Pourquoi lui chantes-tu de si belles chansons?
Es-tu son prisonnier, payes-tu ta rançon?
Chante pour moi; c'est moi qui souffre et non pas lui:
Ta musique est mon vin, tu es mon échanson.
Chante pour moi, c'est moi qui souffre et non pas lui;
Je souffre du matin jusques après la nuit.
Déverse sur mon coeur tes consolations :
Ta baguette magique éteint ce qui m'ennuie.
Déverse sur mon coeur tes consolations;
Je suis un exilé, bien loin de mon Sion.
Garde tes mélodies, mais change ta chanson :
Chante mes mots, mes maux, mes lamentations.
Garde tes mélodies, mais change ta chanson.
Nous sommes des amis -viens! ensemble dansons!-
Lui, l'ennemi commun : rejetons le mensonge!
Vers la vérité, toi et moi, nous avançons.
Rejette l'infamie! Rejetons le mensonge
Qui nous suce le sang : sangsue! ignoble éponge!
Plonge-moi dans la joie pour les jours qui me restent,
Et débarrasse-moi de ce mal qui me ronge.
Plonge-moi dans la joie pour les jours qui me restent :
Je ne veux plus choisir ni choléra, ni peste ;
Je voudrais me noyer dans la béatitude,
M'envoler loin de tous ces démons qui m'infestent.
Je voudrai me noyer dans la béatitude.
Je ne supporte plus cette existence rude :
Que de plaies infectées que toujours nous pansons...
Mais je vois devant moi l'obscur destin de Jude.
Que de plaisirs frustrés que toujours nous pansons,
Que d'idées avortées auxquelles nous pensons.
Mais tu chantes pour lui, jusques à l'infini.
Je n'écouterai plus cette belle chanson.