Onze travaux d'Hercule

Onze travaux d'Hercule

Et si parmi ses douze célèbres travaux,
Hercule en avait négligé un ?
S’il s’était dit : Non, celui-là est trop idiot,
Trop fatigant ou trop importun.

Alors, l’Hydre de Lerne serait aujourd’hui
Une espèce vivante, peut-être protégée.
Ou le lion de Némée aurait fait des petits,
Le sanglier d’Erymanthe aurait vécu âgé.

La biche aux sabots d’airain n’eût point perdu la course,
On photographierait les oiseaux du lac Stymphale,
Ou les pommes des Hespérides, cotées en bourse,
Attendraient, dorées, la venue d’un cueilleur vénal.

Diomède de Thrace et ses chevaux anthropophages
Se produiraient dans un numéro sous chapiteau,
Ou les Amazones continueraient leurs ravages,
Apparaissant en première page des journaux.

Thésée se morfondrait dans le fin fond des Enfers,
Sans pouvoir casser la figure au Minotaure,
Ou les troupeaux de Geryon, gardés par le Cerbère,
Seraient plus inconnus que le vieux mosasaure.

Nul n’aurait jamais osé regarder en face
Le taureau de Crête, mastodonte indompté.
Ne parlons même pas des écuries d’Augias
Qui sentiraient le crottin, la bouse infectée.

On peut se permettre une légère plongée
Dans la mythologie, le temps d’un gentil rêve,
Et se demander ce qui aurait pu changer
Si, un beau jour, Hercule s’était mis en grève.