As Much I love You
Épisode 2
Hendy, my friend...
"pour ton anniversaire, je t'offre mon roman qui est dans ce fichier, je l'ai terminé en septembre... tu es la seule à avoir l'honneur d'avoir la version finale... je t'en pries n'en parles à personne... tu es la seule à qui j'ai fait l'honneur de le donner... dans un autre fichier je t'ai mis les passages les plus importants si la lecture devait t'ennuyer..."
-Hendy... tu trompes décidément bien ton monde...
Le lendemain, Nathalie venait en cours enthousiastement pour l'une des rares fois de sa vie au lycée. Elle voulait remercier Hendy pour l'humble cadeau qu'il lui avait donné.
-oh, Hendy merci... c'est un honneur...
Hendy fit signe à Nathalie de rester discrète.
-chère amie, n'oublies pas qu'il y a des murs.
-Oh excuse-moi, mais merci beaucoup, j'ai apprécié...
-ne te presses pas de le lire... tu as tout ton temps, d'accord ?
-d'accord. Mais moi je ne t'ai rien offert... toi tu as caché ton anniversaire...
-c'est vrai, nos anniversaires dans la même semaine... mais je préférais le garder secret.
-pourquoi garder secret la date de ton anniversaire ? Je ne comprends pas, c'est un jour important.
-il ne l'est plus depuis la mort de celle qui m'était si chère et plus encore depuis que l'on m'a privé de mon coeur.
Nathalie n'eût pas le temps de questionner Hendy que l'enseignant d'anglais était arrivé. Nathalie restait perplexe, même pour ceux qui ne le fêtent pas, une date d'anniversaire est quelque chose de précieux... le jour le plus attendu dans l'année. Elle ne comprenait pas et continuait à observer Hendy à distance quand elle le pouvait. Hendy avait bien des amis dans la classe et dans le lycée mais apparemment les occupations ou les emplois du temps des uns et des autres différaient beaucoup. Cependant, Nathalie allait bientôt se rendre compte que cela importait bien aux yeux de Hendy... elle apprit par une de ses amies qu'il avait en effet proposé une liste d'invités quelques mois auparavant. Pourtant, il n'y eût pas d'invitation ni de fête, rien. Une tension réelle semblait régner en Hendy, Nathalie voyait parfaitement que derrière ce sourire, ce visage, il y avait une immense tristesse... Elle s'en doutait bien car elle se souvenait parfaitement des dires de celui-ci lors des cours de philosophie concernant celle qui avait été la lumière pour lui... il arrivait que parfois sa main droite tremble, comme Nathalie était assise au second rang non loin de lui, elle s'en était aperçue aisément. Le lundi suivant, alors que Hendy était seul, Nathalie s'était proposée comme partenaire d'entraînement avec celui-ci pour le badminton qu'il détestait. Il ne comprenait pas l'utilité d'un tel sport, mais surtout, il n'arrivait pas à comprendre cette balle à ailes... il aurait préféré le tennis de table beaucoup plus popularisé... une raquette fût sacrifiée par Hendy qui n'arrivait pas à frapper la balle... en réalité, il était si fatigué que ses yeux le trompaient, quant à ses bras ou plutôt ses mains, c'est à peine si il pouvait tenir un stylo correctement. Nathalie tenta de le calmer en lui disant qu'il était débutant et qu'il ne devait pas s'énerver pour si peu. Les arguments n'eurent aucun effet, cependant il s'était pourtant calmé et même excusé très sincèrement. C'était la première fois que quelqu'un s'était adressé à lui aussi familièrement et aussi poliment. D'habitude, soit on se moquait de lui, soit on le réprimandait, mais à ce moment là, une voix calme l'avait convié à la paix. Cette tranquillité maintint donc Hendy calme et la séance se termina en de meilleurs augures. Il l'annonça assez morosement :
-émotion, j'ai gagné mon premier match.
-ah tu vois ! Tu y es arrivé ! Tu vois quand tu veux tu peux !
-certes. Mais à quoi bon gagner contre quelqu'un d'un niveau si bas...
Il s'était enfui calmement sans terminer sa phrase. Nathalie se doutait bien que pour son amour propre, pratiquer un sport pour la première fois de sa vie en vue du baccalauréat n'était pas très motivant. Il lui avait dit qu'il avait joué sept ans au tennis de table, il devait certainement se sentir outré de pratiquer un sport si peu attractif, alors qu'il aurait pu pratiquer son sport favori. Qui est l'idiot qui a dit que la démocratie était juste ? Beaucoup avaient voté pour le badminton... mais rappelez-vous ce que disait Belmondo à propos de ceux qui ont voté pour Hitler : "pas parce que 38 millions d'mecs font la même connerie, qu'c'est pas une connerie !"
-Hendy... comme j'aimerais mieux te comprendre...
Vous parlez d'augure ? Une pensée apparût soudain à l'esprit de la jeune fille : les fameux passages du roman de Hendy ! Il est vrai qu'elle aurait préféré tout lire. Mais il était prioritaire de comprendre Hendy le plus vite possible. Les agissements de Hendy étaient de plus en plus imprévisibles et étranges, agissements qui paraissaient si peu naturels ou ne lui ressemblant pas tout simplement. Après quelques heures de lecture et d'analyses... oui, car le jour de son anniversaire, Hendy avait noté au tableau "il faut savoir trouver la vérité cachée derrière les vérités". Elle se doutait bien qu'il parlait à ce moment là aussi bien de ses agissements, de ses paroles mais aussi de ce qu'il écrivait. Pourtant ses phrases semblaient très simples, nonobstant, la simplicité est une chose bien compliquée quand elle n'est pas comprise...
-'tain, Hendy est encore absent ! Je fais comment pour vendredi moi !?
-pauvre Ludovic ! Il va devoir se farcir l'exposé tout seul, quel enfoiré ce mec !
-quel hypocrite ! C'est bien un lâche ! Il a fait semblant de bosser et l'abandonne au dernier moment !
Nathalie s'indigna encore des propos de ses camarades. Au demeurant, il ne faut pas oublier que la Vérité triomphe toujours. En effet, Hendy était là lors du jour fatidique et l'exposé se déroula parfaitement. Beaucoup s'étaient tus, par surprise ? Nathalie en était plutôt agréablement surprise. Hendy faisait preuve de peu de volonté en littérature mais aussi dans d'autres matières, tandis que ce jour là, il était parfaitement volontaire et en harmonie avec son camarade. Alors que la sonnerie de la première heure se fît entendre une discussion débuta entre l'enseignante et Hendy :
-Ludovic a l'air content.
-oui, je dirais même soulagé. Il a dit qu'il ne pouvait pas te joindre.
-oh mais si. Mais je vous dirais une chose madame : il n'y a pas de problèmes, il n'y a que des solutions.
L'enseignante se contenta de répondre en souriant "may be, may be not". Comment Hendy pouvait-il s'exprimer si sereinement ? N'importe qui à sa place se serait senti mal à l'aise et stressé, même après l'exposé ! Nathalie ne pouvait plus se contenter d'avoir que des mises à jour de mangas pour discussions avec Hendy. C'est alors qu'un jour, au début des grèves contre la nouvelle réforme du ministère de l'éducation (merdique) Nationale, elle profita du "vide" du lycée pour aller parler à Hendy, qui lui-même parlait à un élève de seconde qui venait de partir en cours.
-je te dérange ?
-hm ? Oh ! Assis-toi !
-Merci, tu es seul ? Demanda t-elle.
-non, je parlais à un seconde de la vraie politique.
-oh, je vois, tu t'y connais.. mais je voulais te parler d'autre chose.
-silence ou pas, la politique ne changera jamais... de quoi veux tu parler ?
-pourquoi es-tu aussi souvent absent, Hendy ? Tu devrais faire plus attention...
-j'en suis désolé, je ne peux t'en parler. Je peux juste dire, que le lycée est toxique...
-pour toi ? Pour nous tous ! Mais il faut bien que nous passions notre baccalauréat, non ?
-c'est beaucoup plus subtil. J'aime les cours, mais pas les élèves, pas le programme ni le système et... dit-il sans finir sa phrase.
-oui j'ai vu, les élèves ne te comprennent pas... ton franc parler et ton honnêteté gênent... parfois tu dis des choses qui doivent gêner les autres...
-certains ont dû être blessés par ce que j'ai dit lors de mon oral d'anglais quand j'ai critiqué la société française... mais je ne suis pas un lâche.
-peut être.... mais je cesserais de tourner autour du pot. Je... je te vois si solitaire, incompris des autres... je voudrais que nous puissions parler sérieusement pour une fois.
-Parler sérieusement ? Mais nous l'avons toujours fait. Je sais, parler de mangas et autres, tout en plaisantant n'est pas très sérieux mais... il n'y a pas de murs, je t'en prie.
-l'autre jour... dans ton petit mot pour mon anniversaire... tu disais que tu me faisais confiance... alors prouves-le. Parles-moi de ce qui te tracasse, je veux au moins savoir le début.
-il est dommage que je ne sois pas d'humeur à parler longuement, je résumerais alors... pour moi qui n'ait connu que la haine, l'absence d'amour, d'affection et de tendresse sont devenus un fardeau bien lourd pour ma personne.
-toi, qui n'a connu que la haine ? J'ai bien lu certains passages où tu parlais des discriminations et autres... mais je ne pensais pas que dans la vie réelle c'était à ce point là... et pour les autres passages, dis-moi que c'est bien...
-ce roman est une autobiographie fictive, c'est-à-dire une histoire fictive mais avec pour base de vrais évènements, de vraies pensées ainsi que de vrais sentiments et donc de vrais souvenirs... il fait si chaud... j'ai du mal à respirer... si seulement la pluie pouvait tomber.
-c'est en effet un début... un jour tu finiras bien par tout me dire... je suis ton amie n'est-ce pas ?
-la meilleure...
Hendy resta silencieux ainsi à regarder dans le vide, le visage exténué et le regard abandonné... pourtant, il était heureux de parler franchement avec quelqu'un ici bas. Nathalie découvrait peu à peu ce mystérieux garçon qui était bien plus silencieux que ses nombreuses paroles et interventions le faisaient penser.
-d'accord, si tu ne veux pas en parler plus longuement...
-non, ce n'est pas ça... reste s'il te plait. J'aime quand les gens me tiennent compagnie.
Cette parole très simple et sincère fît rasseoir Nathalie qui observait Hendy comme quelqu'un de beaucoup plus accessible qu'elle le pensait.
-je ne pense qu'à vouloir parler à quelqu'un avec qui je pourrais être un peu proche...
-tu as bien dit que j'étais ta meilleure amie ? Alors je resterai et je t'écouterai silencieusement.
-mais pour le moment... je préférerais t'écouter... je ne te connais presque pas et je suis fatigué de parler.
-m'é-m'écouter ? euh... eh bien... je sais que tu t'intéresses aux saris... mais en fait, je cherche une robe de soirée...
-une robe ? Oh mon Dieu, aujourd'hui il faut prier pour voir une fille en porter une !
-tu aimes les robes Hendy ?
-je suis à moitié oriental et moitié occidental, ne l'oublies pas...
-hmm... pourtant tu n'es pas aussi vicieux que tes camarades...
-un humain reste un animal... j'ai des envies animales, je n'ai pas à le cacher... mais, je suis loin d'être un pervers...
-tu as raison... en fait... j'hésite entre une robe bleue et une robe rouge...
-comme ça, je ne peux rien te dire, il faudrait que je les vois pour te donner un avis réel. C'est pour quelle occasion au juste ?
-pour une soirée... enfin, pour le cas où je veux dire... et je ne sais pas si il y aura une soirée pour la fin de l'année scolaire...
-un bal tu veux dire ? Il n'y en a jamais eu à ma connaissance... en tout cas, pas durant la période où mes amis étaient ici...
-tiens, voilà les photos des robes.
-oh, tu les avais sur toi ?
Nathalie observa la façon dont Hendy regardait les photos. Elle s'aperçut qu'il n'avait nullement fait attention aux modèles, mais que son attention était bien sur les robes...
-c'est beaucoup plus clair maintenant... la rouge est pas mal, mais je préfère de loin la bleue.
-merci je prendrais la bleue alors !
-mais ce n'est que mon avis !
-tu as bon goût ! Je préfère faire confiance à ton avis.
-mais...
-je ne me suis jamais habillée de manière indécente je pense... mais parfois je n'ai pas toujours la classe...
-notre Nathalie qui parle aussi "jeunement"... "pas toujours la classe" !? Tu te fous de moi là ! Tu fais partie des filles les mieux habillées que je connaisse... parfois tu es habillée assez simplement, mais cela reste très acceptable à mes yeux !
-oh merci... mais n'en dis pas plus tu vas me faire rougir...
-milles excuses... je ne voulais pas... enfin... je dis toujours ce que je pense.
-c'est bien à ton honneur.
-me fréquenter est dangereux, tu te mets à parler comme moi !
-les mots ne t'appartiennent pas mon cher Hendy qui aime bien les robes...
-heureusement qu'il n'y a personne...
-aurais-tu peur de ce qu'ils diraient ?
-pas le moins du monde. Mais rien que de les entendre parler m'irrite... je ne veux de mal à personne... je ne veux pas que mon irritation me pousse à la colère... je ne voudrais pas montrer ce monstre de destruction...
-j'avais presque oublié à propos de la raquette que tu as tordue ! Tu étais vraiment de mauvaise humeur ce jour-là !
-oh... mes sens me trompaient... et de plus... cette chaleur étouffante m'empêchait de penser clairement... et la chaleur m'agace plus que tout au monde... je m'en fiches de me faire ridiculiser dans un sport où je suis amateur... c'est cette chaleur qui m'irrite et qui m'empêche de vivre... survivre sereinement.
-pourquoi parles-tu ainsi ?
-parce que... je suis fatigué... excuse-moi... cela ne te fais rien si je repose mes yeux ?
-non.
-mais tu peux me parler... je répondrais à peine... mais parles s'il te plait... je n'ai pas ce genre d'occasion assez souvent... pour les pauses entre deux heures de philo ou de littérature on ne parle que de mangas... et parfois je suis absent... et je voudrais parler... enfin... t'écouter plus longuement...
-ton amitié fait plaisir à voir. Tu sais dernièrement j'ai vu un film...
Une longue et forte amitié commença... dans un monde troublé sur une terre de guerres et de conflits, que deviendraient-ils ? Leur amitié continuera t-elle ? Hendy s'ouvrira t-il définitivement à Nathalie ? Pourquoi Nathalie apprécie t-elle tellement Hendy ? Pourquoi tant de sollicitude ? L'une des réponses était qu'elle avait sûrement découvert l'une des "clés" bien avant qu'elle ne reçoive son cadeau d'anniversaire... la franchise de Hendy et son amitié naturelle l'avaient mise en confiance... que serait le lendemain ? Soleil d'enfer ou pluie apaisante ? Only God knows...
Fin du second épisode