtant ,il était venu jusque là et Adam savait au fond de lui qu'il ne pourrait pas la laisser dans cet état, elle, elle ne l'aurait jamais fait...
Alors, il se décida enfin à lui parler. Mais ce qu'il lui dit l'étonna lui même. Il ne savait pas quoi lui dire, il lui raconta alors ce qu'il avait sur le cœur, comme cela, brutalement, sans préambule...
"Je ne sais pas pourquoi je m'accroche à cette idée de devoir vous parler depuis que je vous ai vue, je crois même que je ne veux pas vraiment le savoir en fait.
En revanche, je sais qu'elle ne vous aurait jamais laissé tomber, elle vous aurez parlé comme je le fais, sauf qu'elle aurait su quoi dire, elle aurait trouvé les bons mots. Moi je ne les ai pas, la seule chose dont je sois sûr c'est que j'ai eu un vide immense dans mon cœur quand je vous ai vu vous approcher du fleuve...
Vous ne vous en rendez probablement pas compte mais : " j'ai senti un vide de plus dans mon cœur " c'est dur à dire pour moi, parce que mon cœur jusqu'à ce moment n'était plus que le néant lui-même...
Je voulais partir dans ce vide, dans ce noir du fleuve si semblable à ma vie, enfin c'est ce que je pensais... Mais je ne l'ai pas fait. Parce que vous étiez là, à regarder le cours de l'eau comme s'il vous attirait, et que je ne pouvais pas m'enfuir sans la certitude que votre âme ne rejoindra pas trop vite la mienne... "
Adam avait parlé sans s'arrêter, il s'étonnait au fur et à mesure de ses paroles mais il savait qu'il n'aurait pas pu lui dire autre chose, c'étaient les seules vraies paroles qu'il avait été en mesure de prononcer.
Il attendait sa réaction, le souffle bloqué dans sa poitrine... Mais il ne s'attendait pas à ça. Cathy le surprit en riant.
" Moi qui ne crois pas en la prédestination,je me demande si vous n'êtes pas mon ange gardien. "
Elle se reprit et son regard se fit plus dur.
" Vous n'avez pas l'air d'un menteur ou d'un vulgaire baratineur; alors je me pose une question : pourquoi voudriez-vous me sauver du fleuve ? "
Cathy senti qu'elle avait dit un mot de travers ou une question de trop mais après tout puisqu'il l'avait voulu, elle lui parlait.
Adam savait qu'elle en avait le droit, que c'était logique qu'elle pose cette question mais il se sentait aussi prisonnier, entre deux barreaux verts qui s'interrogent et que l'on ne peut écarter de son cœur et de sa vie.
Cependant, il continuait à la regarder, sans lui répondre. Pourquoi ? Qu'est ce qu'il aurait bien pu lui dire ? Il aurait pu, bien sûr, lui faire croire que c'était du baratin. Néanmoins, il ne s'en sentait pas le courage, comme quelqu'un qui va partir et qui veut que les dernières personnes qu'il rencontre le voient comme il est réellement sans artifices.
Alors les secondes devinrent des minutes...
"Qu'est ce qui m'a pris d'être si distante ? Pourquoi tu ne peux pas croire qu'il te dit ce qu'il pense,simplement... Attends, un homme qui te dit ce qu'il pense, sans arrière pensée, ça te semble logique ? En même temps, il a l'air si triste... "
" Pourquoi tu t'acharnes ? Pars, laisse là, elle ne fera rien de dramatique maintenant, elle se pose des questions et il n'y a rien de tel pour vouloir rester en vie... Mais tu ne partiras pas, hein ? Elle ne l'aurait pas fait... Mais alors qu'est ce je dois lui dire ? "
Finalement, Cathy prit la parole :
" Je ne voulais pas vous blesser, je crois que je doute de tout le monde, pas de vous seulement, si cela peut vous rassurer... "
" Elle le dit avec tellement de contraste ! Les mots rieurs et les yeux tristes."
" Je crois que vous avez eu raison de me poser la question, mais je vous assure que j'étais sincère, bien que je comprenne que ça vous paraisse quasi-inconcevable ! "
Encore une fois elle sourit
" Sincère, même pour l'attirance pour le fleuve, l'eau froide voire glaciale, la profondeur de l'oubli... ? "
Cathy s'arrêta là.
Elle pensait qu'il allait sourire, et lui dire que ça n'avait été qu'une belle manière de lui faire comprendre le sens de la vie mais son regard avait changé. Elle n'y avait lu aucune joie, rien qu'une résignation terne...
Vide, voilà le mot qu'Adam avait utilisé et maintenant elle le croyait...
" Vous vouliez réellement vous tuer ? "
Il sursauta, il n'avait presque jamais utilisé ce mot là, c'était toujours partir, s'enfuir, s'échapper... Mais, se tuer, prenait un sens plus négatif. Cependant, Adam était contraint de lui dire que oui, qu'elle avait raison, qu'il était lâche et qu'il acceptait cette insulte parce qu'elle était vraie, simplement...
Mais il ne trouva pas le courage de lui avouer, il baissa la tête et en soi c'était déjà une réponse...
Cathy le fixait, cette ombre dont elle avait eu peur, n'était effectivement qu'une ombre; il n'avait pas l'air si vieux et pourtant un poids énorme semblait peser sur ses épaules...
Elle savait qu'il ne mentait pas mais n'arrivait pas à comprendre ce qui pouvait pousser un homme à en arriver là. Adam avait réveillé sa curiosité. Elle s'en aperçu. Pour cela, elle ne lui posa pas de questions.
Cathy pensait, en fait, qu'il allait lui révéler, sans qu'elle insiste, mais il demeura silencieux. Ils restent là encore quelques minutes. Et, pendant ce temps, elle compris qu'elle ne pourrait pas le laisser sans qu'elle soit sûre qu'il ne rejoigne pas l'âme du fleuve.
" Imagine, te réveiller demain, ouvrir un journal et voir sa photo... Un corps retrouvé sur les berges du fleuve... "
Elle se secoua.
" Bon, on ne va peut-être pas rester ici dans le froid ? "
Elle lui sourit,se leva et lui tendit la main. « Cathy » lui dit elle, Adam la prit délicatement, retenant ses larmes, car elle lui semblait une lumière dans la nuit noire, un morceau d'espoir tellement fragile mais réel. « Adam. »
" Et je vais m'occuper de toi, jamais tu ne souffriras assez pour faire d'aussi mauvais choix que les miens " rajouta t'il en pensées.
Debout, l'un près de l'autre ils avancèrent. Cathy marchait à ses côtés sans trop savoir où aller.
" Je vais prendre soin de lui, je vais lui redonner le goût de vivre comme il m'a ramenée à la vie ".
Ni l'un ni l'autre ne croyait aux anges gardiens pourtant, la vie avait décidé qu'ils devaient se sauver... Du moins pour cette fois...