Comment passer pour quelqu'un d'intelligent.
a) Ne perdez pas votre temps à lire des livres intelligents, à voir des films pensés... Vous n'y comprendrez rien et ça vous déprimerait. Lisez plutôt des critiques intelligentes. Apprenez-les par coeur et changez quelques mots.
Exemple : « Ce film a la beauté désertique d'une douleur sans fin. » devient « Ce film a la beauté squelettique d'une couleur sans teint. ». Vous ne plagiez pas vraiment et vous gagnez en hermétisme. L'hermétisme est le secret de ce troisième exercice. Quand vous dites des conneries, dites des conneries incompréhensibles. Les cons les prendront pour des finesses qu'ils ne comprennent pas et, double avantage, les gens intelligents se sentiront cons.
b) Ne faites jamais de citations. Ça fait très con. Appropriez-vous les carrément. Mais attention, ne faites pas le con ! N'utilisez pas des citations trop connues. Si un autre con vous dit : « C'est de toi ça ? », ne prenez pas l'air confus. Ne doutez pas de vous. Votre connerie native vous y aidera.
Voilà. Maintenant, vous passez à peu de frais pour quelqu'un d'intelligent. Méfiez-vous ! Des gens intelligents vont venir vous poser des questions intelligentes. Vous allez être con pour y répondre. Comment faire ? Renvoyez la balle : « Pourquoi me poses-tu cette question ? ». Quand vous ne pouvez plus la renvoyer, affrontez l'adversaire. Utilisez les quelques célèbres formules qui répondront pour vous : par ordre chronologique :
- « Tu vois ce que je veux dire... » (la formule qui sauve)
- « Il me semble que tu limites le problème... » (l'autre a l'air con)
- « Tu crois vraiment ce que tu dis ? » (l'autre a l'air hypocrite)
- « C'est tout ce que tu trouves à dire, ben merde ! » (l'autre a l'air limité)
- « Tais-toi, tu m'atterres. » (l'autre a l'air très con)
S'il se tait, vous avez gagné.
Ultime traquenard : la tentation de l'intelligence véritable.
Attention ! Ne tombez pas dans ce panneau démoniaque ! Les gens intelligents sont malheureux. Ils ont compris qu'on était là pour vieillir et crever. Avant, il n'y a rien, après non plus, et pendant, on en chie. Comprendre, c'est perdre les avantages du con. C'est connaître le doute, la solitude, la marginalité odieuse, l'insomnie, l'angoisse, les battements de coeur, la souffrance. Et tout ça pour rien puisque vous serez toujours un con. Surtout, ne changez pas. Soyez assez intelligents pour rester cons. Et longue vie
source : http://angst.canalblog.com/archives/phrases_philosophiques/index.html