La rue grossit repue
de tous ceux qu'elle ingère
les sans-abri vaincus
par la grande misère.
Au début elle t'offre
un coin pour t'abriter,
un carton, un vieux coffre,
un banc ou la chaussée.
Mais petit à petit
tu perds ton existence
elle te prend, t'épie
tu es sa subsistance.
Alors tu n'en veux plus
tu la hais, la rejette,
mais tu t'es trop perdu
dans cette vie défaite.
Tu finiras ici
sur ces quelques pavés
où tu te rabougris
jusqu'au dernier degré.
Ne resteront alors
que quelques tâches sombres
qu'un autre sans bonheur
couvrira de son ombre.
La rue s'étend gonflée
de tous ceux qu'elle isole
dernier lit des paumés
avant d'être linceul.
Vik