AUTEUR : Mme BRIGITTE LARDIER
RACHEL DELAFONTE, propriètaire d’un grand hôtel dans le
sud près de la frontière espagnole, mère de deux enfants, ISABELLA huit ans et
BYRON trois ans presque, se promenait à cet endroit qu’elle avait tant aimé
avec le deuxième homme de sa vie, LEWIS WOOLPARK, américain d’origine. Elle
n’avait vraiment pas eu beaucoup de chance avec eux.
Le premier PAUL-ALEXANDRE DUMAS s’était éteint à l’âge de
vingt deux ans d’une leucémie avant de reconnaitre sa fille. Le second, grand
amour de sa vie avait été rappelé en Amérique pour ses affaires et il y avait
trouvé là-bas une mort tragique avant de revenir près de celle qu’il aimait
profondément. Enfin c’est ce qu’il avait fait croire à RACHEL car de son
accident, il ne s’en était pas vraiment sorti très indemne et il ne voulait pas
de la pitié de celle-ci.
Trois ans, presque quatre s’étaient passés depuis ce
drame affreux et LEWIS avait subi opération sur opération. Aujourd’hui il
vivait sous un nom d’emprunt OLYVER CARPENTER dans une grande villa qui donnait
sur la mer dans ce village qu’ils avaient tant aimé tous les deux et où ils y
avaient été tant heureux. Il avait retrouvé un peu de sa motricité à force d’acharnement
et il venait d’être opéré de ses yeux. Une immense cicatrice barrait sa joue
droite, laissant un souvenir très douloureux de son passage.
Au village on
connaissait celui-ci pour sa générosité et sa gentillesse mais aussi pour
l’immense tristesse qui se dégageait de lui. Il avait gardé un charme fou
malgré cette cicatrice qui le défigurait un peu et le faite qu’il marchait avec
des béquilles et beaucoup de jeunes filles du village auraient aimé un simple
regard ou geste venant de lui. Mais il n’avait d’attention que pour les enfants
ou personnes handicapés du centre qu’il avait fait construire et où les
meilleurs soins étaient prodigués à toutes ces personnes en détresse même si
elles ne pouvaient pas payer.
Ce qu’il n’avait pas prévu c’est que RACHEL serait
revenue faire un pèlerinage sur cet endroit où l’amour avait fleuri en son
cœur. Là il se tenait sur la rambarde de la jetée regardant la mer et ses
effluves. De larges lunettes noires de protection ornaient le haut de son
visage. Il était perdu dans ses souvenirs et ne faisait guère attention aux
personnes qui se promenaient sur la jetée. Il avait beaucoup maigri suite à ses
fréquents séjours à l’hôpital.
Pendant ce temps là RACHEL avait habillé ses deux enfants
et elle se promenait avec eux et sa chienne des Pyrénées DOLLY de huit ans
qui surveillait comme une maman poule BYRON, petit diablotin tout gentil mais
assez remuant. DOLLY avait senti une odeur qu’elle connaissait et dont elle
n’avait rien oublié depuis presque quatre ans et sa queue remuait de plaisir.
Mais son devoir avant tout était de surveiller ce bambin qui faisait rouler son
ballon qui, de bien entendu vint butter contre les jambes d’OLYVER ALIAS LEWIS.
BYRON : « pardon Monsieur, tu as du mal à tes
jambes ? Tu veux un bisou pour guérir ? Maman dit que les bisous,
c’est fait pour aller mieux et guérir ! »
DOLLY vint se blottir contre lui, lui réclamant un câlin et ISABELLA regarda cet
homme qui lui rappelait tant ce papa qu’elle avait aimé et elle lui
dit : « dis tu es un ange ? Tu ressembles à mon
papa !!! »
LEWIS avait sursauté quand ce ballon était venu le
toucher mais là, il se demandait s’il ne rêvait pas debout. Cette petite fille
qui avait pris son cœur comme sa mère, cette chienne dont il garde des
souvenirs merveilleux étaient là devant ses yeux. Mais ce petit garçon, qui
était-il ? Et où était RACHEL ? De grands yeux malicieux le regardait
sans hésiter et BYRON lui dit : « c’est papa redescendu du
ciel ! « Puis tout joyeux, il cria vers sa
mère : « maman, papa est revenu…. »
RACHEL qui regardait dans leurs direction et qui n’était
jamais loin de ses enfants avait blêmi en voyant cette silhouette qui lui
semblait tellement familière et elle se rapprocha d’eux ! Rêvait-elle
toute éveillée ? Mais on entendit une voix venir de très
près : « Mr CARPENTER, il vous faut rentrer maintenant !
Vous allez trop vous fatiguer ! Il faut vous ménager ! » Une
infirmière se rapprocha avec un fauteuil roulant où il lui obligea à prendre
place. Attention mon petit bonhomme ou tu vas tomber ce Monsieur, dit-elle à
BYRON. »
RACHEL avait comme reçu plusieurs coups au cœur en voyant
cet homme handicapé qui ressemblait tant à l’amour de sa vie mais ce n’était
qu’une illusion, un mauvais coup du sort. Elle était pourtant sure que cet
homme le regardait derrière ses lunettes et on dirait même qu’il pleurait. Puis
elle entendit la voix de cet homme qui tremblait : « ce n’est
rien GENEVIEVE, ce n’est qu’un enfant ! Il regardait cet enfant et il
repensa à ce petit frère qu’il avait perdu ! Il lui ressemblait
étrangement ! Mon Dieu, pensa t’il, serait ce mon enfant ? »
Puis il entendit cette voix qu’il aimait tant et qui
hantait ses nuits : « BYRON, voyons et toi aussi DOLLY, n’ennuyez pas
Monsieur CARPENTER ! Ce n’est papa, il est au ciel avec les anges. Ce
Monsieur lui ressemble, c’est tout ! » Puis elle prit dans ses bras son
bambin devenu grognon. Des larmes de chagrin trop longtemps retenues dévalèrent
sur le visage de RACHEL qui ne pouvait les retenir et il l’entendit dire tout
bas : « Mon DIEU, pourquoi me faites vous tant et encore
souffrir ? Je vous en prie, ne vous en prenez pas à mes enfants !
BYRON est tout ce qu’il me reste de mon amour pour son père. Ne me l’enlevez
pas lui aussi ! Son père est près de vous et il n’a plus de famille que
moi et ma fille ! Trouvez lui un donneur s’il vous plait !
« «
Ses nerfs craquaient devant cet inconnu cloué dans cette
chaise qui ressemblait tant à celui qu’elle avait perdu ! LEWIS quant à
lui avait blêmi à ces murmures qu’il avait très bien entendus. Ca recommençait
pour cet enfant dont il était sur que c’était son fils comme avec son jeune
frère. Il ne pouvait pas encore dire la vérité à RACHEL mais il ne pouvait
laisser mourir son fils. Aussi il lui dit la voix enroué par
l’émotion : « pardonnez moi, je viens d’entendre ce que vous
venez de dire et pourquoi, n’iriez vous pas au centre médical de cette ville.
Il peut y avoir des miracles parfois…Regardez moi, je ne pouvais plus
marcher….J’étais aveugle et là j’ai eu un donneur ! Ca fait mal mais les
miracles existent ! Allez les voir de ma part !