A l'ombre des mots & Les Collections Éphélides
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 "Luciole" Chapitre 2

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Zihânn
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Zihânn


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MessageSujet: "Luciole" Chapitre 2   "Luciole" Chapitre 2 EmptyMer 24 Juil 2013 - 11:06

Chapitre 2



— Mais tu es glacée ! s’exclama-t-il, soudain inquiet.
Il se mit à lui frictionner les bras et le dos et la tira dans le salon devant le feu qu’il venait d’allumer et qui commençait à répandre une chaleur agréable. Incapable de résister, Lucile se laissa mener comme une automate. Il la serra plus étroitement contre lui et ses larmes silencieuses se transformèrent en sanglots douloureux.  Il la berça, murmurant son prénom comme un talisman, le cœur serré.
— Lucile… Lucile… ça va aller… Lucile… Lucile...
Ils restèrent ainsi un long moment avant que Lucile ne parvienne à reprendre le contrôle de sa souffrance, l’enfermer dans son tiroir et le verrouiller à double tour. Quand il la sentit un peu apaisée, il la fit assoir dans le vieux canapé usé. Il lui essuya le visage comme à une enfant et tenta même de la moucher. Elle se débattit pour l’en empêcher et lui prit le carré de tissu froissé des mains. Elle était désolée de l’avoir giflé – non qu’il ne l’ait pas mérité – mais parce qu’elle détestait se sentir aussi peu maîtresse de ses émotions. Elle murmura en reniflant :
— Je suis désolée, je n’aurais pas dû te frapper.
Pour toute réponse, il lui embrassa le sommet du crâne et s’assit à ses côtés, un bras autour de ses épaules. Elle se hasarda à le regarder à la dérobée, il avait changé au cours de ces dernières années. Il y avait plus de quatre ans qu’il était parti à des milliers de kilomètres, promettant d’écrire et de leur envoyer sa nouvelle adresse. Mais il avait prétendu qu’il ne s’était jamais fixé suffisamment longtemps à un endroit pour que ça vaille la peine. Il se contentait de téléphoner une fois par an dans le meilleur des cas. Elle lui en avait voulu de ce silence, même si elle comprenait ses raisons, il lui avait fait mal. Elle inspira profondément, ne sachant trop comment réagir. Par le passé, leur relation avait toujours été facile, spontanée, elle ne s’attendait pas à se sentir aussi gauche, comme si elle avait été face à un inconnu. Il lui sourit d’un air gêné et elle comprit qu’il ressentait la même difficulté à surmonter la distance qui s’était installée entre eux, tout un océan. Elle se dégagea de son bras et s’éloigna de lui, non par souci de maintenir une distance physique entre eux, mais parce qu’elle avait besoin de mieux le voir pour se le réapproprier. Il parût peiné de la voir se reculer, mais ne tenta pas de la retenir ; les choses n’avaient pas changé autant que ce qu’elle avait cru. Il était toujours aussi vite blessé lorsqu’il sentait ou croyait sentir qu’elle le rejetait. Et comme autrefois, il subit l’affront en silence, se retirant en lui-même pour panser ses plaies. Elle lui prit la main, chaude et un peu rugueuse, tellement grande par rapport aux siennes et la serra avec chaleur. Elle espéra que ce geste affectueux lui permettrait de comprendre qu’elle n’avait pas l’intention de le repousser et encore moins de le blesser.
— Tu as mauvaise mine, constata-t-elle en le dévisageant vraiment pour la première fois depuis qu’il était réapparu dans sa maison, dans sa vie.
Il éclata de rire et l’atmosphère se détendit aussitôt. Il s’exclama :
— C’est l’hôpital qui se moque de la charité ! Tu n’as pas vu la tienne de mine ! Je viens de passer une vingtaine d’heure entre aéroports et avions, plus le décalage horaire et pour finir, cinq heures de route dans cette poubelle de location. Il y a mieux pour avoir le teint frais. Mais moi, après une douche et une nuit de sommeil, il n’y paraîtra plus. Toi, par contre, il y a plus de boulot.
Elle lui sourit, mais sa voix trembla légèrement quand elle répondit :
— Je sais…  
Puis, préférant s’engager sur un sujet qui lui semblait moins risqué, elle demanda, légèrement accusatrice :
— Pourquoi n’as-tu pas appelé ? Je serais venue te prendre à l’aéroport, ça t’aurait évité de louer une voiture.
Il se gratta la nuque, l’air embarrassé pour répondre :
— J’ai eu peur, Lucile…
— Peur de quoi, s’étonna-t-elle.
— Tu ne comprends pas, j’ai eu peur que tu me dises que tu ne voulais pas que je vienne,  répondit-il d’une traite en baissant les yeux sur les mains de Lucile qui emprisonnaient toujours une des siennes.
Elle hoqueta et le dévisagea avec stupeur. Elle balbutia quelques mots inintelligible, inspira profondément et le questionna d’une traite :
— Mais pourquoi as-tu cru une chose pareille ? Je t’aime, tu es mon ami depuis toujours, Stéphane, je n’attends que ça depuis le jour de ton départ, que tu te décides à revenir ! Alors pourquoi ?
— Tu as oublié, questionna-t-il d’une voix rauque. Tu as oublié mon dernier coup de fil ?

La journée avait été particulièrement éprouvante. Stéphane avait toujours eu du mal à s’adapter au rythme de folie de cette ville. La petite start-up d’infographie qu’il avait créée avec un associé avait fait son entrée en bourse et s’était plutôt bien cotée pour un début. Pour préparer l’événement, il avait passé près de vingt heures par jour pendant deux semaines à son bureau. Il était épuisé, physiquement et moralement. C’était un de ces soirs où il  regrettait douloureusement la vie au village, quand il accompagnait Yanis et papy Emile, le grand-père de ce dernier au bois. A la fin de la journée de travail, ils revenaient toujours éreintés, mais heureux de leur journée au grand air à utiliser leurs muscles. Jamais avec la tête en compote et le dos raide d’être resté trop longtemps assis devant son ordinateur. La voie était toute tracée pour Yanis, il suivrait l’exemple de son grand-père et deviendrait forestier. Stéphane enviait parfois son ami ; il ne se posait pas de question, il n’avait pas besoin de faire ses preuves, il était chez lui, à sa place, entouré des siens. Stéphane marchait rapidement, sans en avoir conscience il fuyait ses souvenirs, autant que la fatigue d’une longue journée. Il n’avait qu’une envie, prendre une douche et s’effondrer sur son lit. Il fit malgré tout un crochet par une rue parallèle pour passer au night shop acheter de quoi se caler l’estomac quand il passa à côté d’une cabine téléphonique. La porte était entrouverte, semblant l’appeler. Sur un coup de tête, il pénétra dans l’habitacle vitré, s’empara du récepteur et glissa quelques pièces dans l’appareil. Il composa le numéro kilométrique de mémoire et attendit patiemment que tous les cliquetis s’achèvent et que le téléphone de son ami se mette à sonner. On décrocha après seulement deux sonneries. Il s’inquiéta soudain de l’heure qu’il pouvait être là-bas, peut-être réveillait-il tout le monde. Tant pis, il était trop tard pour faire marche arrière. Il entendit la voix de Lucile répondre :
— Allo…
Il aurait préféré que ce soit Yanis qui décroche, mais rien n’est simple dans la vie, il avait appris cette leçon longtemps auparavant.
— Bonjour Lucile, c’est Stéphane… Pardon de te déranger.
Il sentit son estomac se tordre sans parvenir à déterminer si c’était la faim ou la douleur d’entendre le son de sa voix, le souffle de sa respiration.
— Stéphane… murmura-t-elle.
La sensation de creux s’intensifia et le fit grimacer. Pour chasser son trouble, il se mit à parler, n’importe quoi, juste pour combler le vide.
— Comment vas-tu ? Et Yanis ? Ici, ça va, je vis une semaine de folie, mais ça marche bien pour moi. Je ne regrette rien, ma vie ici est géniale.
Il se sentit stupide de mentir ainsi, d’autant que Lucile le connaissait assez pour ne pas avaler grand-chose de son baratin. Même à ses oreilles, les mots sonnaient creux…
— Oh, Stéphane… répéta-t-elle encore.
Puis, elle se mit à pleurer à gros sanglots.
— Que se passe-t-il, Lucile, tu es malade ? Lucile…  
Il sentit l’inquiétude lui broyer le cœur. Il se sentait tellement impuissant que s’en était insupportable. Lucile avait du chagrin et il n’était pas là. Pour être dans un tel état, ça devait être grave, pourquoi Yanis ne prenait-il pas le téléphone pour lui parler, lui expliquer ? Il devait être près d’elle à la soutenir. C’est alors que la réponse le frappa de plein fouet, une certitude ; Yanis, il était arrivé quelque chose à Yanis ! Non ! Une partie de son cerveau hurlait que ce n’était pas possible, mais les sanglots de Lucile lui affirmaient qu’une catastrophe s’était produite et si Yanis n’était pas à ses côtés, c’est qu’il… Non ! Il ne parvenait pas à formuler les mots qu’il ressentait au fond de lui, c’était trop difficile, trop horrible. Il s’exclama d’une voix étouffée :
— Lucile ! Non !
Il l’entendit hoqueter pour tenter de reprendre son souffle et articuler péniblement :
— Stéphane, c’est affreux, je t’aurais prévenu si j’avais su où te joindre.
Le reproche était perceptible dans sa voix. Elle renifla avant de poursuivre :
— Il a été assassiné… Stéphane, on ne sait pas qui… ça fait six mois déjà…
— Je reviens, je prends le premier avion demain matin.
Sa réponse claqua sèchement, comme une gifle :
— Non !
— Lucile, tu as besoin de moi, je ne vais pas te laisser affronter ça toute seule.
Mais il eut beau argumenter, la réponse de Lucile ne changea pas, elle persiffla, mauvaise :
— Je ne veux surtout pas que tu te croies obligé de quitter ta vie géniale pour te précipiter ici. D’ailleurs, je n’ai pas besoin de toi, affirma-t-elle.
Le mensonge était gros et pourtant, ces mots firent souffrir Stéphane ; elle le rejetait, encore et toujours. Il raccrocha, sans même prendre la peine de lui dire au-revoir. Dans un accès de rage et de douleur, il hurla et envoya un coup de poing violent dans la vitre de la cabine. Le verre épais se fendilla en étoile sous l’impact. Il recommença sur la vitre voisine, la douleur dans son poing ne parvenant même pas à anesthésier la douleur dans sa poitrine. Une troisième vitre se fendit encore avant qu’il ne laisse retomber son bras le long de son corps. Le sang coulait de sa main, les gouttes éclataient en taches écarlates en touchant le sol, la tête lui tournait. Yanis…Yan… De sa main valide, il s’agrippa à la porte pour ne pas tomber sur le sol répugnant. Quand il eut retrouvé un peu d’équilibre, il l’ouvrit et sortit en titubant dans la nuit. Il inspira à fond à plusieurs reprises, malgré l’odeur viciée de la grande ville, tentant de faire disparaître la sensation de nausée et de vertige. Il haleta, son estomac vide se contracta et il vomit dans le caniveau sous le regard indifférent des rares passants. Quand les spasmes douloureux se furent calmés, il se redressa et se passa la main sur le visage. Il le trouva trempé de larmes alors qu’il n’avait même pas eu conscience de pleurer.


Elle se souvint, forcément, il la vit pâlir, puis rougir tout aussitôt. Sa dernière réaction, spontanée, livrait l’essentiel de ses sentiments ; son amour pour lui, son incompréhension et sa peine quand il avait décidé de partir, puis, son espoir qu’il revienne. C’était tellement en contradiction avec les paroles cruelles qu’elle lui avait assénées, un siècle plus tôt. Des larmes tremblèrent à nouveau au bord de ses paupières et débordèrent sur ses joues. Elle baissa la tête.
— Pardon, sanglota-t-elle, je ne le pensais pas… J’avais si mal… Je t’en voulais d’être parti… A cette période, j’en voulais au monde entier. A moi, à toi, même à Dieu, mais surtout à moi... J’étais tellement en colère, je ressassais toujours les mêmes questions. Et si Shaman n’avait pas été enfermé au garage, ce soir-là… Et si je n’avais pas eu froid… Et si tu avais été là… J’ai été tellement injuste avec toi... Je ne voulais pas être consolée, je ne voulais pas que tu reviennes, je voulais remonter le temps et que tu ne sois jamais parti. Pardon, je suis tellement désolée du mal que je t’ai fait.
Il lui caressa les cheveux avec tendresse, glissa la main dans sa nuque, sous les mèches emmêlées et suivit la courbe de sa mâchoire jusqu’à ses lèvres. Elle saisit sa main et en embrassa la paume avant de la reposer sur sa joue humide.
— Pardonne-moi, Lucile, gémit-il sourdement. Moi aussi j’ai des choses à me faire pardonner…
Puis, la serrant à nouveau contre lui, il libéra enfin ses larmes.
Ils restèrent longtemps enlacés, sans un mot. Quand la souffrance se fut dissipée suffisamment pour qu’il n’ait plus l’impression qu’ils risqueraient de se briser s’il la lâchait, Stéphane se leva, remis du bois sur le feu et se dirigea vers la cuisine pour mettre de l’eau à chauffer. Il fouilla dans les placards et trouva la vieille théière en porcelaine jaune dont le couvercle ébréché était le résultat de sa maladresse, des années auparavant. Il prépara le thé, dénicha un plateau, les tasses, le sucre et même un citron qu’il coupa en rondelles sur une soucoupe. Il versa l’eau bouillante sur la boule grillagée contenant les éclats de feuilles noires, les minuscules fragments d’écorces de bergamote et de pétales de fleurs. Il huma l’arôme délicat de l’Earl Grey qui montait vers lui avant de l’emprisonner sous le couvercle. Quand il revint au salon, elle avait allumé la guirlande de minuscules ampoules cristallines en forme de libellules qu’il lui avait offerte à Noël, l’année précédant son départ. A défaut de lucioles, il lui offrait des libellules et ils avaient ri tous les trois de ce cadeau original et quelque peu enfantin. Lucile avait adoré et la guirlande avait trouvé une place de choix dans la décoration de son salon. Elle avait également allumé quelques bougies et la pièce était tout de suite plus chaleureuse et accueillante. Elle déplia la petite table d’appoint et la plaça devant le canapé pour qu’il puisse y déposer son plateau. Ils se rassirent, un peu guindés à nouveau. Il prit sa main froide et la tint un moment serrée entre les siennes avant de la poser sur son cœur.
— Le sens-tu, demanda-t-il brusquement.
Et comme elle ne répondait pas, il ajouta :
— Il est brisé…
Elle déglutit avec difficulté, le regarda, son visage tiré, fatigué et derrière son apparente solidité, une fragilité qu’il ne s’autorisait pas souvent à laisser percer. Il avait le teint halé, les mêmes pommettes hautes et les mêmes prunelles grises, un peu bleutées, comme dans ses souvenirs. Seules quelques rides au coin des yeux, fins sillons blancs, témoignaient qu’il avait passé de nombreuses heures au soleil, les yeux plissés. Elles apportaient un léger changement au Stéphane qu’elle avait toujours connu. Comme à chaque fois qu’il lui apparaissait dans ses rêves ou qu’elle revoyait son visage en pensée, il portait une barbe de quelques jours. Il avait une petite fossette au menton qu’il détestait et camouflait sous une barbe naissante. Ses cheveux bruns, trop longs et récalcitrants à toute tentative de coiffure civilisée étaient rejetés en arrière négligemment. Deux petits anneaux d’argent brillaient à chacune de ses oreilles et ajoutaient à son charme. Il avait le même look un peu mauvais garçon qui l’avait toujours fait craquer ; elle savait que derrière la façade parfois inhospitalière et farouche, il cachait d’immenses trésors de tendresse et d’humanité ainsi qu’une âme torturée. Elle l’avait toujours trouvé beau, bien trop beau… Il baissa la tête pour lui déposer un baiser dans la paume de sa main et ses cheveux tombèrent devant son visage, le dérobant à sa vue. En se redressant, il les repoussa d’une main distraite avant de libérer Lucile. Il s’appliqua à servir le thé dans les tasses, ajouta le sucre et le citron, satisfait de pouvoir lui prouver qu’il n’avait pas oublié ses goûts. Heureux aussi d’avoir un prétexte pour s’occuper les mains, se soustraire à l’examen de Lucile et surtout, pour ne plus pouvoir la prendre dans ses bras. Il sentait venir le dérapage et il ne voulait pas faire l’amour avec elle dans ces circonstances, pas ainsi, pas pour se réconforter l’un l’autre ni pour se réconcilier. Il était imprudent de trop la toucher, encore plus de la prendre contre lui. Il lui tendit sa tasse avec un sourire timide, n’osant pas la regarder dans les yeux, de peur qu’elle y lise tout l’amour et le désir qu’il éprouvait pour elle, les craignant déplacés en cette soirée de retrouvailles. Elle accepta la tasse avec reconnaissance, frôla sa main en remerciement et il sentit la caresse remonter en frisson le long de son bras. Il rougit légèrement et dut se faire violence pour ne pas se jeter sur elle. Pour cacher sa confusion, il se releva et chipota dans le feu, sentant le regard inquisiteur de Lucille lui brûler le dos.
— Tu es passé par le village, par chez toi, en venant, interrogea-t-elle, abrupte.
Il se retourna vers elle, vint se rassoir sur le canapé, un peu plus loin d’elle que précédemment et inspira profondément avant de répondre, choisissant les mots avec soin :
— Non, je suis venu directement chez toi, je voulais te voir, avant toute autre personne ou toute autre chose. J’avais besoin de savoir si tu pouvais accepter que je revienne ou si tu voulais que je parte, que je disparaisse de ta vie… Définitivement…
— Parce que tu comptes rester… définitivement ?
— Oui, si tu veux bien…
Elle retira ses chaussures et replia ses jambes sous elle avant de lui demander :
— Depuis quand as-tu besoin de mon autorisation pour t’installer où tu veux ? Tu es chez toi ici et je suis heureuse que tu sois revenu… Elle rougit, baissa la tête et ajouta :
— Même si mon accueil t’a donné l’impression du contraire…
Il sourit, penaud et avoua :
— Je me souvenais trop bien de tes paroles, Lucile, je comprendrais que tu m’en veuilles, je me suis comporté comme un crétin, c’est toi qui avais raison, comme toujours. Mais mon orgueil a été plus fort que mon amour pour toi et je suis parti. Tu avais raison, je voulais prouver à tous et toutes que j’étais capable de réussir ma vie, de faire mieux qu’eux malgré tous leurs préjugés et de prendre ma place, enfin, qui me reviendrait de droit. J’avais trop de colère en moi pour faire la part des choses. Ma place, je l’ai toujours eue, c’est toi qui me l’avais faite et Yanis aussi.
Il baissa la tête en soupirant, accablé par son aveu et cependant plus léger, le cœur libéré, enfin. Elle posa une main sur son genou, compatissante, sachant combien ça avait dû lui coûter de mettre son orgueil dans sa poche et d’avouer qu’il avait eu tort. Pour tenter de détendre l’atmosphère, elle lui donna une petite bourrade dans l’épaule et le questionna à nouveau, un peu espiègle :
— Alors, ta vie géniale, raconte…
Il rit, reconnaissant de sa diversion et se mit à raconter :
— Ma vie géniale… ouais… j’ai réussi, tu sais ? Tous les défis que je m’étais lancé.
Elle lui sourit, amusée d’entendre la petite note d’orgueil dans sa voix. C’était tellement important pour lui. Il s’en rendit compte et grimaça avant de poursuivre :
— Oui, ma vie professionnelle était une réussite, j’ai trouvé un associé, nous avons monté une petite start-up et après des débuts difficiles, ça a plutôt bien marché. J’ai bossé entre quinze et vingt heures par jour pendant plus d’un an et j’ai bouffé un nombre incalculable de conserves froides, dégueulasses.
Ce fut le tour de Lucile de faire la grimace, elle avait toujours été horrifiée par sa façon de se nourrir. Il lui sourit à nouveau et reprit :
— Je n’ai pas touché un pinceau pendant ces interminables années, trop occupé à faire de l’argent pour pouvoir être moi-même. Il ne m’a pas fallu six mois pour regretter d’être parti, mais je ne m’imaginais pas revenir, profil bas et les poches vides. Alors j’ai fait comme toujours, j’ai serré les poings et j’ai foncé… Et je n’ai jamais été aussi malheureux de ma vie… Il soupira, lui sourit et continua sa déclaration, les yeux dans le vague. Je n’en pouvais plus Lucile, à plusieurs reprises j’ai voulu tout plaquer mais j’avais trop peur que tu me… il déglutit… que tu me repousses… J’ai fini par péter un plomb, j’ai failli me jeter par la fenêtre, j’étais mal. Une nuit, j’ai compris que je n’avais pas beaucoup d’options ; la mort ou le retour au pays, alors j’ai tout plaqué, j’ai vendu mes parts de la société et j’ai sauté dans le premier avion. Ça doit te sembler un peu dramatique, mais c’est pourtant ainsi, rien de ce que je faisais là-bas ne m’a rendu heureux, j’étais vide, juste une coquille vide qui fonctionnait comme un robot. J’ai essayé d’oublier, de combler mon vide avec toutes les conneries qui me passaient sous la main, l’alcool, les femmes, même les paradis artificiels… rien, tu entends, rien ne m’a donné envie de continuer à vivre, c’était tellement vain tout ça et ça me correspondait si peu. Alors j’ai fait comme tout le monde, ou presque, je suis allé voir un psy… Mais au fond, les choses étaient très simples, soit je restais dans cette vie et je continuais à me détruire à petit feu en me gavant d’anxiolytiques jusqu’à ce que je trouve le courage d’enjamber le garde-fou. Soit j’admettais m’être trompé de voie et je revenais au seul endroit où je voulais vivre, peindre et faire l’amour…
Il rougit, brutalement conscient qu’il venait d’en dire trop, il s’était laissé emporter par ses émotions, les mots s’étaient échappés, hors de son contrôle et il eut soudain peur. Il se leva, posa sa tasse et défroissa sa chemise du plat de la main d’un geste machinal avant de déclarer :
— Je ferais mieux d’y aller…
Elle réagit comme si il venait de la brûler, elle sursauta et le dévisagea, choquée. Elle balbutia :
—Tu pars ? Je croyais que… je croyais que tu voulais rester au village.
— Eh bien oui, je retourne au village, j’ai toujours ma maison, enfin, la maison de ma mère. J’imagine qu’elle est toujours là, non ?
Elle soupira, soulagée, puis elle rit un peu nerveusement et lui dit :
— Oui, elle est toujours là, mais l’électricité est coupée, je te rappelle, l’eau aussi, à moins que tu aies pensé à faire les démarches avant de prendre l’avion. Et puis ta maison est vide, non chauffée depuis plus de quatre ans, que veux-tu y faire à cette heure ? Manger une conserve froide ?
La boutade le fit rire, en plus, elle n’avait pas tort, c’était le menu qui l’attendait si il avait la chance de trouver une boîte pas trop périmée dans les placards.
— Je t’ai assez dérangée comme ça…
— Ne sois pas bête,  répondit-elle en se levant à son tour.
Elle se dirigea vers la cuisine et Shaman la suivit en baillant, il se dirigea vers le coin où était posée sa gamelle, s’assit et attendit, regardant sa maîtresse avec espoir. Elle ne put s’empêcher de le traiter d’estomac à pattes avant de lui donner sa ration de croquettes. Puis, elle se retourna vers Stéphane qui restait planté dans le salon, indécis et lui proposa :
— Viens, je n’ai pas fait de courses depuis un moment, pour moi toute seule… mais je vais essayer de te proposer mieux qu’une conserve froide.
— Lucile, tu n’es pas obligée de te donner du mal pour moi, je n’en vaux pas la peine.
— Ne sois pas bête, répéta-t-elle avec impatience et ne te sous-estime pas. Et puis, même si je n’ai pas très faim, je vais quand même me préparer un petit quelque chose d’un peu plus savoureux et appétissant qu’une conserve. Alors, pour moi toute seule ou pour nous deux, ça ne fera pas une grande différence et ça ne me donnera pas grand mal.
Il acquiesça en souriant, heureux qu’elle prenne soin de lui. Il lui donna un coup de main, il se chargea de dresser la table, préparer le pain, une carafe d’eau, des serviettes pendant qu’elle tranchait des tomates, écalait des œufs durs, coupait du fromage de brebis en dés pour ajouter à la salade, ouvrait une boîte de thon.
— Tu vois, moi aussi, je sais ouvrir une boîte…
Ils rirent en s’asseyant face à face et elle lui offrit son petit sourire complice qui lui avait tant manqué. Ils se mirent à manger en bavardant. Il se rendit compte qu’il mourait de faim et il dévora tout ce qu’elle avait mis dans son assiette. Ça lui fit du bien de manger, de rire, d’être là, tout simplement. Quand ils eurent fini, elle ramassa les assiettes, leur servit un café et lui proposa :
— Si tu veux, va chercher tes affaires, je vais te préparer la chambre d’amis. Tu peux rester autant que tu veux, le temps de remettre ta maison en état ou te trouver un logement. C’est toi qui vois, je ne sais pas ce que tu as prévu.
— Je n’ai rien prévu… mais dans un premier temps, remettre ma maison en état me semble être une bonne idée. Si tu veux bien, demain j’appellerai la compagnie d’électricité, oui, je crois que c’est le mieux à faire.
Elle acquiesça, sourit et ajouta :
— J’ai toujours le vieux 4X4 de Yanis, tu pourrais rendre ta voiture de location, je t’accompagnerai, j’en profiterai pour faire quelques courses. Si tu as besoin d’une voiture, tu pourras utiliser celle-là, je m’en sers peu, je n’aime pas quitter ma tanière. Et pour les petits trajets comme aller au village, je vais le plus souvent à pieds ou en vélo, tu ne me priveras pas en l’empruntant.
— D’accord, répondit-il en lui prenant la main pour l’embrasser, mais à une condition ; c’est moi qui paie les courses.
Elle retira sa main, contrariée et lui répliqua :
— Je ne suis pas à ce point-là dans le besoin, je peux encore inviter un ami sans pour autant être réduite à la mendicité.
— Quand je pense que tu me reprochais souvent mon orgueil et mon talent inné à prendre la mouche pour rien, bougonna-t-il, amusé. Eh bien, bienvenue au club, Lucile. Moi, je n’ai pas l’habitude de me laisser entretenir, il est hors de question que je ne participe pas.
Elle leva les mains en signe de reddition et consentit :
— D’accord, je peux comprendre que ça te gêne, même entre nous. Mais… tu n’as pas de travail, comment comptes-tu faire face financièrement ? Surtout si tu veux remettre ta maison en état…
— Je te l’ai dit, j’ai vendu mes parts de la société que j’ai démarrée, même si je me suis décidé très vite et que je les ai laissées partir pour moins que leur valeur réelle, j’ai de quoi voir venir, ne t’inquiètes pas pour moi. Je ne suis plus le gagne-misère de tes souvenirs.
Elle le contempla, ébahie. Il débordait de suffisance en prononçant ces derniers mots et ça agaça Lucile, lui fit peur aussi. Il n’avait rien compris… Elle tenta de lui expliquer, maladroite :
— Stéphane, ça ne change rien… pour moi, je m’en fiche, je te souhaitais juste d’être heureux ; manifestement ça n’a pas été le cas et j’en suis sincèrement désolée. Ici, tu étais sans cesse en conflit avec une poignée de crétins arriérés. Tu ne voyais pas tous les autres, pourtant nombreux qui s’en moquaient et qui savaient voir que tu étais un garçon honnête et courageux. Les années ont passé, les mentalités ont évolué, mais pour les crétins arriérés du village qui t’ont toujours méprisé, pour eux, ça ne changera rien. Tu peux être devenu le maire de Paris, de New-York, de Los Angeles ou même le Roi du monde, pour eux, ici, tu restes Stéphane Dupré, fils de personne, le bâtard de Camille, la fille Dupré qui a mal tourné.
Il blêmit, il ne s’attendait pas à ce qu’elle lui parle ainsi, pas elle. Ses poings se serrèrent avec rage et ses ongles pourtant courts imprimèrent leur marque dans les paumes de ses mains. Il se leva brusquement faisant basculer sa chaise, la toisa brièvement d’un air mauvais et sortit d’un pas raide, laissant la porte ouverte dans son dos. Il se précipita vers la petite voiture rouge, Lucile sur les talons. Elle le retint par le bras en suppliant :
— Stéphane…
Mais il se dégagea d’un geste brusque, refusant de l’écouter, de la regarder, il la repoussa et elle tomba à la renverse sur les dalles de l’allée. Il s’arrêta, inspira plusieurs fois pour tenter en vain de se calmer avant de se retourner vers elle, les poings toujours serrés, le front buté et les yeux noirs de colère, dans la même posture de défit qu’autrefois, prêt à en découdre avec le monde entier.

Tout le village était venu à l’enterrement de Grégoire Dupré, pas seulement pour rendre un dernier hommage au vieil homme, il avait bien trop mauvais caractère pour être regretté par de nombreuses personnes, mais pour apporter leur soutien à Camille, sa fille. Elle avait soigné son père avec dévouement ces dernières années et tout le monde savait qu’elle en avait bavé. Quand il rentrait le soir, le plus souvent éméché, il ne se privait pas pour l’insulter et même la frapper. Tous les voisins l’avaient souvent entendu. Elle avait quitté le village quelques années auparavant suite à une violente dispute avec son père et n’y avait pas mis les pieds pendant près de deux ans. Le vieux Dupré n’était pas réputé être un tendre, mais après le départ de sa fille, il était devenu mauvais comme la teigne, déclenchant régulièrement des bagarres au petit café tabac tenu par Nicole et Pierre Blanchard. Il s’était fait de nombreux ennemis parmi les villageois en cherchant misère pour tout et n’importe quoi. Quand sa fille était revenue, il l’avait reprise sous son toit, mais il lui avait rendu la vie encore plus difficile qu’avant son départ. Elle ne s’était liée avec personne, les commères l’accusaient de faire sa fière mais Camille était trop pudique pour étaler ses problèmes sur la place du village. De plus, elle ne mettait jamais les pieds à l’église, donnant ainsi une raison supplémentaire de jaser. Ce matin froid d’octobre, au moment de laisser tomber rituellement une poignée de terre sur le cercueil, elle avait choqué tout le monde en crachant dans la fosse. Seule Mademoiselle Reine, l’institutrice de la classe des petits avait réagi en l’empoignant fermement par le bras et en l’entrainant de force loin de la tombe et de la foule. Le cortège funèbre s’était disloqué dans la confusion et la plupart des hommes s’étaient retrouvés au petit café pour commenter l’événement devant un verre. Même si le vieux Grégoire était un vieil homme au caractère de cochon, acariâtre, la réaction de sa fille semblait malgré tout disproportionnée. Tout le monde aurait compris qu’elle ne soit pas accablée de chagrin, mais cracher sur le cercueil, tout de même, c’était un peu fort.
Le lendemain, elle avait donné encore plus matière à critiquer ; levée de bonne heure, elle avait pris le car pour la ville. Quand elle était revenue, le soir même, elle tenait un petit garçon par la main. Elle était rentrée chez elle, la tête droite, sans un mot ni un salut envers ceux qui avaient bravé le froid pour sortir sur le pas de leur porte en la voyant débarquer avec ce gamin maigrichon. Le lundi suivant, elle l’avait emmené à l’école du village et l’avait inscrit dans la classe de Mademoiselle Reine. Il n’y avait pas eu besoin de longtemps pour que toute l’école, puis tout le village sache qu’il s’appelait Dupré, comme sa mère. Evidemment, les remarques n’avaient pas tardé à fuser, cruelles. A la récréation, un attroupement de garnements s’était formé autour de lui, ils le bousculaient, se le renvoyaient en chahutant jusqu’à ce que Victor, le meneur de la bande ait l’idée géniale de le surnommer « enfant de coucou » en référence à l’habitude de ces oiseaux d’aller pondre leurs œufs dans les nids des autres oiseaux. Ils se mirent à danser en rond autour de lui en imitant le cri du coucou. Mademoiselle Reine était intervenue en menaçant les fauteurs de trouble de les conduire devant le directeur et d’écrire à leurs parents. La troupe s’était dispersée en continuant de temps en temps à imiter le cri du coucou. Une fois seul, le gamin s’était dirigé vers le fond du préau et s’était assis sur le sol glacé, tremblant autant de froid que de colère et de honte, ravalant difficilement ses larmes. Il n’avait pas fallu longtemps à Victor et deux de ses amis pour se décider à revenir le tourmenter. Le gamin était décidé à ne pas se laisser faire par cette grande brute de dernière année. Il serra les poings et chargea mais le coup de pied le cueillit au vol, le faisant tomber à terre. Les commentaires sur le coucou qui ne savait pas encore voler fusèrent méchamment et il se releva, les genoux écorchés. Il lança le poing vers Victor qui esquiva et le frappa au flanc, le projetant sur son ami.
— Beurk, tu vas me salir à jeter tes crasses sur moi, ricana Paul en le repoussant brutalement.
Lucile avait assisté à toute la scène, elle bouillait intérieurement de rage contre Victor qui se croyait toujours tout permis parce qu’il était grand et costaud et en plus, il fanfaronnait toujours parce que son père siégeait au conseil communal. Rien que des lâches, jamais ils ne s’en prendraient à quelqu’un de plus fort qu’eux ! Elle aussi se sentait lâche de regarder et de ne pas intervenir alors que le spectacle l’écœurait, c’était tellement injuste. Personne n’avait envie d’attirer l’attention de Victor et de sa bande de copains, pourtant, quand ils le jetèrent à terre, une nouvelle fois, ce fut plus qu’elle ne put supporter. Elle se décida brutalement de cesser de faire semblant que tout allait bien et elle se précipita vers le groupe. D’un coup d’épaule, elle bouscula Victor et brisa le cercle qui se referma sur eux.
— Alors, Lucile, tu veux nous donner un coup de main, demanda Victor, hilare.
— Non, ça suffit, laissez-le tranquille !
— Hééé, voyez-vous ça, la Petite Princesse Lucile qui veut prendre la défense du petit bâtard ! Vous allez former un joli couple tous les deux, je suis sûre que ta mère sera ravie d’annoncer les fiançailles, ricana Victor.
— Et la tienne, de mère, elle te dira quoi quand elle saura que tout ce que tu sais faire à l’école, c’est de frapper des petits et encore, t’as même pas le courage de le faire tout seul, t’as besoin de deux copains !
En colère, il s’apprêta à la faire tomber aussi quand il reçut un coup de pied dans le genou qui le déséquilibra. Yanis l’avait eu en plein dans l’articulation. En voyant Lucile se précipiter dans la mêlée, il avait tout de suite compris qu’elle allait au-devant des ennuis. Il ne pouvait pas laisser son amie son montrer plus courageuse que lui et tenir tête toute seule à Victor, alors, il l’avait suivie, prêt à intervenir.
— Touche pas à Lucile, hurla-t-il, furieux.
Voyant que les choses se compliquaient, Victor rameuta ses amis :
— Venez, les gars, on va laisser les bébés ensembles !
Et ils étaient partis en imitant le coucou.
Lucile et Yanis se regardèrent, un sourire de triomphe sur le visage, heureux de s’en être tirés à si bon compte. Ils se tournèrent ensemble vers le petit nouveau qui restait sur la défensive, les poings serrés, un air de défi sur le visage. Lucile s’approcha de lui et lui dit :
— Je m’appelle Lucile, et lui, c’est Yanis, ajouta-t-elle en désignant le gamin dont les boucles brunes dépassaient en bataille de son bonnet et qui la couvait des yeux. Et toi ?
Le gamin ne répondit pas, buté. Elle insista :
— Tu es muet ?
Il secoua la tête avant de cracher, agressif :
— Qu’est-ce que tu m’veux ?
— Je voulais juste me montrer gentille, mais si tu préfères l’accueil de Victor et ses copains, après tout, c’est ton droit ! s’exclama-t-elle, en levant le nez, vexée.
Yanis à ses côtés lui prit la main et ils s’éloignèrent dignement, sans plus lui accorder un regard. Il se mordit les lèvres, pour une fois que quelqu’un se montrait gentil avec lui, c’était lui qui se mettait à mordre. Il baissa la tête et ravala une nouvelle fois ses larmes en frissonnant. Il hésita une seconde supplémentaire, puis il se précipita vers les deux enfants qui s’éloignaient. Arrivé à leur hauteur, il appela :
— Lucile…
Les deux amis se retournèrent vers lui pour le dévisager et il dut réprimer son envie de s’enfuir comme un animal sauvage.
— …Stéphane, souffla-t-il timidement, embarrassé par leurs regards scrutateurs.
Il tremblait, autant de froid que de peur qu’ils ne se mettent eux aussi à se moquer de lui, de ses vêtements trop petits et trop minces pour la saison, de sa tête presque rasée, sans bonnet.  Mais au lieu de l’humilier, elle répéta :
— Stéphane…
Il aima la façon dont son prénom sonnait dans sa bouche, le S un peu sifflé. Il releva la tête pour la regarder et elle lui sourit gentiment. Elle avait perdu une dent de lait sur le devant de la bouche, ce qui expliquait le léger sifflement sur la première syllabe de son prénom. Ses prunelles noisette étaient parsemées de petites paillettes dorées, il les trouva magnifiques. Ne sachant comment relancer la conversation, il se dandina, puis il rassembla son courage et murmura :
— Merci…
— Pas de quoi,  répondit-elle.
— Nous non plus, on n’aime pas Victor, ajouta Yanis pour faire bonne mesure.
Ils se regardèrent et elle lui offrit un merveilleux sourire, plein de complicité. Il déglutit difficilement. Il avait l’impression qu’il venait de se prendre un coup de poing dans l’estomac, la douleur en moins. Puis la sensation se transforma et se mit à irradier dans son ventre comme si il avait avalé un morceau de soleil. A ce moment, la cloche sonna la fin de la récréation et Lucile l’attrapa par la main pour les emmener, Yanis et lui vers les rangs qui se formaient. Il ne songea même pas à résister.


D’un bond, Shaman vint se poster devant Lucile, protecteur.  Quand Stéphane se pencha vers elle pour l’aider à se remettre debout, le chien, se méprenant sur ses intentions, découvrit une rangé de dents impressionnantes. Le grondement monta, s’intensifia, profond comme un roulement de tonnerre. Stéphane hésita devant l’animal, ce qui laissa à Lucile le temps de se relever seule. Elle calma son chien et tendit les mains vers son ami. La diversion avait permis à sa colère de refluer suffisamment pour laisser place à l’ancienne blessure, toujours à vif malgré les années. Il secoua la tête, se sentant trahi et il murmura :
— Pas toi…
— Non Stéphane, pas moi. Jamais je ne penserai ça, écoute-moi, je t’en prie…
Elle lui prit la main et cette fois, il ne se dégagea pas. Elle l’avait blessé et elle s’en voulait. Elle savait, elle avait toujours su, que sous la carapace d’arrogance, sous l’orgueil, la vieille blessure était toujours là, bien vivante, comme un monstre tapi à l’affut, prêt à se réveiller et à le déchiqueter de l’intérieur à la moindre occasion, au moindre coup de pique. S’il débarquait au village en conquistador, il allait se faire descendre moralement, un vrai lynchage en règle, comme au cinéma. Sauf que là, ce serait pour du vrai, ce serait Stéphane et qu’il était bien trop fragile pour subir ça et s’en sortir indemne. Bien sûr, il pouvait se battre, il avait l’habitude d’utiliser ses poings et savait encaisser les coups. Mais les injures, les mots pouvaient blesser sournoisement et faire tellement plus de dégâts qu’un coup de poing. Elle le supplia à nouveau :
— Stéphane, je t’en prie… Je ne voulais pas te faire mal… Je voulais juste que tu comprennes que les choses n’ont pas changé, les gens sont les mêmes et les crétins comme Victor sont toujours des crétins, juste avec quelques années de plus. Et ça change quoi ? Pas grand-chose, tu peux me croire, les vieilles rancunes sont tenaces par ici. Il te hait, Stéphane, ce n’est pas en affichant ta réussite que tu vas t’en faire un ami. Ça lui donnera juste une raison supplémentaire de te haïr ! Tu ne vois pas… il aura des raisons d’être jaloux de toi. Tu ne te rends pas compte ou quoi ! Jaloux de toi, c’est un comble, c’est inacceptable pour quelqu’un comme lui et c’est toi qui prendras la facture dans la tronche, comme avant. Il te connait bien, il sait bien où il doit aller gratter pour te faire mal. C’est comme ça et tu sais que j’ai raison, tu ne pourras pas leur clouer le bec ou leur casser la gueule à tous, tout le temps. Autant jouer les Don Quichotte et t’attaquer à des moulins à vent, c’est peine perdue… Parce qu’ils te tomberont sur le dos, tu peux en être sûr… Oh, pas comme quand nous étions sur les bancs de l’école, mais je ne suis pas sûre que ce soit pour un mieux, se sera plus insidieux, plus… Oh, je ne sais pas, Stéphane, mais j’ai peur. J’ai peur pour toi.
Pendant toute sa déclaration, il était resté immobile, la tête un peu tournée, l’expression figée. Elle l’appela avec douceur :
— Stéphane, regarde-moi.
Il secoua la tête et elle posa une main sur la joue qu’elle avait giflée un peu plus tôt dans la soirée. Elle lui tourna la tête vers elle, mais ses yeux continuaient à la fuir. Alors elle se hissa sur la pointe des pieds, s’accrocha à son cou et l’embrassa avec tendresse. Il sursauta et enfin accepta de la regarder. Une seconde ou une heure, il ne savait pas, ça n’avait pas d’importance. Quand il recommença à respirer, il réagit avec violence, s’empara d’elle et la serra à l’étouffer en gémissant. Quelques minutes passèrent sans qu’il n’esquisse le moindre geste. Elle se dégagea de son étreinte et se dirigea vers sa maison en le tirant par la main pour qu’il la suive. Elle referma la porte derrière eux, enfermant Shaman au jardin avant de revenir se blottir contre lui. Elle le dévisagea, lui sourit et glissa la main dans ses cheveux, la laissa descendre dans son cou et détacha les boutons de sa chemise. Il tenta de la raisonner :
— Lucile… je ne vais pas pouvoir me comporter sagement très longtemps.
— Qui t’a demandé d’être sage ? répliqua-t-elle, amusée.
Elle se serra contre lui, appuya son ventre contre son sexe qu’elle devina tendu sous son jeans. Il gémit à nouveau :
— Lucile…
— Ne dis rien, Stéphane… ne dis rien… embrasse-moi…
Il lui caressa la joue d’une main tremblante, l’attira à lui et l’embrassa avec tendresse, avec tout l’amour dont il débordait pour elle. Ce fut comme autrefois, d’un seul coup, le désir brûlant le consuma, le feu se mit à courir dans ses veines, dévastateur comme un incendie de forêt. Il l’entraîna vers le salon, l’allongea sur le canapé et s’assit en équilibre sur le bord du siège, à ses côtés. Tout en continuant à l’embrasser fiévreusement, il releva sa jupe sur son ventre et glissa sa main sur ses fesses, sous l’élastique de son slip. Il tira vers le bas et elle souleva les hanches en se tortillant pour l’aider à la débarrasser du sous-vêtement. A bout de souffla, elle haleta :
— Viens…
Il s’agenouilla sur le canapé, entre ses cuisses et détacha sa ceinture. Le cliquetis de la boucle, puis, le bruit de la fermeture éclair qu’il descendit la firent frémir d’impatience. Elle ressentit un doux pincement au fond de son ventre, comme une promesse de plaisir. Elle l’attira à elle en gémissant, se souleva à nouveau pour l’accueillir en elle. Puis, rien d’autre n’exista, rien d’autre que le rythme de leurs hanches et leurs souffles mêlés.


Merci d'avoir eu le courage de lire...

Bonne journée
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MessageSujet: Re: "Luciole" Chapitre 2   "Luciole" Chapitre 2 EmptyMer 24 Juil 2013 - 13:17

Je suis en train de te lire, je n'ai pas fini (je suis arrivée environ à la moitié) mais je te fais déjà part de ce que j'ai relevé pour le moment :

Citation :
— Peur de quoi ? s’étonna-t-elle.

Citation :
— Tu as oublié ? questionna-t-il d’une voix rauque. Tu as oublié mon dernier coup de fil ?

Citation :
À (pour faire un À tu appuies sur Alt (à gauche de l'espace) et tu te tapes "183" sur le pavé numérique, tout à droite du clavier, puis tu laches Alt) la fin de la journée de travail, ils revenaient toujours éreintés, mais heureux de leur journée au grand air à utiliser leurs muscles.

Citation :
— Pardon, sanglota-t-elle, je ne le pensais pas… J’avais si mal… Je t’en voulais d’être parti... À (de même) cette période, j’en voulais au monde entier. À moi, à toi, même à Dieu, mais surtout à moi...

Citation :
À défaut de lucioles, il lui offrait des libellules et ils avaient ri tous les trois de ce cadeau original et quelque peu enfantin.

Citation :
— Le sens-tu ? demanda-t-il brusquement.

Citation :
— Tu es passé par le village, par chez toi, en venant ? interrogea-t-elle, abrupte.

Citation :
— Depuis quand as-tu besoin de mon autorisation pour t’installer où tu veux ? Tu es chez toi ici et je suis heureuse que tu sois revenu… (à la ligne) Elle rougit, baissa la tête et ajouta :


Citation :
— Je n’ai pas touché un pinceau pendant ces interminables années, trop occupé à faire de l’argent pour pouvoir être moi-même. Il ne m’a pas fallu six mois pour regretter d’être parti, mais je ne m’imaginais pas revenir, profil bas et les poches vides. Alors j’ai fait comme toujours, j’ai serré les poings et j’ai foncé… Et je n’ai jamais été aussi malheureux de ma vie… (à la ligne) Il soupira, lui sourit et continua sa déclaration, les yeux dans le vague.
Je n’en pouvais plus Lucile, à plusieurs reprises j’ai voulu tout plaquer mais j’avais trop peur que tu me… il déglutit… que tu me repousses…

En tout cas c'est vraiment très très bien écrit, Zihânn, je retrouve avec plaisir ton histoire, tes personnages et ton très beau style ! Je lirai la suite un peu plus tard. Mais je peux déjà te dire : bravo ! "Luciole" Chapitre 2 631762 Ce qu'il y a entre cette femme et cet homme, c'est très fort, tes mots nous le transmettent parfaitement bien ! 
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MessageSujet: Re: "Luciole" Chapitre 2   "Luciole" Chapitre 2 EmptyMer 24 Juil 2013 - 13:49

Un tout grand merci à toi Mélany.
Je ferai ces quelques corrections ce soir, c'est vraiment gentil à toi de t'être penchée sur ma prose et de me donner ton avis.

Merci aussi pour le "À" . Je ne connaissais pas le code, j'en prends bonne note.

"Luciole" Chapitre 2 123743 

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MessageSujet: Re: "Luciole" Chapitre 2   "Luciole" Chapitre 2 EmptyMer 24 Juil 2013 - 20:02

Tu pourras trouver tous les codes des lettres un peu spéciales que l'on ne trouve pas sur le clavier ici, j'avais fait un sujet spécial pour cela :

http://www.lamagiedelapoesie.com/t3216-accent-sur-les-lettres-en-majuscules-codes-ordi

J'essayerai de lire la suite demain. Ton histoire est vraiment très intéressante et très bien écrite !! J'aime beaucoup ton style, tu es douée. "Luciole" Chapitre 2 631762 
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MessageSujet: Re: "Luciole" Chapitre 2   "Luciole" Chapitre 2 EmptyJeu 25 Juil 2013 - 8:57

"Luciole" Chapitre 2 676827 

Je n'avais pas vu ce sujet... Il faut dire qu'il y a beaucoup de sujets intéressants...

Merci aussi pour les compliments... Embarassed 
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MessageSujet: Re: "Luciole" Chapitre 2   "Luciole" Chapitre 2 EmptySam 27 Juil 2013 - 22:02

Bon, ça y est, j'ai fait une première lecture "pour mon plaisir" j'ai remarqué quelques fautes, mais vraiment pas beaucoup, je ne sais pas si j'aurai le temps  de les corriger avant de partir, sinon ce sera pour le mois d'Août, à mon retour.
"Luciole" Chapitre 2 969920 

J'aime vraiment beaucoup, même s'il me semble que le chapitre est un peu long (mais bon, c'est peut-être parce qu'il est tard !)
Les personnages sont décrits avec beaucoup de finesse et le "drame" de Stéphane  particulièrement bien amené. Aucun doute, tu as beaucoup de talent.
J'ai remarqué aussi quelques "régionalismes" (déjà au premier chapitre quand tu parles d'un "coup d'essuie" ça m'a fait sourire) mais je ne suis pas certaine que tu doives y changer quoi que ce soit (peut-être mettre en note de bas de page la "traduction" en français (on dirait plutôt un "coup de torchon")

Bonne nuit, la suite plus tard, je suis hs, les enfants m'ont épuisée aujourd'hui!
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MessageSujet: Re: "Luciole" Chapitre 2   "Luciole" Chapitre 2 EmptyLun 29 Juil 2013 - 12:01

Un tout grand merci pour ton appréciation

C'est fou, les abominables fôtes... Et pourtant, je les traque impitoyablement... Pffffff, pas assez, sans doute...

Pour les "régionalismes", j'en suis consciente, mais comme mon histoire se déroule en Belgique, j'ai préféré garder la façon de parler du lieu.

C'est vrai que dans les premiers chapitres, ce n'est pas flagrant, je ne cite pas le lieu de façon précise et je ne date pas non plus, mais je fais quelques réflexions qui permettent de situer, tant dans l'habillement des gens, que dans les mentalités ou les véhicules utilisés. A un moment, je parle même de Francs Belges...

Ce n'est pas non plus que je sois nationaliste de nature, mais plus tard dans l'histoire, puisqu'il y a meurtre, la police intervient... Et je connais mieux le système judiciaire et pénal Belge que le Français. J'ai un bon informateur ; mon papa est gendarme à la retraite et il m'a donné de précieux conseils sur la façon dont un interrogatoire se déroule ainsi qu'au niveau procédure d'arrestation et d'inculpation.

Encore merci à toi d'avoir pris le temps de lire et de commenter.

"Luciole" Chapitre 2 94864 

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MessageSujet: Re: "Luciole" Chapitre 2   "Luciole" Chapitre 2 EmptyLun 5 Aoû 2013 - 8:52

J'ai lu ce chapitre sans avoir relu le 1 pour me remettre l'histoire en tête et je me suis rendu compte que : pas besoin !
Tout m'est revenu dès les premières lignes, avec toujours la même émotion et la même passion. Stéphane m'a fait pleurer à deux reprises, le bougre.
Est-ce que tu postes tes chapitres au fur et à mesure que tu les écris ou es-tu beaucoup plus avancée dans l'écriture de ton roman ? (j'ai trop trop hâte de le trouver en librairie !)

Ah; juste une toute petite note négative, pour moi : je trouve la fin de ce chapitre un peu trop rapide (pas assez de préliminaires à mon goût... c'est mon côté romantique) "Luciole" Chapitre 2 866440 

Si tu n'as pas encore de fan club, je veux être la présidente !
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MessageSujet: Re: "Luciole" Chapitre 2   "Luciole" Chapitre 2 EmptyLun 5 Aoû 2013 - 9:22

Merci Embarassed 

Je suis beaucoup plus avancée dans l'écriture, j'en suis au chapitre 18... Mais je poste seulement après avoir laissé un peu décanter et puis relu pour traquer les fautes. Mais de là à le trouver un jour en librairie, il y a encore du boulot...

Désolée de t'avoir fait verser une larme par l'intermédiaire de Stéphane... Ce n'était pas le but... Je voulais juste expliquer un peu la personnalité de "l'individu", lui donner un côté humain, avec ses forces, ses faiblesses et ses failles. Parce que c'est important pour la suite de l'histoire...

Pour la fin du chapitre, j'y réfléchirai... Je ne comptais pas faire dans le romantique, plutôt montrer l'impatience des personnages à se retrouver après une longue séparation.

En ce qui concerne la présidence du fan-club, la place est déjà tenue par mon mari et je doute qu'il cède la place à qui que ce soit. Par contre, tu peux prendre la place de vice-présidente... Wink 

Merci d'avoir lu et commenté

"Luciole" Chapitre 2 247280 
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MessageSujet: Re: "Luciole" Chapitre 2   "Luciole" Chapitre 2 EmptyMar 6 Aoû 2013 - 7:48

Ne sois pas désolée de m'avoir fait pleurer ! Pour moi, un bon livre est un livre qui me fait pleurer. Si je ne pleure pas, c'est qu'il ne dégage pas assez d'émotions, et les émotions sont mon moteur.
Donc si tu en as encore en réserve, n'hésite pas, j'adore ça !

Quand à la fin, je comprends bien, en effet, qu'ils aient été très pressés. C'est juste qu'ils rougissent et font les timides pendant tout le chapitre, ils se tournent autour sans oser se toucher et d'un seul coup, ils se sautent dessus comme des bêtes... pour moi le décalage est trop brutal. Peut-être que si tu amenais ça par les pensées de l'un et de l'autre, ou en décrivant leur désir qui monte, des frôlements, la chaleur, je ne sais pas...
Mais bon, c'est juste mon avis. Si je suis la seule à penser ça, oublie !

Smile 
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MessageSujet: Re: "Luciole" Chapitre 2   "Luciole" Chapitre 2 EmptyMar 6 Aoû 2013 - 8:03

Merci pour ton avis.
Je n'avais pas vu ça comme ça... Pour moi c'était évident que le désir couvait, mais qu'ils étaient embarrassés par la situation. Dès que la barrière est tombée, forcément, la température est montée rapidement. Mais je n'avais pas du tout eu l'impression qu'ils se "sautent dessus comme des bêtes"...
Je ne sais pas si tu es la seule à penser ainsi... Tu es la seule a avoir exprimé un avis dans ce sens. Je vais y réfléchir et en tenir compte.
C'est vrai que je parle à un moment de l'avis de Stéphane, qu'il voudrait bien, mais qu'il avait peur que son désir soit déplacé dans les circonstances. Je devrais peut-être ça et là insérer des réflexions de Lucile qui iraient dans le même sens.
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MessageSujet: Re: "Luciole" Chapitre 2   "Luciole" Chapitre 2 EmptySam 17 Aoû 2013 - 20:39

J'ai enfin lu la fin de ce chapitre ! Pardon pour le retard, Zihânn. Embarassed

Alors, j'ai beaucoup aimé le flash back en italique, c'est très intéressant de voir comment s'est déroulée leur rencontre ! Pauvre Stéphane, en revanche, dur dur d'être le souffre douleur... et d'être un "bâtard" aux yeux de tous... horrible de grandir dans ces conditions ! C'est logique qu'il garde cette blessure encore maintenant, des années après.
Heureusement que Lucile est là ! Pour le conseiller, le calmer, le raisonner...
Le chapitre finit en beauté en tout cas ! Après tant de tension, waouh... mais ça ne me surprend pas que leur désir explose d'un coup comme ça. On sent la tension entre eux pendant tout le chapitre, je savais que ça allait arriver.

En résumé, c'est un très très bon chapitre, félicitations Zihânn !! "Luciole" Chapitre 2 631762
Tu as vraiment un style très propre et riche, j'aime beaucoup te lire. Par contre je n'ai pas remarqué de "tournures belges", pourtant je suis loin de l'être lol !

Quelques petits trucs :


Citation :
— Je te l’ai dit, j’ai vendu mes parts de la société que j’ai démarrée, même si je me suis décidé très vite et que je les ai laissées partir pour moins que leur valeur réelle, j’ai de quoi voir venir, ne t’inquiètes pas pour moi. Je ne suis plus le gagne-misère de tes souvenirs.
(J'ai un doute, ce n'est pas plutôt "de quoi tenir" ?)

Seule Mademoiselle Reine, l’institutrice de la classe des petits, avait réagi en l’empoignant fermement par le bras et en l’entrainant de force loin de la tombe et de la foule.


Évidemment, les remarques n’avaient pas tardé à fuser, cruelles.

À la récréation, un attroupement de garnements s’était formé autour de lui, ils le bousculaient, se le renvoyaient en chahutant jusqu’à ce que Victor, le meneur de la bande, ait l’idée géniale de le surnommer « enfant de coucou » en référence à l’habitude de ces oiseaux d’aller pondre leurs œufs dans les nids des autres oiseaux.

— Alors, Lucile, tu veux nous donner un coup de main ? demanda Victor, hilare.

À ce moment, la cloche sonna la fin de la récréation et Lucile l’attrapa par la main pour les emmener, Yanis et lui, vers les rangs qui se formaient. Il ne songea même pas à résister.

sous son jeans. Il gémit à nouveau :
(Tu es sûre qu'il y a un -s à "jean" ?)

À bout de souffla, elle haleta :
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MessageSujet: Re: "Luciole" Chapitre 2   "Luciole" Chapitre 2 EmptySam 17 Aoû 2013 - 22:44

Je m'aperçois que je n'ai pas relu ton chapitre... pardon, je m'en occupe dès demain ! (j'ai vu que Melany a laissé des fautes!)
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MessageSujet: Re: "Luciole" Chapitre 2   "Luciole" Chapitre 2 EmptyDim 18 Aoû 2013 - 15:10

Je ne suis pas très forte pour trouver les fautes, Myrrha ! Embarassed À part pour les fautes de ponctuation, et encore.
Toi, tu as vraiment l'oeil en revanche, c'est impressionnant ! elephant 
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MessageSujet: Re: "Luciole" Chapitre 2   "Luciole" Chapitre 2 EmptyDim 18 Aoû 2013 - 19:04

Citation :
Spoiler:

.Voilà
j'ai trouvé encore quelques imperfections mais je pense que ça correspond plutôt à ton style, aussi je préfère ne pas te les signaler.

Maintenant, j'ai hâte de lire la suite!
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MessageSujet: Re: "Luciole" Chapitre 2   "Luciole" Chapitre 2 EmptyMar 20 Aoû 2013 - 8:11

Ah oui, tout de même !

C'est fou Myrrha, qu'est-ce que tu as l'oeil ! Bravo !

J'ai remarqué qu'il y a des fautes de concordance de temps, entre autres... je serais bien incapable de corriger ça perso, lol... Embarassed 
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MessageSujet: Re: "Luciole" Chapitre 2   "Luciole" Chapitre 2 EmptyMar 10 Sep 2013 - 12:57

Ah oui, quand même... J'ai un peu honte d'avoir laissé tant d'erreurs...

Un tout grand merci à toutes les deux pour les corrections, je vais regarder ce soir pour corriger mon texte...

Vous êtes géniales... En général, je me trouve plutôt bonne en orthographe, du moins dans le cercle de mes connaissances, je sers souvent de correctrice et là.... Je retombe bien bas...

Merci à vous d'y avoir consacré un peu de votre temps

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MessageSujet: Re: "Luciole" Chapitre 2   "Luciole" Chapitre 2 EmptyMar 10 Sep 2013 - 16:04

Il y a les "fautes de frappe"  (ça arrive à tout le monde) , les fautes d'inattention (qu'on "voit" rarement soi-même) et puis les fautes dues à un mauvais apprentissage à l'école... Lorsque j'étais enfant, il n'y avait pas de demi-mesure. Une faute coûtait 4 points, 5 fautes = zéro ! Mais pour moi, c'était un jeu et ça me fait sourire de dire que j'ai eu très souvent  en primaire, le "1er (ou le 2e) prix d'orthographe"  ... et j'étais aussi excellente en grammaire... (beaucoup moins en histoire ou en dessin!)
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MessageSujet: Re: "Luciole" Chapitre 2   "Luciole" Chapitre 2 EmptyDim 15 Sep 2013 - 12:58

Ça ne m'étonne pas que tu étais la première, Myrrha ! Tu es vraiment trop forte en grammaire et conjugaison !!

Tu n'as pas à avoir honte, Zihânn... C'est plus dur de trouver ses propres fautes parce qu'on connait l'histoire que l'on a écrite, et même en relisant bien il y en a toujours qui nous échappent !
Mais ne t'en fais pas, notre super-Myrrha est là ! Smile
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MessageSujet: Re: "Luciole" Chapitre 2   "Luciole" Chapitre 2 EmptyDim 15 Sep 2013 - 13:47

Oui, heureusement que super-Myrrha est là !

Parfois, en me relisant à voix haute, j'entends bien que ça ne va pas parfaitement, mais je n'arrive pas toujours à mettre le doigt sur ce qui cloche...

Pourtant, à l'école, j'ai toujours été la première aussi en Français... Mais il faut reconnaître qu'il y a un nivellement par le bas depuis quelques années... Mais bon, c'est un autre débat...
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MessageSujet: Re: "Luciole" Chapitre 2   "Luciole" Chapitre 2 EmptyDim 15 Sep 2013 - 18:43

"Luciole" Chapitre 2 415486 C'est beaucoup plus facile de voir les fautes des autres que les siennes ... il m'arrive aussi d'en faire, même si ce n'est pas très souvent mais si je suis fatiguée, je peux écrire "mais" alors que je m’apprêtais à écrire "même" ou  juste parce que ma pensée va beaucoup plus vite que mes doigts pour taper...

Smile
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