Aparté
Il est une légende qui court, au pays,
Mais depuis si longtemps qu'elle est presqu'oubliée…
Mais elle court toujours, et je l'ai rencontrée.
Sa nature est son nom, on l'appelle Aparté.
Son royaume est tapi dans un bosquet feuillé
Que petit à petit, les fleurs ont envahi.
On n'y pénètre pas en voulant y entrer.
Pas même par hasard, ou s'étant fourvoyé,
On ne sait pas qu'on vient, on se laisse emmener.
Au détour d'un sentier qui semble abandonné,
Une cascade vive à l'onde déployée
Cache un passage ouvert sur l'étrange contrée.
Au-delà des flots clairs que déverse une source,
On est en Aparté, à l'écart, bien caché.
Une bulle de monde, du monde oubliée,
Dans laquelle on refonde un autre sablier.
Un moment hors du temps, à l'horloge arraché,
Où l'on cesse d'errer, où l'on stoppe sa course.
Aparté ne connait ni devoir ni contrainte.
Elle accueille en son sein et ne demande rien.
On l'orne, on la rempli de tout ce qui nous manque
Dans cette vie saoulée des coups bas que l'on flanque.
On en ressort guéri, regonflé, aérien,
Plein d'envie, de désir et libéré des craintes.
Derrière la cascade du bosquet fleuri,
Au pays oublié des légendes contées,
Aparté vous attend si vous souffrez du joug
Étouffant de ces jours où plus rien ne se joue.
Elle est cocon de soie, tissé dans la bonté,
Où l'on se sent aimé, attendu et chéri.