Lâcher de taureaux

Jour de fête à Calvisson, en Camargue. En fin d'après-midi, après les grosses chaleurs, un lâcher de taureaux sera le clou du spectacle.
Tout le monde se presse autour de la place et dans les rues adjacentes .
Les hauts-parleurs hurlent les consignes de sécurité. Les plus prudents se dirigent derrière les barrières, les plus audacieux restent crânement, décidés à affronter les risques de coups de corne ou de sabot.


Sur la droite (on ne le voit pas sur la photo,) un énorme camion retient les taureaux. Deux hommes perchés sur le toit, attendent le signal pour les lâcher. D'abord un par un , puis deux par deux, puis, à l'ancienne, quatre à la fois.
Un coup de canon donne le départ.

Personne n'a réussi à vaincre le premier taureau. Il retourne au camion.



Un gardian surveille que tout se passe bien



Juchée sur un banc, je mitraille les jeunes qui courent après le pauvre taureau. Beaucoup portent le maillot orange orné de la croix de Camargue
(Maintenant je sais la reconnaître, merci , Gardian)

Le gardian prend un peu la pose!


Les gardians courent autour du taureau. Ah! Tout de même, un vrai gardian, avec son chapeau !


admirez la beauté des chevaux



un jeune a réussi a "dompter" l'animal tout le monde le félicite

Tout le monde mitraille l'exploit!
Admirez la beauté du taureau... Et remarquez que ses cornes sont coupées. (Il paraît que ça ne leur fait pas plus mal que de se couper les cheveux !)



Les gardians interviennent pour le ramener au camion.
(En fait, il va repartir en sens inverse... ravi de son petit succès? )




allez c'est fini, pour toi!



Dernière sortie. je n'ai pas réussi à prendre les 4 taureaux en même temps ! dommage ! La fête se termine, un dernier coup de canon et tout le monde reprend le chemin de la maison... ou du bal!

Pour nous, ce sera la ruée vers le manège où les petits ont bien gagner de s'envoler un peu, ils ont été très sages !

Myrrha

Super Myrrha, les photos et les explications...

Très jolies photos, chère Myrrha-El, gramaci de nous les faire partager.

Le "gros camion", chez nous on dit le char.

Et le lâcher de biou, c'est une abrivado. Avant, quand on déplaçait les bêtes, sans les chars, les jeunes des villages essayaient de détourner des bêtes pour s'en amuser. On établissait les itinéraires en grand secret, on bourrait les cloches des dondaïre (taureaux meneurs) de chiffons et ça se faisait nuitamment. Mais il y a vait souvent des fuites et le troupeau était attendu. Alors le pelot ordonnait "Abrivan !" (accélérons) et on mettait la manade au galop.

Les cornes du biou ne sont pas coupées, ma belle : elles sont couvertes de protections en cuir, pour éviter aux imprudents le "suppositoire camarguais" (besoin d'un dessin ?) Pour les courses, ils sont aussi parfois "emboulés", c'est à dire qu'on fixe sur leur cornes des boules de métal pour éviter de se faire embrocher. Quand n'emboule pas, on dit que la courses est "en pointes".

Les jeunes qui essaient de détourner les taureaux, on les appelle des "attrapaïres".

Le chapeau ne fait pas le gardian, mais il lui donne une certaine allure. "Il pose un peu..." Ben oui, on est beau, on le montre !

En fait, selon les villages, les fêtes portaient des noms différents: abrivado, bandido, ou simplement ferrade.
Mais c'est chaque fois l'occasion d'une fête!
Je n'ai pu assister à la ferrade de Vergèze qui avait lieu après mon départ, mais j'ai admiré cette coutume qui veut que les habitations soient "marquées" d'un signe différent chaque année. Des sortes de "tags" (j'ai oublié de les photographier) qui représentent soit un taureau, soit la croix camargaise, soit un autre symbole local.

Mais comme j'ai déjà vu ferrer des chevaux, je me dis qu'il ne doit pas y avoir tant de différence !!!

Myrrha

Ce n'est pas une question d'endroit où ça se passe, ma belle. Une abrivado, c'est mener les biou du char aux arènes.

La bandido, c'est faire le chemin inverse. Pour le retour, il arrive souvent qu'on ramène les bêtes une à une, encadrée par deux gardians.

Et la ferrade, ça n'a rien à voir avec ferrer les chevaux, c'est le marquage au fer des anoubles (les taurillons de l'année, mais on marque aussi les chevaux) au chiffre du manadier naisseur, en même temps on leur fait l'escoussure (une marque taillée dans l'oreille), chaque manade a la sienne, comme ça de loin, on sait tout de suite à qui appartient la bête. On trie les bêtes, on sépare celles qui doivent être marquées, on les envoie une à une vers les attrapaïre, le biou est renversé, on le maintient et on le marque.

Votre serviteur attendant que les fers (pas à friser, je vous assure) soient chauds. Avec le chapeau, que nous on dit valergue.

Alors, j'ai vraiment raté quelque chose !
Mais je crains que ce ne soit pas une partie de plaisir pour les pauvres taurillons!
Même s'il faut bien les reconnaître...

Myrrha

Cette tradition est notamment reprise dans le film "La folie des Grandeurs", avec de Funès, juste après que Blaze ait refusé de manger son gâteau empoisonné.

Sauf que je faisais juste une comparaison aussi...

Je suis sûre que si je vois une corrida, je meurs ! Un lâcher de taureaux, je dois pouvoir survivre !

Oh! oui, ça n'a vraiment rien à voir! Même si un gamin se suspend à la queue du taureau, il ne lui fait pas bien mal!

La corrida, malgré les flonflons et les habits de lumière, c'est pour moi insupportable. Même si je sais qu'il en existe sans mise à mort.

Mais beaucoup de gens trouvent encore ça très beau.
Pas moi.

Myrrha

N'empêche qu'on se leurre : on critique volontiers les cruelles corridas des cruels espagnols, mais on oublie volontiers les conditions d’abattages chez soi.

Je peux critiquer en toute quiétude : je suis végétarienne... Jamais je ne mangerai un animal qu'on a fait grandir pour l'abattre !

Marguerite Yourcenar : "Je ne veux pas digérer une agonie".

Mais ça n'engage que moi !!!

Bonsoir Sébastien.

Erzy : je ne défends pas la corrida. Juste un point de vue selon lequel je pense que les choses n'ont pas de raison de changer ailleurs si on ne commence par les changer chez soi.

Je suis habitué par exemple à voir des gens s’indigner de la façon dont on broie vivant des jeunes poussins jugés malades ou difformes. Et le lendemain, qu'est-ce qu'ils font ? Ils mangent du poulet ! Des fois je déduis que l'être humain est humain le temps d'un JT ou d'un reportage. Soit environ 30 minutes par jour.

C'est vrai qu'il a fallu que je connaisse Gardian et qu'il nous explique la différence entre les courses camarguaises et la féria ou la corrida pour que j'apprenne qu'en Camargue, on ne met pas ces bêtes à mort.

Tout juste. En course camarguaise, le biou ne reste que 15 minutes en piste. Après, il sort, même s'il a encore tous ses attributs (cocarde, ficelles, glands, le tout fixé entre et sur les cornes).

Les "tourneurs", qui sont là pour attirer le taureau et le faire mettre en bonne position pour le raseteur (qui doit enlever les attributs avec un crochet) ne doivent pas toucher physiquement le biou. Et dans les cocardiers, il y en a qui prennent tellement goût à poursuivre les raseteurs, qu'ils refusent de sortir de l'arène. On doit leur envoyer le simbèu (taureau portant sonnaille qui accompagne les cocardiers pour les faire rentrer) ou même il arrive que des gardians doivent aller rechercher leur bête, à cheval.

Alors ceux qui viennent dire qu'on les tourmente et qu'on les épuise : museau !

Pour la viande, en Camargue, il y a les bêtes pour les courses et celles pour la viande. Il le faut bien. D'ailleurs, la viande de taureau de Camargue est AOC. Mais pour ma part, je n'ai jamais pu manger d'une bête que j'avais élevée. Mon pelot me traitait de couillon, ça ne m'a jamais empêché d'aller prendre ma viande chez le boucher. Même si un quartier à congeler lm'aurait coûté moins cher : il me serait resté dans la gorge.

GARDIAN a écrit:

Pour la viande, en Camargue, il y a les bêtes pour les courses et celles pour la viande. Il le faut bien. D'ailleurs, la viande de taureau de Camargue est AOC. Mais pour ma part, je n'ai jamais pu manger d'une bête que j'avais élevée. Mon pelot me traitait de couillon, ça ne m'a jamais empêché d'aller prendre ma viande chez le boucher. Même si un quartier à congeler lm'aurait coûté moins cher : il me serait resté dans la gorge.

On n'est pas cannibales: on touche pas à nos "gamins"...