Le marais de la suicidée
Sur la lande, se pare, la brume, de leur spectrale apparence
Dans le ciel, la blanche lune, commence sa ronde éternelle
Sous la voûte d'étoiles, l'amoureux joue sa ritournelle
Les âmes des trepassés, dans la plaine, entament la danse
L'obscurité s'illumine de milliers d'étincelles
Marchant au pas des tambours d'autrefois
Avancent, dans le noir, les dépouilles mortelles
Des anciens chevaliers de la nouvelle foi
Le son d'un cor résonne au loin qui les appelle
Comme résonnerait un lancinant cri d'amour
Comme la triste complainte d'un troubadour
Qui, ce soir, se sent seul, loin de sa belle
Doucement les ombres, dans la nuit, se meuvent, muettes
Vers cet horizon lointain qu'elles n'atteindront jamais
Leur marche silencieuse sinistrement se reflète
Dans l'eau sombre et placide d'un petit marais
Ainsi, confondus à la lune, dansent les guerriers de jadis
Sur les flots que le brouillard embrume de son manteau épais
Parmi ces nénuphars qui font de stèle aux ombres du passé
Flottent hagards, misérables, quelques pauvres amarillys
Sous la noire onde froide repose
Celle pour qui son coeur battait
Ce soir, l'ancienne armée glorieuse
Rappelle l'anniversaire du décès
Le baladin est d'esprit morose
Son coeur est aux regrets
Coulent des larmes et une rose
Sa Belle, il aimait