Et toi, belle persane, as-tu en souvenir
L’émancipation ? Le croyais-tu venir
Le jour où tu serais débarrassée du voile ?
Ce fichu carcéral, cette prison de toile.
Ecolière, étudiante en droit, tu devins juge.
Tu visais (grâce à qui ?) le haut de la justice.
Tu ne fus (honte à toi !) qu’une infâme transfuge.
Complice tu te fis, d’un mouvement factice.
La voyais-tu venir, la nuit où tu couvrais
De tes malpropres mains, sous le faux tout le vrai ?
Tout les travaux du Shah ; peuple ingrat, sales chiens !
Non ! fidèle est le chien : quand on l’appelle, il vient.
Contre tes ennemis, il court à ton secours.
Toi, tu mis le renard dedans la basse-cour.
A quoi bon envoyer un âne à l’étranger,
Si c’est pour revenir si inapte à juger
Entre le bien que fait la volonté du Shah,
Et le mal que peut faire un vieil ayatollah ?
Que n’ai-je le pouvoir, contre ces ennemis ?
Au lieu que de rimer contre leur infamie,
De leur couper la langue afin que leur mensonge
Cesse de m’irriter ; ce poison qui me ronge.
Non ! Que n’ai-je plutôt en moi la volonté,
D’oublier ce débat qui nuit à ma santé ;
D’abandonner enfin, la querelle sans fin,
Puisque tout est fini et que les rois défunts
Ne ressusciterons pas, et qu’un petit prince,
Pour sauver le royaume, est un espoir bien mince.
Oublie, oublie, enfin ! Mais pour qui tu te prends ?
Car pour les grands soucis, il faut quelqu’un de grand.