La fiancée du soldat
Le bruit percutant de la mitraille s'éloigne
Et va sitôt mourir derrière la colline
Un silence de plomb tombe sur l'officine,
Troublé par les plaintes des blessés qu'on y soigne
Je me prends à rêver à une paix lointaine,
De ce temps où, mon amour, me contait fleurette
Là, sur le petit balcon de la maisonnette
Qui résonne encore de nos tendres "Je t'aime"
Le jour décline et fatalement se meurt
Dans cette onde calme, le grand soleil se noie
S'accrochant aux nuages de ses rayons d'or
Enflamme le décor de ses derniers éclats
Une mer, rouge sang, sous ces rayons scintille
Miroitante étendue de dentelle d'écume
Le froid qui descend, je remonte la mantille,
Mais est-ce le temps ou un relent d'amertume ?
Le regard porte au loin, dans ces teintes vermeil,
Qui oscillent au gré des rafales de vent
Paysage étonnant de nature en sommeil
Après un orage au bruit assourdissant
La lune se montre dans sa robe rosâtre
Se baigne, insolente, la belle, dans la mare,
Je caresse, d'une main, le balcon d'albâtre
Au loin s'entend que recommence la bagarre
La pause n'aura duré que quelques minutes,
Rien qu'un petit espoir dans ce monde de brutes,
Si quelqu'un, tout là-haut, entendait mes prières
Que cessent les combats pour la paix sur la Terre