Tels des voyageurs isolés par le temps

Tels des voyageurs isolés par le temps

Dans ces châteaux, où à chaque heure
S’obscurcit le jour et tombe la nuit noire,
Dans ces citadelles où les âmes altières
Se réunissent sans interroger l’histoire,
On scelle le sort de l’humanité entière
Entre les pages des vieux grimoires.

Dans les mains des maîtres scintillent
Les glaives, à l’infini se perd le jour,
Le sang bouillonne, les esprits pétillent
Devant l’horizon qui recule toujours,
On sent qu’en nous le mal sourcille
Et le cercle d’initiés devient sourd.

Tels des voyageurs isolés par le temps
Sous un ciel gris, où pâlissent les astres,
Les peuples se livrent au déchaînement
Des tempêtes ; ils écoutent en désastre
Les discours ressemblant à des aboiements
Qui éveillent autour d’eux les monstres.

Dans ce monde mystérieux et insensé,
Où, on se prend pour un dieu vainqueur,
La vie reste une aventure sans succès
Dans l’espace d’un sort moqueur,
Qui nous laisse sans arrêt penser
À un coup fatal venant tel un voleur.

Dad Allaoua