Pendant que tu travailles durement penchée sur ton cahier, je prends soin de la terre de nos pères sous l'ardeur du soleil. La pluie se met à tomber abondamment, mais je ne m'en cache pas. Je la regarde dans les yeux, fermant mon regard et lui ouvrant les bras, laissant son affection caresser mon corps. Maintenant que je suis baigné de la bénédiction de nos mères, je rentre bien au chaud. On m'y attend pour me gronder et me sécher, je souris et ris allègrement, insouciant. Ils ne savent pas.
La pluie fait son oeuvre et prend congé délicatement. Le printemps triomphe, récompensant le paysan que je suis. Les champs de maïs resplendissent de mille feux alors que je me promène parmi eux. Au milieu de toutes ces bénédictions, j'aperçois une douce silhouette s'aventurer sur le chemin de terre qui n'est pas loin. C'est ta chère personne, fatiguée sur le chemin du retour. Malicieusement, je me rapproche de toi, restant au milieu de cette verdure généreuse, contemplant tes cheveux silencieusement.
Tu ne te doutes pas de ma présence, alors que je marche à tes côtés, au milieu de ce champ de maïs. Pieds nus, j'imite le rythme de tes doux pas. Habilement, je me faufile entre eux, ne te lâchant pas du regard. Tu es tête baissée, pensive, certainement concentrée sur ce que tu as appris aujourd'hui. Pour ma part, ce sont tes paupières que je contemple à défaut de pouvoir croiser ton délicat regard. Me voilà déjà à la fin du champ, restant timidement caché, alors que tu continue ton chemin seule vers ton humble demeure...
Soudain, tu finis par te retourner, me voyant ainsi caché au milieu de cette charmante verdure. Le soleil se couche et ton regard peine à me reconnaitre... misérable astre ! Il ose importuner ton regard. Prenant mon courage à deux mains, je m'avance alors vers toi, souriant. Hélas, je ne puis t'adresser la parole. Je suis bien trop lâche pour cela. Mais je ne puis te laisser partir les mains vides ! Alors, je t'offre l'épi de maïs que je venais de cueillir. Ne sachant plus que faire, je t'offre un dernier sourire et m'enfuis au milieu des champs de tournesols... ils savent, eux.