A l'ombre des mots & Les Collections Éphélides La magie de la poésie |
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| "Luciole" chapitre 1 | |
| | Auteur | Message |
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Zihânn Flamme du forum.
Nombre de messages : 263 Age : 52 Localisation : Belgique Date d'inscription : 30/08/2011
| Sujet: "Luciole" chapitre 1 Mar 25 Déc 2012 - 19:28 | |
| C'est une histoire qui me trotte en tête depuis un moment. Dernièrement, les pièces du puzzle se sont mises en place dans ma tête et j'ai commencé à mettre mes idées par écrit. Il faudra trouver un titre aussi ... Qu'en pensez-vous ? Est-ce que ça donne envie de lire la suite ? Merci de vos conseils et avis.
Chapitre 1
La lumière du jour commençait à décliner quand Lucile leva le nez de son travail. Elle passa un instant une main sur son visage, s’attardant à masser son front, puis, avec un soupir, elle plongea fermement son pinceau dans un bocal d’eau déjà hérissé de plusieurs de ses semblables, de tailles différentes. Elle referma soigneusement les pots de peinture et s’essuya les mains à un chiffon avant de se lever. Après un rapide coup d’œil à sa table de travail encombrée, elle décida de mettre un peu d’ordre. Au fond de la minuscule pièce, Yanis, son mari lui avait installé des étagères qui croulaient sous les livres, les revues, du matériel et des boîtes à chaussures pleines de photos. Sur l’autre paroi, une commode à tiroirs tenait compagnie à un lavabo bariolé dans lequel elle vida son bocal et rinça une première fois ses pinceaux avant d’ajouter un peu de détergent dans l’eau. Une fois ses brosses propres et mises à sécher pour la nuit, elle s’étira, se massa le bas du dos et attrapa son poncho. Comprenant le signal, Shaman son chien se leva aussitôt et la suivit en bousculant la chaise de travail sur son passage. Elle la redressa, sourit et ébouriffa les poils de la grosse tête hirsute. Il bailla et se dirigea vers la porte en étirant ses pattes à chaque pas. Elle lui ouvrit et son regard embrassa la petite pièce familière une dernière fois, s’attardant comme chaque jour sur la luciole en porcelaine peinte d’inspiration naïve que Yanis lui avait offert des années plus tôt en référence au surnom qu’il lui donnait autrefois. Lucile, Luciole, ma lumière dans la nuit … Elle soupira et sortit résolument, fermant la porte derrière elle un peu plus fort qu’il n’était nécessaire. Shaman l’attendait un peu plus loin sur le sentier qui menait à la grille du jardin, impatient de faire sa promenade après les heures de sieste aux pieds de sa maîtresse. Elle décida de prendre par le bois et marcher jusqu’à la rivière, où Yanis et son ami Stéphane, enfants, lui avaient construit une cabane bancale qui prenait pour elle des allures de palais de princesse.
— Ne triche pas, cria Yanis en courant vers elle. Il lui attrapa la main et aida Stéphane à la guider sur le sentier. Un foulard sur les yeux, Lucile cherchait malgré tout à voir entre les minuscules trous du tissu où ils l’emmenaient. Elle ne parvenait pas à discerner les détails, mais elle reconnaissait les bruits familiers. Ils longeaient la rivière dans la forêt, vers la petite clairière où ils se retrouvaient constamment, depuis l’été de leurs huit ans. — Je sais où on va, répliqua-t-elle, agacée. A quoi vous jouez ? — Tu verras bien, c’est une surprise, lui souffla Stéphane dans l’oreille tout en l’entraînant plus rapidement vers leur destination. — Fait doucement, tu vas la faire tomber, se fâcha Yanis en la retenant par le bras. Les garçons la tiraient chacun d’un côté et Lucile se mit à rire de sa situation inconfortable, tiraillée entre les deux, comme toujours. — Nous arrivons, arrête-toi et tourne-toi un peu à gauche, comme ça, ne bouge plus, t’es prête ? C’est moi qui ai eu l’idée, déclara Yanis avec fierté tout en sautillant, incapable de tenir en place. — Oui, mais c’est moi qui me suis débrouillé pour trouver les planches, enchérit Stéphane qui ne voulait pas manquer une occasion de recevoir les éloges de Lucile. Ça la fit rire à nouveau et elle patienta pendant que Yanis détachait le foulard en lui recommandant de garder les yeux fermés. Puis, il reprit place à sa gauche, s’empara à nouveau de sa main tandis que Stéphane à sa droite ne l’avait pas encore lâchée depuis qu’elle l’avait rejoint derrière l’école. — Vas-y, ouvre les yeux, tu vas voir, s’écrièrent en chœur les deux amis. Elle obtempéra et sous la surprise, sa bouche s’ouvrit également, s’arrondissant en un O muet. Ils lui avaient construit une véritable cabane dans le grand sapin, avec une plate-forme plus haute qu’elle. Le bas avait été fermé avec des branches de saule entrelacées qui reprendraient vie au prochain printemps. Pour rejoindre l’étage, ils avaient fabriqué une échelle avec les troncs de deux jeunes arbres reliés entre eux par des planches dépareillées et clouées un peu de travers. Un trou en arc de cercle dans le plancher, contre le tronc rugueux, permettait d’y accéder et des palettes de récupération servaient de garde-fou. Un toit en branchage complétait le tableau et donnait à l’édifice des allures de paillotte africaine. — Vous avez fait ça… Vous… balbutia-t-elle. — Oui, s’écria Yanis, ravi, mon grand-père nous a aidé, c’est lui qui a mis les madriers pour être sûr que ce soit solide et aussi les palettes. Tu vois, ça fait comme une rampe, on peut s’appuyer dessus. Viens visiter, tu as vu l’échelle, c’est moi qui l’ai faite avec Stéphane. Il la tira derrière lui, Stéphane à la remorque, tout en continuant à jacasser et à expliquer les détails techniques de leur construction. Elle pénétra à sa suite par l’ouverture cintrée puis, impatient, Yanis lui lâcha la main pour escalader l’échelle. — Bien sûr, ce n’est qu’une modeste cabane, ajouta Stéphane pour tempérer l’enthousiasme de Yanis, toujours porté à la démesure. Il n’aurait pas été plus fier s’il avait construit une cathédrale. — Ne dis pas de mal de notre maison, le réprimanda Lucile, une nuance de reproche dans la voix. Il lui lâcha la main et se détourna, attristé de sa rebuffade et confus de l’avoir offensée mais elle virevolta vers lui et lui offrit un sourire complice. Celui qu’il aimait tant et qui lui donnait toujours l’impression d’avoir reçu un coup à l’estomac. Le soleil, à travers les branchages, dessinait des taches d’ombre et de lumière sur son visage. Il allumait des petites paillettes d’or dans ses yeux et des reflets cuivrés dans ses cheveux. C’était vraiment un beau jour…
En arrivant à la cabane, Lucile ressentit un pincement au cœur. Il n’y avait plus que des ruines, le toit avait disparu, le plancher était en partie effondré et la végétation avait tout envahi. Lucile poussa des débris de planche à moitié pourris du bout de sa chaussure et prise d’un frisson, elle resserra les pans de son poncho autour d’elle. Elle regretta soudain d’être revenue ici. La magie de l’endroit était morte depuis longtemps, peut-être depuis qu’ils étaient devenus adultes tous les trois. Les choses étaient tellement plus simples quand ils étaient enfants. Elle fit demi-tour et accéléra le pas vers sa maison, tournant le dos à ses souvenirs, Shaman sur les talons. Quand ils débouchèrent sur la route empierrée qui passait devant chez elle, la nuit commençait à tomber. Les premières étoiles s’allumaient dans le ciel sombre et les vestiges de la lumière du jour n’ornaient plus que des lambeaux de nuages vers l’ouest, les ourlant de couleurs chaudes. Le dernier virage franchit, elle s’étonna de voir une petite voiture rouge, estampillée au logo d’une marque de location, stationnée devant chez elle. La lumière brillait aux fenêtres et de la fumée sortait de la cheminée. Elle se précipita vers la porte de la cuisine et entra, mal à l’aise à l’idée qu’un intrus s’était permis de s’installer aussi familièrement en son absence. Elle était sûre d’avoir verrouillé la porte avant de passer quelques heures dans la minuscule remise, rebaptisée un peu pompeusement atelier après les aménagements de Yanis. Elle s’avança, rassurée par la présence de Shaman qui était rentré en remuant la queue et s’était dirigé vers le salon pour saluer leur visiteur. Posée en évidence sur le plan de travail, à côté de la porte, elle remarqua le double de la clé qui restait caché sous une tuile de la marquise à l’intention des amis. Elle était toute rouillée, elle n’avait pas servi depuis des années et Lucile avait presque oublié son existence. Après son excursion démoralisante à la cabane, elle n’avait aucune envie de faire la conversation ni de se montrer aimable avec qui que ce soit. La seule personne qu’elle avait envie de voir s’était exilée à quelques milliers de kilomètres, trop occupée à poursuivre des chimères pour donner de ses nouvelles plus d’une fois par an. Elle tarda volontairement à rappeler le chien qui était toujours démonstratif et envahissant quand on le laissait faire ; elle espéra secrètement que ça suffirait à décourager quiconque de s’incruster. Elle soupira, puis pénétra à son tour dans le salon pour découvrir Shaman couché sur le dos, les quatre pattes en l’air, pendant qu’un homme accroupi derrière son corps massif, lui grattait le ventre d’une main experte. Elle ne put s’empêcher de rire devant l’air parfaitement nigaud de son redoutable chien de garde. Elle remarqua le tressaillement de son visiteur qui, bien qu’ayant entendu sa présence, tarda à relever le visage vers elle. Elle chancela, hésitante ; la silhouette, même accroupie dans la seule lueur du feu, lui fit immédiatement penser à Yanis. Elle secoua la tête et déglutit, chassant une boule de douleur qui commençait à se former dans sa gorge. Il y avait un peu plus de deux ans que Yanis reposait au cimetière du village sous la dalle qui abritait ses ancêtres depuis au moins quatre générations.
La pluie les avait surpris sur le chemin du retour, ils s’étaient précipités le long de la route, trébuchant dans les nombreux nids de poule. Ils riaient, grisés de leur course, de la pluie et de l’odeur de feuilles mortes qui saturait l’atmosphère. Ils se tenaient par la main, comme toujours et de l’autre, ils tenaient chacun un pan de la veste de Yanis qu’il avait retiré pour leur servir de parapluie dérisoire, balloté par le vent au-dessus de leurs têtes. Shaman courait et sautillait autour d’eux, excité par la vitesse, il les éclaboussait d’eau boueuse en jappant comme un chiot. Ils ralentirent en arrivant en vue de la vieille maison en pierre, dont Yanis avait hérité à la mort de son grand-père et qu’ils avaient mis près de deux ans à rénover avant de s’y installer. Ils poussèrent ensemble la grille du jardin et rentrèrent par le garage, laissant le chien sécher un peu avant de l’autoriser à revenir dans la maison. L’obscurité était tombée et Lucile chercha l’interrupteur à tâtons en arrivant dans la cuisine. Yanis posa sa main sur la sienne à l’instant même où elle le trouva. Ils allumèrent ensemble et elle se tourna vers lui pour lui sourire. Il dégoulinait, ses boucles brunes en bataille, alourdies par la pluie, lui tombaient devant les yeux. Il répondit à son sourire et ses yeux se mirent à pétiller. Il l’attira vers lui et déposa un rapide baiser sur ses lèvres, comme une question. Elle posa une main sur sa joue rugueuse et de l’autre, ébouriffa ses cheveux, émerveillée par tout l’amour et la tendresse qu’elle lisait dans son regard. Alors, résolument, elle l’embrassa, d’abord avec légèreté, puis leurs souffles s’accélérèrent et leurs lèvres s’ouvrirent, mêlant leurs langues avec avidité. Ses mains descendirent le long des muscles de son dos, s’arrêtant au creux de ses reins pour l’attirer plus fort à elle. Il répondit à son étreinte, la serra jusqu’au vertige avant de s’écarter pour glisser son visage dans le creux de son cou, respirer son odeur à pleins poumons et reprendre son souffle. La radio était restée allumée en sourdine et diffusait une musique lente, il se mit à fredonner la mélodie et il l’entraîna dans une danse sensuelle. Ils continuèrent à valser ainsi pendant les deux chansons suivantes, ponctuant leurs mouvements par de petits baisers, tendres et coquins à la fois. Elle se sentait bien, à sa juste place, la terre pouvait s’arrêter de tourner, ça n’avait aucune importance, rien ne pourrait les toucher, jamais. Brusquement, malgré la chaleur de ses bras, elle sentit le froid s’infiltrer insidieusement et elle se mit à trembler. Il s’en rendit compte aussitôt et s’empara d’un essuie-main pour la frictionner, rompant le charme. — Va te changer, ma Luciole, je vais allumer du feu, lui murmura-t-il dans les cheveux, aspirant une bouffée de son parfum au passage. Il la poussa vers les escaliers, ne pût s’empêcher de la retenir encore un instant, le temps d’embrasser le bout de ses doigts glacés, puis, la chassa en riant d’un coup d’essuie sur les fesses. En s’éloignant vers la salle de bains, elle l’entendit ressortir sous la pluie et elle supposa qu’il allait chercher une ou deux brassées de bois pour avoir de quoi allumer le feu et surtout le faire durer assez longtemps pour passer la soirée à faire l’amour, blottis dans la douce chaleur de leurs corps emmêlés. Elle était à peine entrée sous la douche, à savourer le ruissèlement de l’eau brûlante qu’elle entendit Shaman aboyer dans le garage. Le chien, habituellement calme et peu bruyant, se jetait férocement sur la vieille porte en bois, tout en poussant des rugissements de fauve sauvage. Le tapage dura quelques minutes avant que Lucile ne commence à s’inquiéter, étonnée que Yanis n’ait pas calmé l’animal. Tenaillée par l’appréhension, elle enfila rapidement un peignoir et descendit à toute vitesse dans la cuisine en appelant son mari. Elle cria à Shaman de se taire, il couina trois fois avant de se mettre à hurler comme un loup. Elle sentit son cœur rater deux battements et elle eut alors la certitude qu’il était arrivé quelque chose à Yanis. Sans plus réfléchir, elle se précipita dehors sous la pluie battante et se dirigea vers le bûcher, tâtonnant dans l’obscurité. Elle trébucha soudain sur un obstacle et tomba à genoux dans l’herbe piétinée et boueuse. Le souffle court, elle toucha l’objet sur lequel elle avait buté. Avec horreur, elle reconnut le pied de son mari, étendu sur le ventre. Haletante, elle se traîna vers le haut de son corps, palpant son dos, guettant une réaction. Elle lui agrippa les épaules, une de ses mains monta jusqu’à son cou, à la recherche de son pouls, elle le secoua et tenta en vain de le retourner. Son genou heurta un objet cylindrique et elle posa machinalement la main dessus. Reconnaissant la lampe de poche, elle s’en empara et batailla avec le bouton électrique, les mains trop tremblantes pour y arriver du premier coup. Quand elle y parvint enfin, elle dirigea le faisceau lumineux vers Yanis et un gémissement s’échappa de sa gorge nouée. L’arrière de sa tête était fracassé et le sang imbibait toute sa chevelure, laissant émerger des fragments d’os. Il dégoulinait dans son cou jusqu’au sol, emporté par la pluie en rigoles écarlates jusqu’à elle. Elle contourna le corps en se traînant dans la boue sanglante pour voir son visage. Elle n’eut pas besoin de continuer à chercher le pouls dans son cou, quand elle vit les yeux ouverts et déjà vitreux de Yanis, elle laissa tomber la lampe et portant ses mains sanglantes à son visage, elle hurla jusqu’à ce que sa voix se brise. Ses mains se posèrent machinalement sur son épaule, agrippant le tissu de sa chemise et bien qu’elle sache parfaitement qu’il n’y avait plus rien à faire, elle le secoua en gémissant, incapable de penser de façon cohérente. Elle se laissa glisser à ses côtés, secouée de tremblements violents et posa sa tête contre lui. Terrassée par la douleur, elle sombra dans l’inconscience, les hurlements lugubres de Shaman lui semblants de plus en plus lointains. Quand elle revint à elle, le chien s’était tu et la pluie avait enfin cessé de tomber. Le silence lui pesa comme du plomb et elle voulu se relever mais ses jambes se dérobèrent et elle retomba dans la mare de sang. Elle se traîna vers la maison, vers le rectangle de lumière que la porte ouverte découpait dans la nuit noire. Elle s’aida du montant de la porte pour se relever et se maintenir en équilibre, malgré les convulsions qui agitaient ses membres. Avec difficulté, elle parvint enfin à atteindre le téléphone mais elle ne savait plus quel numéro composer pour appeler la police. Elle avait beau se concentrer, les chiffres continuaient de lui échapper. Il lui fallait appeler quelqu’un qui pourrait l’aider, sauver Yanis, quelqu’un qui saurait quoi faire. Ses doigts tremblants composèrent le numéro familier de manière automatique. Après seulement deux sonneries, une voix ensommeillée répondit : — Allo… Elle entendit la télévision en bruit de fond et tenta de parler mais ne parvint à produire qu’un faible croassement. A l’autre bout de la ligne, son interlocuteur s’impatienta, supposant une blague de sale gamin. Elle inspira un grand coup et prononça d’une voix rauque : — Papa… — Lucile, c’est toi ? demanda-t-il, surpris et vaguement inquiet. Ses yeux se posèrent machinalement sur sa montre. Les chiffres fluorescents indiquaient vingt et une heure quarante-huit. — Papa, articula-t-elle encore difficilement avant d’éclater en sanglots irréguliers. — Lucile, que se passe-t-il ? Il était à présent parfaitement éveillé et il attrapa la télécommande pour éteindre le poste. — Papa, au secours… souffla-t-elle encore avant de se laisser glisser à nouveau au sol en lâchant le combiné. — Je viens… Quand il arriva, dix minutes plus tard, il la trouva prostrée à côté du corps sans vie de Yanis, couverte de sang et de boue.
Shaman se releva brusquement, bousculant l’homme accroupi qui en tomba à la renverse sur le plancher. Il s’ébroua avant de se dandiner vers sa maîtresse, satisfait de sa performance. Elle ne put s’empêcher de sourire à l’animal avant de reporter son attention sur la silhouette qui s’était redressée. L’homme fit un pas vers elle, les bras tendus en une invitation muette tout en levant la tête. La lumière de la cuisine tomba enfin sur lui et Lucile fut prise d’un vertige. — Lucile… souffla-t-il, un léger tremblement dans la voix. — Stéphane… Elle le fixait, immobile, statue vivante au souffle heurté. Il hésita, ne sachant pas trop quelle approche était la plus susceptible d’être bien accueillie par Lucile. Puis, sa spontanéité reprenant le dessus, il lui sourit et se précipita pour la serrer dans ses bras, la souleva du sol et la fit tournoyer. Il la déposa doucement et se recula d’un pas pour la regarder à son aise. Ce qu’il vit ne sembla pas lui plaire, ses sourcils se froncèrent et sa main monta caresser la joue pâle. Son pouce glissa sur les lèvres gercées et remonta vers son œil pour cueillir une larme, traîtresse, qui avait débordé malgré les barricades que Lucile avait construites durant les deux dernières années. Un pli dur qu’il ne reconnaissait pas serrait ses lèvres autrefois si douces. — Luciole… implora-t-il, bouleversé par sa détresse. — Ne m’appelle pas comme ça ! cracha-t-elle avec rage. Ne tenant pas compte de l’avertissement contenu dans ces quelques mots, il répéta : — Luciole… La gifle le percuta avec violence, projetant son visage sur le côté et lui coupant le souffle. Il resta quelques secondes la tête tournée, la joue cuisante. En réflexe au coup, ses poings se serrèrent instantanément et son corps se raidit, prêt à combattre. Il toisa son adversaire d’un air mauvais avant de se souvenir que c’était Lucile, sa Lucile, si douce qui l’avait giflé. Elle avait reculé dans l’ombre, le dos à la poutre qui délimitait la baie et tournait la tête de l’autre côté, pour ne pas qu’il puisse voir son visage. Il comprit aussitôt que son barrage avait cédé et que toutes les larmes qu’elle n’avait pas voulu verser s’échappaient silencieusement. Sa colère fondit instantanément et il l’attira doucement pour la serrer dans ses bras.
Dernière édition par Zihânn le Mer 26 Déc 2012 - 14:42, édité 2 fois | |
| | | Melany Flamme du forum.
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| | | | Melany Flamme du forum.
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| Sujet: Re: "Luciole" chapitre 1 Mar 25 Déc 2012 - 21:44 | |
| C'est très bon, Zihânn !
Il manque par contre plusieurs virgules, ce qui m'a gêné un peu. (Ceux qui me connaissent ici savent que je suis une vraie maniaque de la ponctuaction ! Donc désolée, tu vas devoir faire avec !) À plusieurs reprises, tu as mis un espace avant les trois points de suspension : il n'en faut pas. Il manque aussi quelques retours à la ligne. En revanche, tu as un très bon style, très riche. On te lit sans peine. Il n'y a pas de répétitions, en tout cas rien qui ne m'a sauté aux yeux. Pas de fautes d'orthographe non plus, c'est agréable ! L'emploi de l'italique pour montrer que c'est un passage du passé est très bien, c'est ce qu'il faut.
Ensuite, oui, ce petit début donne envie de savoir la suite ! Grâce au suspense : que fait Stéphane chez Lucile ? Le passage sur la mort de Yaris est particulièrement bien réussi. Là aussi, il y a du flou : comment est-il mort ?
Voilà mon petit avis. Bravo en tout cas, c'est très prometteur ! | |
| | | Zihânn Flamme du forum.
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| Sujet: Re: "Luciole" chapitre 1 Mar 25 Déc 2012 - 21:53 | |
| Merci infiniment, je prends bonne note de tes précieux conseils. Je ne connaissais pas le code pour le tiret de dialogue. Je modifierai ça, ainsi que le reste. | |
| | | Zihânn Flamme du forum.
Nombre de messages : 263 Age : 52 Localisation : Belgique Date d'inscription : 30/08/2011
| Sujet: Re: "Luciole" chapitre 1 Mer 26 Déc 2012 - 11:10 | |
| Voilà, j'ai édité
Encore merci | |
| | | Melany Flamme du forum.
Nombre de messages : 18885 Date d'inscription : 21/04/2008
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| Sujet: Re: "Luciole" chapitre 1 Mer 26 Déc 2012 - 11:59 | |
| Super Zihânn !
Juste quelques petites choses à corriger encore : - Citation :
- — Fait doucement, tu vas la faire tomber, se fâcha Yanis en la retenant par le bras. (à la ligne obligatoire ici, entre le dialogue et l'action.)
Les garçons la tiraient chacun d’un côté et Lucile se mit à rire de sa situation inconfortable, tiraillée entre les deux, comme toujours. - Citation :
- — Vas-y, ouvre les yeux, tu vas voir, s’écrièrent en chœur les deux amis. (à la ligne)
Elle obtempéra et sous la surprise, sa bouche s’ouvrit également, s’arrondissant en un O muet. - Citation :
- — Bien sûr, ce n’est qu’une modeste cabane, ajouta Stéphane pour tempérer l’enthousiasme de Yanis, toujours porté à la démesure. (à la ligne)
Il n’aurait pas été plus fier s’il avait construit une cathédrale. - Citation :
- — Lucile, c’est toi ? demanda-t-il (il faut une minuscule pour le verbe de parole, toujours), surpris et vaguement inquiet. Ses yeux se posèrent machinalement sur sa montre. Les chiffres fluorescents indiquaient vingt et une heure quarante-huit.
- Citation :
- — Lucile, que se passe-t-il ? (à la ligne)
Il était à présent parfaitement éveillé et il attrapa la télécommande pour éteindre le poste. - Citation :
- — Luciole… implora-t-il, bouleversé par sa détresse.
— Ne m’appelle pas comme ça ! cracha-t-elle avec rage. Voilà ! | |
| | | Zihânn Flamme du forum.
Nombre de messages : 263 Age : 52 Localisation : Belgique Date d'inscription : 30/08/2011
| | | | Myrrha-El Flamme du forum.
Nombre de messages : 4496 Localisation : sur mon petit nuage Date d'inscription : 25/10/2011
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| Sujet: Re: "Luciole" chapitre 1 Mer 26 Déc 2012 - 18:05 | |
| Ça ressemble à un début de roman policier. Le titre m'a accroché car ma petite dernière s'appelle Lucile-Luciole- ma Lumière... À lire comme ça, je ne sais si ce doit être un roman ou seulement une nouvelle, mais c'est bien écrit... J'aime bien l'ambiance. Ces deux hommes qui étaient sûrement en concurrence pour épouser Lucile. Et la mort mystérieuse du mari. Et l'apparition tout aussi mystérieuse du vieil ami...
Faut voir la suite...
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| | | Zihânn Flamme du forum.
Nombre de messages : 263 Age : 52 Localisation : Belgique Date d'inscription : 30/08/2011
| Sujet: Re: "Luciole" chapitre 1 Mer 26 Déc 2012 - 18:12 | |
| Dans mon idée, c'est plutôt un roman. Entre 200 et 300 pages, je pense. J'ai toujours difficile d'estimer à l'avance. | |
| | | Amapoesia Flamme du forum.
Nombre de messages : 691 Age : 50 Localisation : Allorée Date d'inscription : 31/05/2012
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| Sujet: Re: "Luciole" chapitre 1 Ven 28 Déc 2012 - 8:42 | |
| Purée !!! J'ai été scotchée dès la première phrase !!! Qu'est-ce que j'aimerais écrire comme toi ! Pas un mot de trop, mais il ne manque rien. Tes descriptions sont impeccables, on entre de plein pied dans la scène, comme si on était au cinéma. Je me suis immédiatement attachée aux personnages, tu décris les émotions et les sentiments avec une telle justesse qu'on les ressent immédiatement. Je suis désolée, j'étais tellement absorbée par l'histoire que je n'ai pas capté une seule erreur, il faudra que je la relise pour me concentrer sur la forme sans me laisser emporter par le fond C'est un excellent début de roman qui donne une furieuse envie de connaître la suite. Je t'engage à continuer dans cette voie, pour moi, c'est évident ! Bonne inspiration à toi ! | |
| | | Zihânn Flamme du forum.
Nombre de messages : 263 Age : 52 Localisation : Belgique Date d'inscription : 30/08/2011
| Sujet: Re: "Luciole" chapitre 1 Ven 28 Déc 2012 - 9:47 | |
| La vache !!! ça c'est du compliment !!! Je vais me cacher pour rougir tranquille ... Merci beaucoup Je vais regarder pour mettre le second chapitre, il faut que je le relise encore un coup, pour ne pas risquer de laisser une fote qui m'aurait échappé Encore merci | |
| | | Myrrha-El Flamme du forum.
Nombre de messages : 4496 Localisation : sur mon petit nuage Date d'inscription : 25/10/2011
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| Sujet: Re: "Luciole" chapitre 1 Mer 24 Juil 2013 - 21:29 | |
| Je ne lirai pas le chapitre 2 avant d'avoir relu attentivement le premier. Mais j'avoue que là, je suis un peu prise par le temps. je serai plus tranquille à mon retour du Sud début Août... je n'aurai plus autant d'enfants à la maison ! | |
| | | Zihânn Flamme du forum.
Nombre de messages : 263 Age : 52 Localisation : Belgique Date d'inscription : 30/08/2011
| Sujet: Re: "Luciole" chapitre 1 Jeu 25 Juil 2013 - 8:55 | |
| Ne t'en fais pas Myrrha-El, je me doute que les gens sont tous très pris, surtout pendant les vacances scolaires.
Profite bien des petits, ils sont si vite grands | |
| | | soldat bleu Flamme du forum.
Nombre de messages : 1203 Age : 37 Localisation : Belgique Date d'inscription : 03/04/2011
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| Sujet: Re: "Luciole" chapitre 1 Jeu 25 Juil 2013 - 12:33 | |
| Je n'ai pas encore tout lu (juste que j'ai toujours du mal avec l'écran) mais j'admets que ça à l'air superbement écrit... Bref, je repasserai sûrement. L'ambiance est en effet là dès le départ, c'est vraiment bien joué !
-> Melany je t'aime : j'apprends tous les alt-code utiles par cœur et grâce à toi j'en connais un nouveau xD
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| | | Zihânn Flamme du forum.
Nombre de messages : 263 Age : 52 Localisation : Belgique Date d'inscription : 30/08/2011
| Sujet: Re: "Luciole" chapitre 1 Jeu 25 Juil 2013 - 13:44 | |
| Merci infiniment pour le compliment. | |
| | | Melany Flamme du forum.
Nombre de messages : 18885 Date d'inscription : 21/04/2008
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| | | | Zihânn Flamme du forum.
Nombre de messages : 263 Age : 52 Localisation : Belgique Date d'inscription : 30/08/2011
| Sujet: Re: "Luciole" chapitre 1 Jeu 25 Juil 2013 - 14:40 | |
| Merci Melany, c'est vrai que je lis beaucoup depuis toujours. | |
| | | Melany Flamme du forum.
Nombre de messages : 18885 Date d'inscription : 21/04/2008
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| | | | Myrrha-El Flamme du forum.
Nombre de messages : 4496 Localisation : sur mon petit nuage Date d'inscription : 25/10/2011
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| Sujet: Re: "Luciole" chapitre 1 Sam 27 Juil 2013 - 21:17 | |
| Tu as vraiment un style agréable. C'est simple, c'est délié, c'est super agréable à lire... bon je file lire le chapitre deux avant de dormir! | |
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| Sujet: Re: "Luciole" chapitre 1 | |
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| | | | "Luciole" chapitre 1 | |
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