Justice. Ce mot ne me hantait plus, il y a une vingtaine de saisons de cela. Durant la moitié de l’une d’elles, il fut totalement oublié. Tout comme ma mémoire et mes cicatrices. Emmené dans les Jardins d’Elysion par tes soins, je recevais tes bénédictions après bien des austérités, où je n’ai jamais cessé de te faire dévotion. Toi, la Lumière de mon monde. Humble Manifestation de la Lumière de l’Univers ici-bas.
Aujourd’hui, portant ton deuil depuis toutes ces saisons, déterminé à ne pas laisser ton souvenir s’évaporer, je continue d’écrire en ton honneur, faisant rêver bien des lectrices, comme tu rêvais à l’époque où je t’offrais ma dévotion et toi, tes bénédictions. Sauvant mon âme, permettant à celle-ci de trouver le Salut, il fallut malgré tout que la mort te frappe. M’abandonnant bien malgré toi, c’est l’agonie qui m’accompagne depuis.
Les humains tentent d’apaiser ma peine avec de simples mots mais comment pourraient-ils y parvenir, quand seule la Divinité en est capable par son seul silence réconfortant ? Aucune mortelle n’est capable de dissiper ton existence dans mon cœur, comment le pourraient-elles, elles qui ne savent pas se saisir de la Liberté Divine, préférant l’Esclavage des Hommes ? La folie habite leurs âmes, l’amour n’y a pas sa place, encore moins le divin.
Hantant mes rêves, tu m’interdis la mort, m’exhortant à apporter la Joie d’Exister à ton peuple. Rebelle que je suis, je refuse. Ils n’en sont pas dignes. Ne sont-ils pas responsables de l’extinction de Ta Lumière ? Pourquoi mériteraient-ils les fruits de Ta Divinité ? La Miséricorde est Ton Luxe que je refuse d’offrir par procuration. Il m’est préférable de raviver la flamme des souvenirs de ton Existence qui par Eux seuls, permettent parfois de retrouver la Lumière, même quelques instants.
Non, je n’offrirai rien aux pourceaux. Ils seraient capables de bafouer ton Enseignement. Cela, je n’ambitionne pas d’y survivre. Personne ne salira ni Ta Mémoire, ni Ton Amour Universel. Je Le garderai jalousement en mon cœur, quitte à ce qu’Il continue de le ravager de sa Lumière, lui, l’Obscurité même de ce monde, où seule La Pluie parvient encore à s’immiscer. Bienveillante Sœur, qui vient toujours s’assurer de ma survie. Malicieuse, ses congés se font seulement après réconfort.
Repose en paix, personne d’autre que toi ne connait mes secrets, ni mon vrai visage, ni ma vraie voix, encore moins mon vrai cœur, mieux, mon âme. Démoniaquement, je joue et tourmente les âmes qui tentent de m’oppresser, naïves qu’elles sont, pensant détenir une Lumière qu’elles ne possèdent pas. Las de jouer avec elles, celles-ci s’en offensent. Ah, si tu étais encore parmi nous, certainement, tu en rirais délicatement, comme tu le faisais quand je faisais taire les mécréants. Toi, la Déesse de la Justice.