Retour d'Issos
Alexandre est rentré, j'ai entendu l'écho.
Les trompettes au son clair ont entonné son hymne.
Il est encore vainqueur, mon cœur a aussitôt
Bondit dans ma poitrine. La nuit sera divine!
Ses semaines d'absence m'ont été torture.
Il fut si difficile d'entrer dans son lit,
Mais j'ai bien su m'y prendre, il a été conquis,
Lui, le fier conquérant, force de la nature.
Le pouvoir est pesant à de jeunes épaules,
Même quand on est Grand comme l'est Alexandre!
Il a besoin de moi, et je connais mon rôle.
Il abandonne en moi ce qu'il ne peut défendre.
Une simple servante n'a pas à connaître,
De la politique, les pernicieux débats,
Mais pour mon empereur, je suis la plus discrète ;
Une oreille muette après nos doux ébats.
De nouveau nos soldats vont fêter la victoire.
Car cette fois encore, l’armée macédonienne
A terrassé Darius et remporté la gloire !
C’est le corps d’Alexandre qui sera la mienne.
Je panserai les plaies récoltées au combat,
Puis j’enduirai sa peau d’une huile parfumée,
Je masserai longtemps ses muscles fatigués,
Puis nous ferons l’amour comme un soir de sabbat.
Je sais qu’un jour, peut-être, il ne reviendra pas.
Je sais qu’un jour, c’est sûr, il se mariera.
Quand on est empereur, on est libre de rien,
Mais la guerre est maîtresse, et c’est son pire lien.
Mais voilà que j’entends ses pas devant la porte.
Oui, il est enfin là, ce soir il m’appartient,
Pour une heure, une nuit, pour le temps qu’il m’apporte.
L’empire est tout à lui, mais l’empereur est mien.
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