Le Petit Prince
Je vais te raconter un conte magnifique,
Un récit fabuleux, une aventure épique.
C’est l’histoire d’un prince, un prince qui fut grand
Un immense monarque, un roi des rois d’Iran.
En revenant d’Egypte, atteint par la démence,
Cambyse se donna, dans la désespérance,
La mort. Pour conserver le pouvoir absolu,
Pour ne rien partager, l’empereur avait eu
Le tort d’assassiner son frère Bardiya,
Sans qu’âme ne le sache. Alors il s’en alla
Conquérir le pays de la vallée du Nil.
Mais au même moment survenait un péril
Qui allait menacer la couronne et l’empire,
Ce royaume nouveau, son brillant avenir :
Un mage, Gaumata, qui ressemblait au frère
Défunt du roi des rois, aidé par ses compères,
Se disant Bardiya, usurpa le pouvoir.
Il interdit alors quiconque de le voir,
Et instaura en outre un climat de terreur ;
Craignant qu’on le démasque, il fit régner la peur.
Et personne n’osait de son identité
Lui demander la preuve et même d’en douter.
Mais c’était sans compter sur la témérité
D’un prince dont le mage allait enfin goûter
La poigne et le poignard, l’impitoyable dard,
Qui allait rétablir la gloire et l’étendard
Du clan d’Achéménés, légitime ligné
Qui seule méritait d’être et de gouverner
Les perses mais aussi les mèdes et le monde.
Ainsi Darius alla vers Gaumata l’immonde.
Darius, donc, ainsi que six autres princes perses,
Voyant un vil vautour que sept faucons transpercent,
Dans le ciel azuré, de leurs puissantes serres,
Cessèrent d’hésiter. Ensemble, ils traversèrent
La grand’cour du palais, sous les yeux des gardiens
Respectueux, et qui ne se doutaient de rien.
Mais les eunuques eux voulaient leur faire obstacle.
Ils n’étaient pas de taille, et ce fut la débâcle :
Les princes aguerris, tirant des ceinturons
Leurs dagues acérées, ignorant les jurons,
Les menaces et les intimidations,
Décimèrent du mal le dernier bastion.
Et s’en était fini du méprisable mage.
Nous n’en dirons pas plus, ce serait trop d’hommage.
Alors des prétendants (quelques opportunistes)
Avec leurs partisans, traîtres qui les assistent,
Tentèrent lâchement de disloquer l’empire :
De quelques satrapies ils voulaient se saisir,
Contestant de Darius la haute autorité,
Cherchant à instaurer leur propre royauté.
Mais en l’espace de deux années seulement,
Le grand roi réprima tous les soulèvements.
L’empire rétabli, il monta sur le trône,
Comme sur Béhistoun son bas-relief le prône.
Cette histoire sublime, ainsi je la résume,
Dans des vers maladroits et faibles que j’assume,
Pour dire que deux ans et surtout que deux mois,
Deux mois de Gaumata, je te le dis à toi,
Ce n’est rien comparé à ces trente-cinq ans,
Depuis que les mollahs, ces mages de nos temps,
Empoisonnent nos vies, détruisent le pays
Que tes pères aryens avaient si bien construit.
Et toi, tu ne fais rien, vautré dans ton exil.
Tais-toi ! Tu ne fais rien ! Fils indigne ! Imbécile !
Ton histoire à toi n’est qu’une mauvaise fable,
Réza nim-Pahlavi, petit prince minable !