Je rêve d'un lion
devenu enfant.
Colombe accrochée aux lèvres,
le son de son coeur,
battant la campagne,
libre
de tout poids.
Je le vois,
Traversant de ses petits pas,
le vide rempli de mystères.
Sans aucune peur,
ni jugement
Il court sur ce chemin.
Le regard neuf.
Questionnant les herbes folles,
le soleil qui le réchauffe.
Il tend soudain l'oreille
au vent caressant de ses doux secrets
son corps doré, potelé
et nu de tout préjugé
Je l'entends rire
de savoir
qu'il ne sait rien.
Il jubile des connaissances
qui sera son festin
Il est là !
Tout près
Il est presque mien !
Une main tendue.
Un frôlement.
Hélas, je suis lestée
de mon passé.
L'enfant est leste
de ne pas en avoir
Il m'échappe,
me défie de le suivre.
Mais je reste plantée là.
Peau moite.
De sueur, larmes d''effort
tirant la lourde charge.
Alors, lentement,
le doigt accusateur,
dans son monde sans nom
sans morale.
Il prononce sa première sentence :
"Chameau !
Tu n'es qu'un chameau.
Dieu est mort
Personne pour aider à porter ta croix "
Le vide m'aspire.
entrainée par mon sacerdos.
chute rude, ténébres collés aux pupilles.
Songes évanouis,
désires emprisonnés,
étouffés de peur.
Seule une petite lumière,
souvenir d'un bonheur,
espoir de délivrance,
D'un souffle, elle vacille,
s'accroche à sa vie
Son aura chaude,
minuscule, pourtant
imposante de sa présence,
dans ce néant, ce rien,
éclaire la truffe humide
du lion endormi près de moi.
Attendant l'aurore.
Attendant son heure
de libérer l'enfant
caché tout au fond
dans mes entrailles.
Et si tout cela était vain ?
Si la nuit était éternelle ?
Serais-je prête un jour ?
Je m'accroche à la lumière.
Moi, la bête de somme,
je survivrai malgré tout.
Malgré moi.
un lion accroché aux lèvres.
( poème, sans vraiment de rimes ni de rythme en fait
sur "Ainsi parlait Zarathoustra")