Je miaule, une sorte de feulement plein de cette frustration ,mais je ne fais déjà plus partie de cette famille là.
Je suis trop faible,rejeté...L'amour que moi je leur portais,eux ne sauraient jamais me le rendre.
Mais le plus atroce dans cette affaire c'était que j'avais désespérément besoin d'eux.Je tentais toujours de me lever,de me mettre sur ces quatre fichues pattes.Rien à faire, je me sentais affreusement exposé,la solitude est insupportable quand vous savez ne pas vous suffire à vous même.
Combien de temps je suis resté ainsi...je ne saurai vous le dire franchement...Vous savez surement aussi bien que moi comme la notion de temps est relative.Alors dites vous bien que dans l'état physique et mental qui était le mien j'étais certes loin de trouver que les minutes filaient!
Au bout d'un..certain temps.. j'ai entendu une mélodie bien étrange au dessus de moi : Des voix humaines!!!! Et comble de l'horreur je comprenais parfaitement ce qu'ils étaient en train de raconter tranquillement pendant que je subissais mes longues minutes de souffrance!
" On ne pourra surement pas le vendre! Jamais vu ça un chat handicapé! Fallait que ça nous tombe dessus..."
"On peut tenter de le donner...Tu ne vas quand même pas le noyé...Il est tout petit , tout mimi avec ces petits poils collés..."
"Hum." oui oui vous avez bien lu ! hum? c'est quoi ce hum? "hé ho je suis là , je vais réussir à me mettre debout ! Laisser moi juste un peu de temps, de nourriture et de chaleur...Et d'abord c'est quoi noyé?"..Seulement j'ai compris à cet instant et à mes dépens que les humains eux ne nous comprenaient pas.A force de miauler pour attirer leur attention je l'ai eue.Grand mal me fasse!
Vous êtes vous déjà senti paralysé de peur ? Et bien je vous assure que c'est bien pire que d'être naturellement paralysé!
J'ai d'abord vu cette ombre énorme au dessus de moi,je me suis fait tout mais alors tout petit...Mais même si j'avais eu la taille de la poussière qui me chatouille le nez (très désagréable sensation par ailleurs) je n'aurai pas su échapper à cette menace et quand je me sentis attrapé par la peau du cou ce fut plus fort que moi...Alors là permettez moi de vous rappeler que je sors à peine du ventre de ma mère, je n'ai eu aucun soin et je suis à la merci d'une chose affreuse , immense et puante.Donc forcément les lois de la nature sont bien les mêmes pour nous tous.Ainsi en plus de miauler ,de trembler cette fois de peur je fis aussi pipi...Riez donc , je le vois d'ici mais n'imaginez pas que je vais mettre les deux pattes sur mes yeux et avoir honte! Il se trouve que cela agaça encore plus l'humain qui me tenait ainsi.
Il s'attendait à quoi en même temps cette brute? Qu'il allait me terroriser sans que je riposte?
Sauf que je n'avais pas prévu que l'être qui m'avait sauvé quelques minutes auparavant allait annuler son propre acte sans scrupule..Qui aurait pu prévoir cela? Qu'un être humain (oui humain donc doté de sentiments!) pourrait avoir un chaton tout ce qu'il y a de plus mignon mais aussi terrorisé, affamé, sans défense dans ces mains et qu'il décide de s'en débarrasser! C'est ainsi qu'il l'a dit "Je vais nous en débarrassé moi de ce chaton qui me pisse dessus!"
Et à ce moment j'étais suspendu par la peau du cou à la hauteur de son visage...J'ai vu dans son regard ce que voulait dire "débarrasser".J'ai vu que le fait que je puisse être "débarrassé" lui plaisait, lui donner un pouvoir plus grand encore que de me tenir ainsi sans que je puisse m'échapper. J'ai alors joué ma dernière chance : J'ai balancé ma patte sans griffe sur son nez, vers ce regard qui transpirait ce qu'il existe de pire chez vous , les humains, en vous, la jouissance de la puissance sur le plus faible.Et j'ai crié de toutes mes forces pour me donner un air plus agressif.
Cela n'a pas donné le moindre frisson à la brute.Il s'est mis à rire , à se moquer de mes petites forces pour sauver ma peau, de ma tentative faible,désespérée de rester encore un peu dans ce monde qui pourtant n'annonçait absolument rien de beau.
Encore maintenant j'entends ce rire, et là sur le lit de ma maîtresse mes poils se dressent et mes griffes sortent.Heureusement l'odeur de son amour flotte ici et m'empêche d'avoir réellement peur.
Ce rire là je l'ai entendu parfois dans cet écran qui passe toutes sortes d'histoires, il venait d'un drôle de bonhomme déguisé en vert qui voulait du mal à l'homme qui tisse des toiles d'araignées..Ah ces humains! La vie crée assez de monstres et d'histoires à frisson mais ils en écrivent d'autres qu'ils aiment en plus passer des heures à regarder!
Mais je me souviens aussi que ce rire c'est arrêté net et transformé aussi vite en hurlement de douleur.Si vous saviez comme ce souvenir est appréciable! Laissez moi donc m'en délecter quelques minutes...