Comment....
Comment traduire cette sensation, ce sentiment
De s’habiller d’un nuage, parler au souffle du vent
Faire l’amour à l’éclair, discuter avec le tonnerre
Vivre la sève d’un arbre, enfoncer ses racines dans la terre
Comment traduire ce que disent ces battements
Lorsque tu le vois pour la première fois s’élancer
Tout seul, sur ses quatre jambes, sur le sentier
La peur qui t’étreint à chaque craquement
Toi, petite fleur des champs, naissant dans une serre
Par simple compliment d’un artiste, d’un mécène
Qui te préfère en prison sous un soleil au néon
Plutôt qu’à la caresse du vent, là-bas sous l’horizon
Comment traduire ta prière, ton cri de désespoir
Toi, pauvre prisonnière, des règles du terroir
Je comprends ton cri d’amour pour ta terre lointaine
Mon cœur aussi est lourd loin de sa souveraine
Comment partager cet instant où les larmes se joignent
Aux perles de pluie dont le ciel nous inonde
Quand l’âme est en transit et l’esprit vagabonde
Entre ces mondes dont la raison nous éloigne
Se frotter à une montagne avec un ru torrentiel
Se disperser en milliers d’étincelles au soleil levant,
Se dorer au versant et se dissoudre en arc-en-ciel
Dés que s’en va plus loin le mauvais temps
Faire l’amour à la campagne comme une abeille qui butine
Et voir se lever l’aube austère sur un pré qui rumine
L’ancienne gloire d’une bataille qui le laissa en ruine
Au labour d’une mitraille que les soldats extermine
Fantômes éthérés prisonniers des limbes temporels
Chacun y va de son histoire, en fait un vrai roman
Chacun voulant se croire, aux yeux de tous, un immortel
Comment leur traduire qu’ils ne sont plus de ce temps ?
Voguer au gré de l’onde pour atteindre ce rivage
Où jeune, fraîche et belle Tu te mires dans l’eau
Avoir Ton charmant reflet qui se mêle à mon visage
Ressentir Ton existence jusque dans les fibres de la peau
Se fondre et culminer à l’essence ultime de l’âme
Là dans l’intime des flots tumultueux de Ton sang
Tout au fond de Toi cueillir ce précieux sésame
Qu’est le tourbillon amoureux de Tes sentiments
© Hami