Toutes les histoires irréelles pour tant d’entre nous m’ont été transmises par ma mémoire cellulaire.
Mon esprit se souvient des batailles, des luttes, des travaux dans les champs, des mains rugueuses, des champs de coton, des complaintes, des sourires de cet homme de couleur quand il a vu sa fille devenir libre, des cabarets où la musique était la seule délivrance des âmes, des indigènes quand ils ont du se battre pour leurs terres, des champs indiens qui évoquaient les esprits des anciens, des baignades de ces femmes nues pour la première fois et qui découvraient la sensation d’être, de celles qui ont enfantées dans la nature, des bruits des sabots de ces paysans qui étaient conditionnés à croire que leur seule existence était guidée par le dur labeur.
Je me souviens de tout.
Et ces femmes que l’on a prétendu être des sorcières n’étaient-elles pas en fait les femmes que nous sommes devenues aujourd’hui ?
Ne seraient-elles pas les pionnières de notre liberté ?
N’avaient-elles pas un savoir qui faisait peur aux hommes car ils ne savaient pas. Ils ne savaient rien.
Juger avec ignorance : le verdict est-il juste ?
Mes souvenirs sont anciens. Ils m’habitent et me transporte parfois dans des époques lointaines.
Oui, j’ai dansé en 1930
Oui, j’ai dansé en 1940
Mes ancêtres m’ont appris à me souvenir et ils m’ont transmis cette connaissance.
Je me laisse toute liberté à l’accepter aujourd’hui.
Ils ont été.
Je suis maintenant.
Madiris Clet