Comme une proie impressionnée par le corbeau noir qui vole au-dessus d'elle,l'immobilité s'imposa comme un instinct de survie."Impressionnée par une ombre?"Son sourire revint sur ses lèvres,doucement sans même qu'elle s'en aperçoive.
Lui en revanche l'avait vu."Me suis-je trompé?Peut-être suis-je tellement perdu que je pense voir les autres dans le même état que le mien?"Il ne savait plus quoi faire ou dire."Arrête, tu ne l'as jamais su. Pourquoi tu l'as suivie d'abord?Tu penses peut-être pouvoir changer sa vie?Qui es-tu pour te mêler de la vie des autres?"Il attendait qu'elle parte. Elle attendait qu'il parle. Car, bien qu'elle ne sache pas pourquoi, elle ressentait le trouble de l'ombre et elle savait qu'elle ne s'était pas posée là par hasard..
Les minutes passaient comme autant de gouttes d'espoir qui s'enfuient dans l'abîme du temps. Ils ne bougeaient pas, ne parlaient pas et pourtant avaient conscience l'un de l'autre plus que jamais ils n'avaient senti la présence d'une autre ombre...Ou si, ils l'avaient déjà sentie,chacun de leur côté,qu'une seule fois, une seule fois qui bouleversa leur vie et leur mort...
"Bon, maintenant tu te lèves et tu t'en vas!" Cela faisait dix minutes qu'elle se tançait pour s'enfuir alors que son cœur lui disait de rester immobile."Mais un cœur ne parle pas ma belle, il bat et fait fonctionner ton corps mais il ne te parlera jamais!"Pourtant, elle avait passé sa courte existence à ne se fier qu'à lui..."Et voilà dans l'état que ça t'a mise!"
"Bon maintenant tu te lèves et tu t'en vas!"A dix centimètres d'elle il éprouvait le même trouble, la même incertitude. Pourtant,il était venu jusque là et il savait au fond de lui qu'il ne pourrait pas la laisser dans cet état, elle, elle ne l'aurait jamais fait...
Alors,il se décida enfin à lui parler. Mais ce qu'il lui dit l'étonna lui même .Il ne savait pas quoi lui dire,il lui raconta alors ce qu'il avait sur le cœur, comme cela, brutalement, sans préambule...
"Je ne sais pas pourquoi je m'accroche à cette idée de devoir vous parler depuis que je vous ai vue, je crois même que je ne veux pas vraiment le savoir en fait. En revanche,je sais qu'elle ne vous aurait jamais laissé tomber, elle vous aurez parlé comme je le fais,sauf qu'elle aurait su quoi dire, elle aurait trouvé les bons mots. Moi je ne les ai pas,la seule chose dont je soit sûr c'est que j'ai eu un vide immense dans mon cœur quand je vous ai vu vous approchez du fleuve...Vous ne vous en rendez probablement pas compte mais :"j'ai senti un vide de plus dans mon cœur" c'est dur à dire pour moi,parce que mon cœur jusqu'à ce moment n'était plus que le néant lui-même...Je voulais partir dans ce vide, dans ce noir du fleuve si semblable à ma vie, enfin c'est ce que je pensais...Mais je ne l'ai pas fait. Parce que vous étiez là, à regarder le cours de l'eau comme s'il vous attirait, et que je ne pouvais pas m'enfuir sans la certitude que votre âme ne rejoindra pas trop vite la mienne..."
Il avait parlé sans s'arrêter, il s'étonnait au fur et à mesure de ses paroles mais il savait qu'il n'aurait pas pu lui dire autre chose, c'étaient les seules vraies paroles qu'il avait été en mesure de prononcer. Il attendait sa réaction, le souffle bloqué dans sa poitrine