Celle de ma mère, que ma belle me fait en alternance avec celle de sa mamette, comme ça, sous couvert de comparer, je me régale plus souvent.
Comment peut-on servir, les soirs de canicule
Une soupe brûlante sans être ridicule?
Et pourtant, en Provence - terre où l'on ose tout ! -
(n'est-ce pas, chère Erzy?)Nous en possédons une : c'est la soupe au pistou.
Elle nous est venue de nos amis niçois,
(Eux-mêmes la tenant de leurs cousins génois).
C'est vrai que de chez nous, l'Italie est fort proche,
Le cœur, les chants, le goût, presque tout nous rapproche.
"Pista", c'est "écraser" en langue provençale.
Et le fameux "pistou" dont chacun se régale,
C'est l'ail, le basilic, les fromages mêlés
Dans le mortier de marbre, et simplement pilés.
Le basilic, chez nous, ce n'est pas le "pistou"
Mais c'est "lou baséli ". Voilà. Un point, c'est tout!
D’entendre le contraire me donne les arcanettes*.
Alors pour me calmer, en voici la recette,
Pour faire oublier que…Eh oui, je suis ronchon !
Pour une bonne soupe, il y faut du cochon.
Une couenne, un pied, un petit jambonneau
Que l’on va nettoyer et que l’on met à l’eau
Froide dans un faitout, puis que l’on fait bouillir.
Pour une demi-heure et souvent on écume.
Pendant que ça cuira, épluchons les légumes :
Des haricots blancs, verts, rouges, pour réjouir
Quatre jolies courgettes, quatre belles tomates
Mondées, épépinées, et cinq ou six patates.
Ajouter au bouillon les légumes entiers,
Saler et cuire une heure. Préparer le mortier.
Du sel, dix gousses d'ail, deux pieds de basilic,
Qu'avec un bon pilon, tiré d’un bois rustique,
On écrase en pommade. En tournant vivement
Versons l'huile d'olive, sans être regardant.
Quelques pignons de pin (ce n’est pas obligé)
Enfin du parmesan, gruyère, edam râpés.
(100gr de chacun)Vérifier si la viande est correctement cuite,
Et rectifier le goût. Écoutez bien la suite:
Avec une écumoire, sortir patates, courgettes
Que l'on va écraser avec une fourchette
Elles vous serviront de liant au potage.
Enfin mettez les pâtes (ne soyez pas trop sage)
(2 belles poignées de "coudes")Tâtez assez souvent, et gardez-les croquantes.
Quand c'est prêt, hors du feu, au marmitou qui chante,
Mêlez votre pistou en mélange homogène
Directement à table, ainsi qu'on fait à Gênes.
Respirez le divin parfum des aromates,
Qui transcende cochon, haricots et tomates !
Cette soupe est un plat complet à elle seule,
Qui ravit les gourmets et les plus fines gueules.
De vous livrez ici ce conte culinaire,
Cela m’a donné soif : remplissez ras mon verre
De ce nectar divin de la Coste-du-Rhône…
Et laissez près de moi la coupe et la bonbonne !
*ça m'énerve.