Mon frère…
Deux mots magiques pour moi qui n’ai que des sœurs.
Mon frère… J’ai murmuré si souvent ce que d’autres…
Et j’ai crié, aussi, au ciel, à l’injustice !
Sale frère ! Où étais tu quand je tremblais de peur ?
Quand les autres, moqueurs, souhaitaient que je me vautre ?
Quand, pleurant, je cherchais tes bras, ton cœur complice ?
Mon frère…
Le sucre de ces mots me fait encor frémir
Bien après que la vie m’ait appris le courage.
Moi, je ne voulais pas être forte et vaillante.
Moi, je voulais un frère à aimer sans partage.
Un morveux petit frère, et paraître brillante,
Un adorable frère pour m’apprendre à rire.
Un frère qui dit « c’est moi » quand les parents se fâchent,
Un qui me tient la main pour traverser la route,
Un qui garde secrète ma première cuite,
Qui castagne des types avant qu’ils ne m’entachent,
Qui m’emmène avec lui, en camping au mois d’août,
Qui m’écoute, en râlant, mais sans prendre la fuite.
Si je ferme les yeux en y pensant très fort,
Si je prononce encore, à l’infini : Mon Frère…
Aurais-je alors un frère à serrer dans mes bras ?
Un que je comprendrais, sans parler, sans efforts ?
Que je pourrais aimer sans craindre de déplaire ?
Pour qui je tremblerais à chacun de ses pas ?
Il y a trop à dire en un simple poème.
Avoir un frère implique tant de sentiments,
D’émotions, d’histoires magnifiques, et pourtant…
Plus qu’en milliers de pages gravées de mon sang,
Je veux en quelques mots te dire simplement :
Frère de poésie, je t’ai choisi. Je t’aime.
(à Som, mon frère de poésie)