Les amants de la plume
Au loin iront s’aimer les amants de fortune
Tendrement enlacés sur les bords du rivage
Regardant cette mer mouvante de dunes
Écumant, enivrant et calmant paysage
Sur lequel s’en vont flotter les rêves pieux,
Tels des goélands s’échouant sur la grève,
Se brisant sur l’onde du transport amoureux
Sont ces baisers mourant sur ces lèvres
Le songe se termine avec les derniers embruns
Qu’apporte en renfort un malin vent d’Ouest
Ne reste sur la plage qu’un souvenir incertain
Des amants d’autrefois dont on chantait la geste
Une brise soudaine réveille l’automne
Au temps béni d’un Printemps révolu
Le cœur, en joie, une chanson entonne
Vieille rengaine qu’il n’espérait plus
Le train entre en gare, le regard se met en train
De cueillir le moindre détail, fut-il anodin
Fouillant les voyageurs, il cultive l’espoir
De voir apparaître sa princesse de jasmin
Au bout du quai, soudain, il s’allume
Se fixe sur sa silhouette, ausculte les couleurs
Le cœur bat la chamade, l’esprit s’embrume
Se pourrait-il qu’aujourd'hui, il ne supporte ce bonheur
D’un pas tranquille, lentement, elle s’avance
Comme portée par un léger, petit vent froid
Encore une fois l’histoire recommence
L’histoire merveilleuse des amants d’autrefois
Les tableaux sont accrochés au fond du couloir
Comme pour mieux protéger leur intimité
Les gens qui passent ne peuvent entrevoir
Qu’ils passent à côté de leur éternité
Au loin iront s’aimer les amants de la plume
Dont les mots bleus silencieusement s’envolent
Vers des rivages inconnus, aux franges frivoles,
Voguant sur la crête de l’onde d’écume