Tandis qu’elle œuvre aux frissons du matin
Agenouillés sur un drap de lumière,
N’aimant que l’air empreint de son odeur ;
Chacun se tresse à l’Autre avec candeur
Et ma bouche oint ses cheveux la première…
L’aube illumine aussitôt les chemins
Quittant son front, ses boucles de cannelle,
S’émerveillant, puis tout mon être anhèle
En maintenant sa tête entre les mains…
Je l’attendris, car elle hésite encore
Et je commence à baisser son peignoir,
À l’appuyer sur un oreiller noir
Où je l’embrasse au rythme de l’aurore…
Nos lèvres font l’amour en s’ajustant
Si doucement que j’introduis la langue
Au point que son visage, hébété, tangue ;
Qu’elle chancelle et vibre en s’alitant !
De l’or éclot parmi ses petits seins
Jusqu’aux vallons de la nuit contenue ;
Alors elle ôte en secret sa tenue
Et puis ses doigts s’agrippent aux coussins…
Nu, je rougis devant son corps humide
Devant son sexe affranchi du satin ;
Tandis qu’elle œuvre aux frissons du matin,
Genoux serrés, jambes en pyramide…
Puis l’édifice est défait dans la couche ;
Le détroit geint tendrement sous ma bouche ;
Au début sa peau grimace et pâlit
Sans se soustraire à la neige du lit…
Ensuite, elle erre à de longs crescendos
Tout en hissant l’embrassade à mon dos :
Ses jambes s’y rejoignent avec joie
Et la nuit fond sous leurs hoquets de soie…