Ils étaient quarante.....
N'aie pas d'inquiétudes, pour moi, chère amie,*
Loin de leurs turpitudes, cette nuit, tu t'enfouis,
En toute quiétude, nous tuerons ces ennemis
Qui n'ont pas grand respect pour nos us, pour nos vies
Armés de grandes croix et de véritables pieux,
S'en vont, en guerre, ces misérables gueux,
Contre grands seigneurs des temps anciens,
Faut les croire, pour ce faire, pas malins
Comment peuvent-ils voir dans le noir
Que leur impose leur limité savoir
Comment pourraient-ils imaginer
La puissance innée de l'immortalité
Que de loques humaines ce cortège se compose
Que de morts vivants, triste assemblée,
Ne connaissant que la haine dont ils disposent
Á l'aube, sur leurs piques, leur tête sera dressée
Ainsi un peu de bois fera un excellent travail
Dans ces cerveaux rabougris par leur credo
Lorsque du cercueil j'ouvrirai le lourd vantail
Ils verront l'horreur que provoquent leurs maux
Dans le noir du ciel, s'avance l'opalescente amie,
Dans le coeur de l'humain se réveillent peurs et envies
Les anciens démons hantent toujours la nuit
Quarante "sans-raison" y laisseront leurs vies
Quarante humains animés de foi
Creusent un trou pour le vampire
Quarante humains sont armés de bois
Mais encore faut-il pouvoir le cueillir
Dans l'épaisse brume grise d’une aube froide de décembre,
Tels des anges de pierre sur une grande stèle de marbre,
Quarante corbeaux noirs sur une belle terre blanche,
Autour d’un grand trou noir pour cercueil bien étanche.
Mais le trou est béant car le saigneur est ailleurs
Sur terre consacrée, il n'est rien de meilleur
Que d'enterrer une armée de vils et pitoyables gueux,
Munis de grandes croix et quarante misérables pieux
Ainsi, sur terre blanche, bénie, dans l'aube froide
Revit de sa revanche, honnie, la noblesse hongroise
Bafouée, depuis le temps où tomba leur empire.
Quarante ? Ce n'est pas assez pour un seul vampire !
* : la lune