Il murmure à sa peau

C’est le tout premier poème que j’ai écrit sur ce thème.
Il remonte à 2009 et j’avais spontanément imaginé un jeu de sons en /o/ et en /or/ pour en parler, afin d’exprimer toutes les sensations d’or et de cadeau que ce geste m’inspirait. Je voulais donner à la rime le goût de la peau qui se découvre, parce que ce sont à mes yeux des sonorités très propices à l’aurore, aux commencements.

C’était aussi le moyen que j’avais trouvé pour humaniser une scène qui n’avait aucune intention pornographique : au contraire, je voulais la rendre belle, accessible et douce – tout en faisant écho à ce qui me traversait, c’est-à-dire aux sensations exquises de plaisirs et d’interdits qui envahissent le cœur et l’esprit quand on ose envisager pour la première fois un rapport sexuel avec la bouche.

J’étais très amoureux d’une amie à l’époque. Elle était plus jeune que moi, et je désirais d’autant plus l’aborder comme une petite déesse. Ne surtout pas la brusquer. Je rêvais de la contempler nue, en m’agenouillant devant elle, en chuchotant très doucement sur son ventre, ses jambes. De fil en aiguille, j’ai commencé à imaginer que son sexe devait ressembler à une petite bouche étroite, humide, et sûrement très sucrée. J’avais de plus en plus envie de poser mes lèvres au-dessus, d’y goûter, et ça me paraissait tellement naturel que j’ai réalisé que je pourrais lui faire l’amour ainsi.

L’idée d’ôter sa tenue pour l’embrasser aussi intimement m’inspirait énormément d’adoration, et mon poème rend compte de ces instants, tels que je les imaginais, avec des papilles pleines d’or qui s’enfoncent sans effort, c’est-à-dire sans faire mal, sans déchirer ni brusquer. Les deux personnages se découvrent à l’aube, dans le prolongement d’un baiser, et je voulais vraiment que la toute première pénétration se déroule sans aucune douleur pour celle qui la ressent.

Sébastien.