Sur la branche de l'arbre de ma vie, un jour d'été, alors que je ne m'y attendais pas, un merveilleux oiseau aux plumes chamarrées vint se poser. Son regard plein de vie et de tendresse déposa dans les miens une caresse que je ne peux oublier, encore aujourd'hui.
Le bruissement de mes feuilles se réveilla pour lui souhaiter la bienvenue et l'accueillir avec splendeur et dignité.
Ces yeux verts transpercèrent mon écorce pour chercher au centre de mon être, le meilleur de mon cœur de bois.
Cet oiseau, si léger si délicat, en prenant le temps de se poser sur mon écorce me prit le reste de mes désirs de partir, de me déraciner : l'univers, à moi, tout entier, se présentait !
Je n'entendis pas tout de suite son chant : hypnotisé par le plumage irisé bleu argent, sens en suspens, éblouis par sa lumière mes yeux et toute ma tête étaient captifs de son aura.
Lorsque mon attention libérée de cet éclat se fixa sur la mélodie de ses mots, je compris que je n'ai jamais entendu plus belle musique et admiré plus beau ravissement.
Je vivais un instant particulier de musique et de douce folie : j'acceptais ma condition d'arbre grâce un coup de vent taquin et coquin qui me déposa ce bel instant d'amour et de joie qu'aujourd'hui, toujours, je n'oublie pas...