Regarde sur ma peau ce dessin magnifique ;
Ces formes, ces couleurs, cette fresque magique,
Qui raconte une histoire, une histoire splendide,
Un récit fabuleux que les pierres valident.
Regarde ce grand roi, sa couronne d’Egypte
Sur deux cornes posée qu’un archange décrypte.
Le lapis-lazuli, qui incrusté dans l’or
Fait avec les saphirs que son éclat ressort.
Regarde dans son dos quatre ailes déployées
Majestueusement : C’est du Ciel l’envoyé !
Ce bas-relief meurtri que mon pinceau restaure ;
Je disais moi aussi : Roi ! paisiblement, dors !
Et cet autre, aussi grand, terrassant le démon,
Le symbole du mal, à queue de scorpion.
Souviens-toi dans le ciel, les sept princes faucons
Pourchassant le vautour qui portait un faux nom.
Aussi le défilé des dix mille immortels,
Tout ces vaillants guerriers : une histoire éternelle !
Mais tu ne peux rien voir : c’est le côté morbide
(Le Ciel est dédaigneux, la destinée sordide)
Car cette fresque en fait, ne couvre pas ma peau ;
Moi seul je peux la voir qui ronge mon cerveau.
Naïf, je l’ai gravée sous ma chair, dans mes os.
Et j’agonise encor, poignardé dans le dos.
Les images alors fondent et se déforment.
Du bien, de la grandeur, les contours se transforment.
La beauté est bannie, faites place à l’horreur.
Un tragique tableau dépeint avec fureur
L’ampleur de mon désarroi.
Les anges sont tombés, les démons sont vainqueurs ;
Les serpents, les dragons me dévorent le cœur.
Vois la pourpre céder au sang de mes entailles
Et le feu de l’enfer me brûler les entrailles.
La vie qui se répète et qui n’en finit pas ;
Le tourbillon des jours refuse le trépas.
Tragi-comique fin la chute du faucon.
Pour t’évader un jour du labyrinthe abscons,
Dans le vide écœurant, bats des ailes pigeon !
............................. roi.