(celui-là aurait mieux sa place dans "humour", mais certaines choses pourraient peut-être heurter de trop jeunes oreilles, c'est pourquoi je le place ici).
Délirium !
C’est tout petit, chez moi, un petit nid douillet.
Mais c’est très grand, dedans, je m’y perds tout le temps.
Ce n’est pas que les pièces soient vastes, pourtant :
Elles se sont déguisées comme je m’ennuyais.
Du coup, quand je veux aller d’une pièce à l’autre,
Je ne sais jamais bien où je vais atterrir.
L’autre soir, fatiguée, voulant aller dormir,
J’entre dans une chambre que je pense nôtre…
Et me voilà couchée dans le lit baldaquin
D’un prince dont les bras m’enserrent tendrement !
Confuse, embarrassée, j’écarte le coquin
Et me sors de ce lit à peu près dignement.
Mais ce n’est pas fini, car encor’ ce matin,
Au petit déjeuner, je me suis attablée
Dans un lieu inconnu, bien que mignon tout plein !
Soudain à mes cotés, s’assit un sigisbée…
Et il me souriait comme si nous avions…
Mon dieu, que d’émotions ! J’en cessai de manger.
Comme quand ce garçon à l’obscure intention
M’avait saisi la taille et m’avait allongée !!
Si je veux profiter de ma bibliothèque,
Je trouve un inconnu, lisant dans mon fauteuil !
Si je vais au jardin respirer le cerfeuil,
Un apollon m’aborde, aussi beau qu’un dieu grec !
Et pire encore arrive à la salle de bain !
Que je sois sous la douche ou devant mon miroir,
Il y a toujours un homme, matin ou bien soir,
Pour s’y trouver tout nu, gaillard et libertin !
Ma gentille maison combat ma solitude,
Et je lui en serais, bien sûr, reconnaissante,
Si tous ces beaux éphèbes aux manières troublantes
N’avaient pas à ce point brouillé mes habitudes !
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