Je tombais alors , un seul coup jusqu'au carrelage que je voulais pourtant quitter quelques instants auparavant..
Le choc fut terrible et je restais ainsi sonné pendant quelques secondes.Mais j'entendais la brute se débattre et autre chose aussi..Un bruit qui me fit chaud au coeur, qui me donna espoir et envie de bondir de joie : le cri de ma mère qui me protégeait !Elle avait sentie le danger et décidé de me défendre même si elle s'était détachée de moi quelques temps.
Seulement je devais apprendre ce premier jour de vie que l'être humain était bien plus fort que nous et que sa méchanceté n'avait d'égale que sa bonté...
Aujourd'hui encore je ne sais pas comment vous le dire, comment expliquer que certains d'entre vous puissent nous prendre aux creux de leur bras pour nous donner milles caresses alors que d'autres les lèvent milles fois pour nous battre...
Enfin, comprendre le genre humain est à la fois si simple et si complexe..un délice !
Me voilà donc à nouveau attrapé par l'homme , il sentait la sueur et l'énervement..Mais pendant qu'il m'emportait vers le haut je vis la dernière image que j'aurai à jamais de ma maman..
Le talon de l'homme la heurta directement sous son menton tout roux,elle partie en arrière et heurta de plein fouet un pied de table.Son corps retomba, inerte les deux pattes avant soutenant son museau, comme endormie pour un doux voyage au pays des rêves.Sauf que ne me demandez pas pourquoi mais les animaux sentent tout de suite quand un être est mort, nous percevons cette étoffe blanche qui habite les âmes s'envoler et le corps n'être plus qu'une coquille vide, à jamais inanimé.
Alors je cessais d'avoir envie de me débattre..Si ma mère en avait perdu la vie, que valait la mienne?
L'homme me porta dans un couloir sombre, puant et ouvrir une énorme boîte qui puait encore plus.
"Voilà tu resteras là toi le temps de mourir aussi, au pire si tu survis la benne viendra demain matin et tu seras broyé! Bien fait , si tu avais su te tenir sur tes pattes tu serais resté bien tranquille avec les autres et la plus belle de mes chattes aurait continué à faire des portées qui me rapportent gros!"
Il me jeta dans l'énorme boîte mais cette fois je tombais contre des choses toutes moelleuses et mon arrivée fut amortie.Mais qu'elle odeur étouffante!
Mon ventre vide se tordit, mes pattes furent collées à des liquides visqueux, le bruits de mon poil frottant les sacs poubelles me restera graver à jamais.D'ailleurs dès que quelqu'un en manipule un vous pouvez être sur de me voir partir en bondissant..
Et ne venez pas dire que je ne suis pas courageux! Je trouve que c'est une raison valable de se méfier des humains et des poubelles..Et puis contrairement à vous il y plein de choses devant lesquelles je ne m'enfuis pas : les araignées par exemple!
Le temps passa, mon organisme tout entier luttait pour ne pas mourir, l'image de ma mère me défendant me donnait encore la force de tenir.
Je tentais de remonter vers l'entrée de la boîte, j'arrivais tant bien que mal vers le haut.Je pouvais sentir l'air plus pur de l'extérieur, le souffle plus frais..Seulement j'avais beau pousser cette fichue porte , elle était bien trop lourde et moi bien incapable du moindre effort vu mon état..j'étais totalement à bout,de peur, de faiblesse, de faim, de soif...
Rendez vous compte? Vous avez mis du temps , et j'ai pris le temps de vous raconter tout cela mais rappelez vous qu'ici, à cet instant je ne vivais que mes premières minutes, ma première heure sur cette Terre, parmi le monde des humains, oui parmi vous..pendant qu'à ce moment là, dans toutes les maisons alentours vous preniez un bain, mangiez une pizza, rigoliez à la blague de votre papa , écoutiez une histoire de prince charmant de votre maman au chaud sous la couverture; pendant ce même temps à quelques mètres dans votre poubelle je lançais mes derniers appels d'adieu à mes frères, me préparant déjà à rejoindre aux étoiles ma maman.